Evan hissa le sac sur son dos. Il pesait un poids de chien mais il ne le sentait même pas. Il n'avait plus qu'une idée ; rejoindre l'Amérique du sud, rejoindre Isaline. Il houspilla Maël qui ne semblait pas aller assez vite à son goût, interpella Meurig qui n'arrivait pas à boucler son sac et hésitait à prendre les photos de sa famille. Finalement, il prit seul la direction du Pilaplanum qui ronronnait doucement sur la pelouse du lycée. Le voyage devrait se ferait d'une traite, l'engin fonctionnant à l'énergie solaire mais, il serait tout de même trop long au goût d'Evan.
Il monta à bord, casa son sac sur un siège et redescendit pour aider les personnes présentes à charger le matériel nécessaire. Les minutes qui avaient suivi l'arrivée de M. Baind, ils avaient listé et rassemblé tout ce qui pourrait leur être utile. De la nourriture et de la boisson, des couvertures de survie, des plantes et des pierres de premiers secours plus quelques fioles de remèdes prêts à l'emploi et malheureusement des armes. Aucun ne souhaitait en avoir besoin mais avec ces Classiques-là, il fallait s'attendre à tout.
Comme des vases communiquant, au fur et à mesure que le nombre de caisses diminuait à l'extérieur, le nombre de voyageurs augmentait à l'intérieur. Quand Miss Spott et Mrs O'Shanter s'approchèrent du poste de commande, Evan poussa un soupir de soulagement. Cette fois, ils n'allaient pas tarder à partir.
- Mrs O'Shanter, Mrs O'Shanter, cria Bayan Ozmir qui arrivait en courant un miroir à la main, vous devez absolument prendre cette communication.
Evan soupira d'énervement devant ce nouveau retardement pendant que la petite bonne femme grimpait les marches quatre à quatre, ses longs cheveux noirs bouclés virevoltant derrière elle. Elle volait pratiquement, emportée par la vitesse de son pas de sportive à moins que ce ne soit le Fluide qui la portait. Tout à coup, le temps parut s'arrêter. L'instant d'avant, le départ semblait imminent, celui d'après, il était reporté. Les personnes assises se levèrent pour venir voir derrière la directrice qui pouvait être assez important pour les empêcher de mener à bien leur mission.
Tout d'abord, Evan ne vit rien de spécial. Il faut dire qu'il ne discernait pas grand-chose, un vilain reflet masquant en partie la glace. Provoquant le mécontentement de ses voisins, marchant parfois sur les pieds de l'un ou de l'autre, il se porta jusqu'au siège conducteur et pu enfin apercevoir un visage noir, buriné par les éléments, tellement ridé de vieillesse que l'on pouvait presque y lire le nombre d'années tel les stries d'un arbre. Cet homme-là, à moins qu'il ne s'agisse d'une femme, devait avoir au moins deux cents ans. La personne parlait mais, Evan ne comprenait rien des sons gutturaux qui franchissaient les lèvres craquelées. Petit à petit, ses oreilles s'habituèrent aux différentes intonations d'autant plus que Mrs O'Shanter répondait :
- Bonjour Chef Bajan Ag Amatou, parfaitement, je me souviens très bien de vous. Que me vaut l'honneur de votre appel ?
Autour d'eux, des murmures s'élevèrent. Evan comprit que le personnage était un des derniers antiques chefs de village africain encore libre de gérer son peuple comme il le souhaitait. Il fallait dire qu'il avait refusé tout contact avec la civilisation et le progrès depuis des générations. Son peuple vivait en autosuffisance totale, créant par ses propres moyens tout ce dont il avait besoin. Il en avait toujours été ainsi, les aides financières, humanitaires ou autres n'arrivant jamais jusqu'à lui, il n'avait eu aucun mal à se passer de ce qu'il n'avait même pas connu. D'après ce qu'il se disait encore, le chef Bajan était aussi un Fluxe très adroit avec qui le Professeur Bertoli avait eu la chance d'apprendre la préparation de potions depuis longtemps oubliées de tous et qui faisaient d'elle l'une des plus grandes préparatrices de ce monde.
- J'ai entendu dire que vous recherchiez un petit avion, énonça doctement le chef Bajan.
La directrice acquiesça sans demander comment un petit village d'Afrique du Sud perdu au milieu de nulle part pouvait avoir entendu parler de ses problèmes. Il ne lui aurait pas répondu de toute façon. Elle préféra attendre qu'il en dise plus.

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Descendance d'Icare
General FictionAn 2301, pour se protéger des catastrophes naturelles, le monde vit sous cloches. Érigées par les plus puissants qui s'enorgueillissent d'avoir contré le réchauffement climatiques en s'enrichissant un peu plus, elles vieillissent dans l'indifférence...