Le bruit typique d'un jet crachotant d'eau chaude, l'arôme du café qui coule, la porte d'un four qui se ferme, l'odeur du pain cuit. Ces événements mis bout à bout finirent par tirer Isaline du sommeil profond dans lequel elle était plongée. Elle ouvrit un œil et découvrit des murs entièrement blancs et dénudés, des poutrelles métalliques au plafond, un parquet en bois brun foncé au sol et surtout, elle était dans un grand lit douillet, très confortable. Elle s'étira un moment avant de comprendre ce qu'elle faisait là. Les événements de la nuit dernière lui revinrent en mémoire la faisant se redresser brutalement sur le matelas. D'un seul coup, elle ne savait plus quoi faire. Devait-elle se lever, aller trouver Sven ? Pour lui dire quoi ? Comment allait-il l'accueillir ? Était-il contrarié qu'elle soit là ? Autant de questions auxquelles elle ne trouvait pas de réponse.
Aussi, pour repousser au maximum le moment où elle devrait se trouver face à lui, elle se dirigea d'abord vers la salle de bain et prit le temps de se laver, s'habiller, se coiffer. Elle dut emprunter les affaires de Sven pour ça mais elle imagina qu'il n'y verrait pas d'inconvénients. Pourtant, il y eu un moment où elle dut tout de même sortir de la pièce. Elle descendit chaque marche d'un pas posé, cherchant à se faire discrète et trouva de ce fait Sven dans la cuisine, en train de faire cuire des tranches de bacon ainsi que des œufs. La merveilleuse odeur qui montait de la poêle raviva la faim d'Isaline qui osa enfin se manifester en se raclant la gorge.
- Oh bonjour, Isaline, il me semblait bien avoir entendu le bruit de la douche. Tu as bien dormi ? Le petit-déjeuner est prêt dans quelques minutes. Tu trouveras tout ce qu'il faut dans ce placard-là.
Elle se dirigea aussitôt vers l'endroit indiqué pour en sortir la vaisselle nécessaire au repas. Elle posait les derniers couverts quand il vida le contenu de la poêle dans les deux assiettes. Ils prirent place chacun d'un côté et mangèrent en silence.
Isaline cherchait bien quelque chose à dire mais tout sujet lui semblait trop sensible à aborder. Elle ne connaissait pas grand-chose de lui hormis sa vie à l'école et son aversion pour son père. Or, l'un comme l'autre pouvait se révéler explosif. Et si la gêne pouvait l'empêcher d'apprécier le moment, la faim, elle était comblée par cette nourriture divine.
- Bien, maintenant que nous sommes reposés et rassasiés nous allons pouvoir parler de l'avenir, reprit Sven en posant sa fourchette le regard à présent aussi froid que sa voix. Ne crois pas que je n'ai pas vu ton geste totalement puéril hier soir. Je pensais que tu avais compris la force qui m'habitait à présent. Peu importe, je ne t'en tiendrai pas rigueur mais je ne l'oublierai pas. Et ce, pour deux raisons, la première parce que j'imagine que mes quelques mois d'absence ont laissé place nette à McDougall pour te laver le cerveau et la deuxième parce que j'ai besoin de toi. Nous devons dès maintenant prévoir notre voyage jusqu'en Amérique du Sud.
- En Amérique du Sud, répéta bêtement Isaline tant l'idée lui semblait incongrue. Comment veux-tu te rendre en Amérique du Sud ?
- Avec l'avion bien-sûr.
Cette idée n'avait rien de bien réjouissant pour la jeune fille. Les quelques heures qu'elle avait passé dans cet engin lui avaient déjà laissé un sentiment d'angoisse alors recommencer pour un trajet encore plus long ne l'enchantait pas du tout.
- Ne t'inquiète pas, il est prévu pour résister aux plus fortes tempêtes. Tu vois, au moins sur ça je rejoins ton copain McDougall, les cloches sont totalement inutiles avec le Fluide, elles ne servent qu'à rapporter un peu plus d'argent à une poignée d'imbéciles. On pourrait très bien s'en passer et renforcer les structures nous-même.
- Et on pourrait aussi être simplement respectueux envers la nature, suggéra doucement Isaline.
Sven éclata de rire !

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Descendance d'Icare
General FictionAn 2301, pour se protéger des catastrophes naturelles, le monde vit sous cloches. Érigées par les plus puissants qui s'enorgueillissent d'avoir contré le réchauffement climatiques en s'enrichissant un peu plus, elles vieillissent dans l'indifférence...