Accélération

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Une sorte de frénésie semblait dominer les peuples. Comme si chacun avait senti sa fin prochaine. La terre agitée de folie depuis cette secousse qui l'avait ébranlée du pôle sud au pôle nord en passant par l'équateur, se perdait. Les journées s'achevaient dans des divagations de névrosée tantôt perdant des heures, tantôt en ajoutant de nouvelles. Et, malgré les efforts des météorologues, il n'y avait pas un seul jour où les prévisions s'avéraient exactes. En fait, la terre tournait plus rapidement donnant le vertige à tout ce qui la peuplait. Dans les heures qui suivirent la secousse toujours inexpliquée, des scientifiques avaient affirmé qu'elle avait provoqué le décalage de l'axe de rotation de la terre ainsi que sa forme initiale. Celle-ci n'était plus parfaitement ronde mais ovale comme si une explosion intérieure en avait bouleversé les limites. Aussi n'accomplissait-elle plus un trajet circulaire mais au contraire un parcours désordonner. Surtout sa vitesse de rotation s'en trouvait accélérée. Et, c'est toute la vie sur terre qui en subissait les conséquences.

À Vloeisworld aussi tout s'accélérait et les esprits s'échauffaient. Il n'était pas rare que des bagarres éclatent pour un oui ou pour un non et les Doyens, qui n'étaient plus que deux, avaient bien du mal à venir à bout des caractères exacerbés par les éléments. Il faut dire qu'il pouvait pleuvoir à verse par une température de trente degrés, le soleil brûlant tout entre deux nuages. Même les cloches ne parvenaient plus à réguler le temps. Certaines fondaient alors que d'autres perçaient quand elles n'étaient pas ravagées par un tremblement de terre, un typhon ou un volcan en éruption. Depuis le début des événements, pas moins de cent mille personnes avaient trouvé la mort à travers le monde. Jamais catastrophe aussi terrible n'avait frappé la planète en un laps de temps si court.

Quand elle regardait les informations, Isaline ressentait une inquiétude croissante. Le tableau final se peignait lentement mais inexorablement sous ses yeux ébahis. Elle et ses amis s'entrainaient plus vite, plus intensément que jamais. D'ailleurs tout le monde au lycée était tenu d'apprendre les sortilèges de protection, de répulsion, d'explosion ou encore d'aérovie afin de palier à tout problème pouvant surgir. Officiellement, ces sortilèges devaient pouvoir leur permettre de se protéger d'un éboulement, de libérer un passage, de réduire en miette un objet pesant qui leur tomberaient dessus ou encore de pouvoir respirer sous l'eau en cas d'inondation. Mais, tous savaient aussi, qu'ils pourraient les utiliser en cas de combat. Car il apparaissait de plus en plus clair maintenant qu'ils devraient livrer bataille pour avoir une chance de gagner. Les populations, aliénées, tentaient de s'emparer, dans la folie du moment, de ce que le voisin pouvait avoir oublié. Il n'y avait plus de bien ni de mal, seul le chacun pour soi prévalait.

Plus grave encore, les gouvernements, plutôt que d'aider les peuples, les essoraient de nouvelles taxes chaque jour. Celles-ci sensées servir entre autres à la consolidation et à la rénovation des cloches n'avaient pour l'instant apporté aucune amélioration au quotidien des habitants. Alors que certains essayaient encore d'y croire en patientant, d'autres prenaient les devant soit en créant des abris qu'ils espéraient assez solides soit en se suicidant afin de ne pas voir l'holocauste les emporter. Depuis le mois de janvier, le taux de suicide avait fait un bond de deux cents pour cent. Ce qui avait entrainé le départ de plusieurs dizaines d'élèves de Vloeisworld, rappelés à la maison pour dire au revoir à un proche. Même chez les professeurs les rangs s'éclaircissaient. Le professeur Benoit avait été le premier à donner sa démission sans autre raison que la peur du lendemain. Cependant, personne parmi les proches d'Isaline n'y avait cru.

Une nouvelle fois, le sort avait frappé un élève de l'école et, c'est pourquoi dans la chambre d'Isaline, Corinna bouclait ses bagages, les yeux débordants de larmes après avoir appris le décès de sa mère qu'un voisin avait retrouvée pendue à l'arbre du jardin.

Descendance d'IcareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant