Toujours sous le choc, Isaline et ses voisins regardaient, incrédules, la directrice. Ils n'allaient pas tarder à s'ébrouer et à exiger des explications. D'ailleurs, certains commençaient à secouer la tête dans tous les sens, semblant chercher à sortir d'un sommeil impromptu. Le CPE fut le premier à réagir, il ouvrit la bouche et, aussitôt, madame Chauvin leva les mains devant elle dans un geste apaisant, comme pour prévenir toute manifestation d'hystérie. L'air parut s'alourdir autour d'Isaline. Tout devint sourd, moite, irrespirable. Une à une, les personnes présentes dans la pièce s'endormirent, s'allongeant à même le sol comme s'il n'y avait rien de plus normal que de faire une sieste en plein après-midi dans une salle de collège. Seule la jeune fille resta debout, totalement consciente de ce qui se passait devant elle.
- Isaline, l'interpella la directrice d'une voix très douce pour attirer son attention sans l'alerter, nous devons avoir une conversation maintenant. Va m'attendre dans mon bureau. Je m'occupe de tes amis. Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer pour eux. Ils n'auront aucun souvenir de cet incident lorsqu'ils se réveilleront. Maintenant, vas-y et surtout, attends-moi. Je vais t'expliquer. Rassure-toi, il n'y a rien d'anormal.
Rien d'anormal ? Deux unicoms venaient d'exploser sans raison avant d'atterrir en pièces directement dans la poubelle. Rien d'anormal ? Ajouter à ça, ses collègues qui venaient de se coucher pour dormir d'un sommeil qui n'avait rien de naturel ! Isaline hésita plusieurs secondes. Elle avait envie d'exiger immédiatement des explications à la directrice. Elle ne savait d'ailleurs pas bien ce qui la retenait. Était-ce sa bonne éducation, ou encore la peur de ce que madame Chauvin allait lui apprendre ? Finalement, elle se décida à sortir de la pièce, marchant à reculons comme si elle avait peur de se faire attaquer par une bande de gamins profondément endormis.
Alors, qu'elle longeait les couloirs en direction du bureau, la jeune fille ressassait les derniers événements. Elle essayait de revoir le déroulement complet de l'action afin d'en comprendre le sens. Ce dont elle était certaine, c'est qu'elle avait ressenti une haine intense envers Ségolène et son appareil et qu'elle aurait pris un plaisir certain à le voir exploser à la figure de sa propriétaire. Seulement, entre le vouloir plus que tout et voir l'action se dérouler sans avoir bougé d'un pouce, il y avait quand même une sacrée différence. Comment avait-elle pu faire ça ? Après, rien ne prouvait qu'elle en était l'auteure. Il s'agissait peut-être seulement d'une coïncidence, un défaut des unicoms à l'origine de l'incident. Elles avaient toutes les deux le même appareil, ceux-ci auraient eu un vice de fabrication et auraient explosé en même temps.
Isaline essaya bien de se convaincre de cette théorie. C'était sans compter sur le déroulement de l'action. Comment expliquer alors l'attitude de la directrice ? Isaline en était certaine, ses mains avaient guidé les éclats enflammés. Elle avait vu les membres luirent étrangement, elle avait senti la force qui en émanait. Les siennes d'ailleurs avaient, elles aussi, frémis sous l'impérieuse nécessité d'agir. Au fond, elle savait parfaitement qu'il n'y avait aucune coïncidence dans tout ça. Elle, Isaline Salmacis, avait provoqué elle-même l'explosion des deux appareils tout comme la directrice avait maitrisé la situation et endormi d'un geste quatre jeunes et un adulte. Isaline se demanda ce que cette dernière pouvait bien faire d'eux à présent. Elle lui avait assuré qu'ils ne se souviendraient de rien mais, comment allait-elle procéder ? Isaline l'imagina, les mains en avant, brillant d'une couleur étrange pendant qu'elle les agitait bizarrement au-dessus des personnes endormies.
Elle pénétra dans le bureau directorial, se laissa tomber dans un fauteuil avant de se redresser aussitôt. Madame Chauvin pratiquait peut-être l'hypnose ou quelque autre activité comme ça et elle avait été victime d'une hallucination ! Elle devrait peut-être s'enfuir avant qu'elle ne tente autre chose !
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Descendance d'Icare
General FictionAn 2301, pour se protéger des catastrophes naturelles, le monde vit sous cloches. Érigées par les plus puissants qui s'enorgueillissent d'avoir contré le réchauffement climatiques en s'enrichissant un peu plus, elles vieillissent dans l'indifférence...