Terreur Lunaire - Livre 1 - Vers le Cœur Arkhale

XIII - Le Maître de la Forêt - Partie 1

02 février 1875 — Forêt Noire — Ganymède

  Un rugissement terrible sortit Lunera de sa torpeur. Son sang se glaça dans ses veines. Saisie par de violents tremblements, elle se retourna. Ses pires craintes se confirmèrent.

Une trentaine de Blambourinos-Nocterus, ces infâmes monstres du diable la lorgnaient en silence. Ils étaient tous semblables, à un ou deux détails près. Des bêtes quadrupèdes, aux écailles violettes et noires. Leurs volumineuses têtes en forme d'étoile ne cessaient de se ballotter légèrement de gauche à droite, comme un balancier. Leurs crochets acérés étaient d'un blanc éclatant, de même que leurs griffes meurtrières, n'attendant que de lacérer le visage de Lunera. Ils avaient des vibrisses aussi épaisses que des lianes, qui serpentaient dans l'air, comme un ophidien dans l'eau. Et leurs petits yeux, violets pour certains, verts pour d'autres, voyaient en elle un délicieux festin.

Celle-ci voulut crier mais ses cordes vocales étaient paralysées. Elle recula un peu, ils avancèrent. Lunera évita les mouvements brusques, pour ne pas s'attirer les foudres des bêtes.

Lentement, elle mit la main derrière sur son flanc, de sorte à saisir la Lame Jahanama. Lunera tâta doucement et la paume de sa main effleura le pommeau de son épée. Elle pressa le manche, souleva l'épée de quelques centimètres de là où elle était, du plus doucement qu'elle pouvait. Là, un Blambourinos hurla. Un hurlement strident à en vriller les tympans, semblable à un cri de guerre.

C'est maintenant ou jamais !

Se relevant immédiatement, elle cria à son tour tandis que les créatures chargeaient, leurs longues moustaches plus agitées que jamais :

— Protectda !

Un mur de lumière sépara Lunera des Blambourinos, qui se jetèrent tête la première dans le leurre sans avoir pu s'arrêter avant. Elle entendit plusieurs coups sourds, leurs gueules hargneuses heurtant le bouclier violemment. Sans même un regard en arrière, Lunera détala. La peur lui donnant des ailes, elle courut, toujours tout droit, en esquivant tous les arbres, roches, et autres éléments qui se mirent en travers de son chemin, jusqu'à qu'un point de côté ne l'empêche d'aller plus loin. Elle se cala quelques instants sur un tronc pour reprendre son souffle, avant de se redresser en sursaut.

— Quelle idiote ! Celeritas Maxima ! Gravija !

Parée de ses meilleurs sortilèges, elle poursuivit son chemin à une vitesse ahurissante. Lunera bénit le ciel, car à peine partie, les Blambourinos affluaient, refusant de laisser échapper leur dîner.

Lunera filait dans la légère brise nocturne, le coeur battant à toute allure. Elle s'arrêta brutalement à quelques mètres de ce qui semblait être un autel de bois violet. Dessus, un orbe jaune flottait tranquillement, bercé par le clair de lune.

Lunera annula ses charmes, et n'en croyant pas ces yeux, elle s'en approcha. L'autel en question était un tronc d'arbre coupé en deux, qui ne devait pas faire plus d'un mètre cinquante. Plus qu'un tronc grossièrement coupé, il s'agissait d'une sculpture de bois taillée avec finesse et grâce. Lunera reconnut tout de suite la marque de l'Âme Flavescente, dans cet ouvrage à la fois simple, et complexe en même temps. Sans plus attendre, elle s'empara de l'éclat jaune et accueillit avec joie la douce félicité.

Conquêtes

Dès lors, chaque soir, dès la première lueur de l'astre,