XV - Sibylline Sorcière - Partie 1

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04 février 1875 — Io

Les heures défilaient si lentement quand on traversait Io... Après s'être rassasiée devant un repas copieux, Lunera était montée sur le pont, histoire de prendre l'air. La jeune fille appréciait beaucoup, depuis qu'elle s'était enfuie du Palais une semaine plus tôt, regarder les différents paysages quand elle voyageait. Depuis toujours, les livres de sa maison lui peignaient un extérieur aux beautés mystiques, suscitant en elle une curiosité infinie.

Elle avait pu voir les vastes champs et villages de Yaqutane, la ville de Sultakara à l'architecture ancienne, les landes fleuries près de chez elle, les falaises verdoyantes de Viridis. Tant d'endroits merveilleux, un véritable délice pour ses yeux qui ne demandaient qu'à voir le monde. Toutes ces couleurs, ces formes, ces arbres, ces fleurs ! La monotonie d'Io l'agaçait au plus haut point, tant sa soif de découverte n'était pas assouvie. L'abject sécheresse du continent exacerbait cet ennui.

Qu'on en finisse, par pitié !

Défilant allègrement sous les flèches lumineuses du soleil, le Rubis Rouge laissait un sillage rougeoyant derrière lui. Bien vite, les premières côtes se dessinèrent. Lunera put observer les quelques nuages épars, ne survolant que l'océan, ne se plaçant jamais au-dessus de la terre maudite d'Io. La cime d'un mont aux roches abruptes et brunes se dessina. Au pied de la montagne, se creusait un canyon, assez étroit, ne permettant pas le passage d'un vaisseau aussi imposant que celui dérobé par Lunera. De là où elle était, la jeune fille voyait nettement une fente qui creusait la roche, semblable à ce qui s'apparenterait à l'entrée d'une grotte. Un seul chemin y conduisait, une grande allée qui descendait en pente.

Lunera fit atterrir le vaisseau à quelques minutes de marche du pic, ne voulant pas prendre le risque d'abîmer l'aéronef.

Enfin !

Inconnu Est demeurait la dernière étape avant de pouvoir quitter cet endroit abominable. Avant de descendre, Lunera veilla à dissimuler ses Slames, ne pouvant traîner les quatre épées constamment derrière elle. De même, elle s'assura de les lier à elle par un Charme de Liaison Infinie afin de toujours les avoir magiquement à portée de main. Elle n'avait qu'à appeler et ils viendront à elle.

Une fois le sentier traversé, Lunera arriva devant la caverne. La montagne qui lui semblait ridiculement petite depuis le Rubis Rouge, arborait maintenant une grandeur suprême, la toisant depuis les cieux avec des allures austères. L'aura même des lieux suintait la magie. Avec précaution, elle pénétra dans les obscurités insondables de la grotte. Il n'y avait qu'une unique galerie, étroite, allant toujours tout droit.

Après quelques pas hâtifs, Lunera arriva devant des escaliers, taillés dans la pierre, d'une droiture, et d'une régularité parfaite. Lunera descendit la première marche, quand soudain, la terre se mit à trembler.

— Ah ! s'écria-t-elle, prise de court.

Alarmée, elle recula, craignant d'être enseveli sous un éboulement mais ne parvint qu'à basculer en arrière, déséquilibrée par la marche. En grognant, Lunera se releva, tenta de s'agripper sur la paroi rocheuse et jeta un regard vers l'entrée. À son plus grand effroi, un bloc informe sortait du sol et montait vers le haut pour sceller le passage.

Pressons !

Lunera lâcha le pan pierreux et essaya de se diriger vers la porte. Le tremblement de terre n'aidait pas et elle faillit tomber plus d'une fois. Une fois suffisamment proche, la jeune fille bondit en hurlant :

Terreur Lunaire - Livre 1 - Vers le Cœur ArkhaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant