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Dans leur grande majorité, les internautes nous contactent pour se confier. Depuis quelques jours nous avons mis en place des conversations Skype, sur rendez-vous, pour ceux qui ont envie de parler. Ils n'oseraient pas le faire par téléphone, par écrit c'est plus simple, anonyme derrière son ordinateur. En général, du moins c'est l'impression que j'en ai, ce sont des adolescents qui ont envie de discuter. C'est un peu normal, beaucoup sont seuls face à l'éveil de la sexualité et ne peuvent pas en parler autour d'eux.

« Qu'est-ce qui t'amène ? »

« Je crois que je suis accro. »

« À quoi ? »

« Aux films pornographiques. »

« Tu en regardes beaucoup ? »

« Tout mon temps libre est consacré à ça. Je ne peux pas m'en passer. Je me suis coupé de mes amis, je reste seul dans ma chambre et je ne fais que regarder des pornos. »

Une addiction qui s'est développée en même temps qu'Internet puisque sur le réseau on trouve des millions de vidéos.

« Dans mes favoris j'en ai des centaines. »

« Qu'est-ce qui te gêne ? »

« J'ai plus du tout de vie sociale. »

Là il me semble être avec un adolescent, mais j'ai déjà eu ce type de conversation avec un adulte. Il était tellement accro aux pornos qu'il en a perdu son travail. Il en regardait dans son bureau, au lieu de bosser.

« Tu as déjà eu du sexe dans la vraie vie ? »

« Non, les filles me font peur. »

La mise en place de ces espaces de discussion via Skype me semblait une bonne idée. Mais je me retrouve quand même avec des hommes qui ont des problèmes et je ne suis pas psychiatre. Je tente de les aider, je ne sais pas si c'est toujours la bonne solution.

« On va essayer quelque chose. Je vais te demander de ne pas regarder de porno pendant vingt-quatre heures. »

« Je ne peux pas. »

« Si, je t'assure. Je ne dis pas que tu dois arrêter la masturbation. Juste ne pas regarder de vidéos. »

« Je ne m'en sens pas capable. »

« Débranche la boxe Internet. Si tu sens que tu craques, tu m'appelles. »

Exceptionnellement je donne mon numéro de téléphone. C'est risqué, mais j'ai vraiment envie d'aider les gens. Ce garçon va m'appeler plus d'une vingtaine de fois. Je dois le rassurer, l'encourager à tenir. Je ne crois pas être accro aux pornos, j'aime les regarder mais je peux m'en passer pendant un moment. Lui a l'air d'en souffrir.

« Tout ne va pas se résoudre en une journée, il faut que tu trouves d'autres activités. »

« Comme quoi ? »

« Passe une soirée avec tes potes. Juste pour discuter. »

« Je vais essayer. »

Comme dit, je ne suis pas certain d'utiliser la bonne méthode. Pour les pornos, je peux encore aider, je crois, mais l'addiction à la masturbation, j'ai plus de mal à raisonner les hommes qui en souffrent, parce que je ne vois pas vraiment le problème.

– T'es excité, mec.

Mon roommate aussi. Il est également sur Skype, comme pour le site je m'occupe de la partie française et lui des Américains, ou du moins ceux qui parlent anglais.

– Ouais, j'imagine ce type se palucher en permanence devant un porno.

– Le prochain rendez-vous Skype est dans dix minutes.

– Faut faire vite.

Nous savons quand même encore nous masturber en un temps record. C'est moins agréable, mais parfois il le faut, juste pour nous calmer.

RoommateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant