Au revoir

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Quand Isaline s'éveilla, le soleil était déjà haut dans le ciel. Partout des élèves s'agitaient dans un brouhaha fébrile pendant que d'autres regardaient leurs écrans le visage soucieux. En s'approchant de Corinna penchée sur son unicom, Isaline découvrit des images apocalyptiques. Apparemment, le tremblement de terre avait causé des dégâts immenses. La structure de la cloche écossaise, totalement désossée, laissait apercevoir son squelette dont les différents membres se détachaient, chutant lourdement sur les habitations. L'intensité des secousses étaient telles qu'elles avaient crevé les chambres magmatiques pourtant jusque-là sans danger des Cairngorms et réveillé le siège d'Arthur à Édimbourg. Partout, ce n'était que désespoir et ruines, feu et malheur, douleur et horreur. Les morts se comptaient par centaines et les disparus par milliers. Dans les couloirs de l'école, on chuchotait, on pleurait, on s'inquiétait de l'état d'un parent, d'un ami, d'une connaissance. Partout, Isaline croisait ses collègues, l'oreillette vissée et l'unicom à la main racontant avec effroi les événements de la veille.

Dans cette ambiance, la direction avait décidé d'avancer les vacances de Noël d'une semaine. En effet, la directrice avait jugé bon de laisser quiconque le désirait rentrer chez eux afin de panser ses plaies en famille. C'est ainsi qu'Isaline apprit que Calliope et Evan avait rejoint la Grèce quelques heures plus tôt.

- Ils sont partis il y a deux heures, lui répondit Signora Diomira quand Isaline voulut se rendre à leur chevet.

- Partis ? Mais comment est-ce possible ? Je n'ai même pas entendu les Pilaplanum atterrir.

- C'est parce qu'ils sont partis par Oéole Express.

- Par quoi ? demanda Isaline.

- Oéole Express, répondit l'infirmière comme s'il n'y avait rien de plus normal. Mais, devant l'air interloqué de la jeune fille elle précisa, c'est comme une éolienne à bord de laquelle tu monterais et qui te propulserait grâce aux pales au centre d'Oéoles désiré.

Trop déçue de n'avoir pu parler à Evan et Calliope, Isaline tourna les talons sans chercher à en savoir davantage sur ce système de transport, entendant à peine les remerciements que lui faisait l'infirmière pour son aide la nuit précédente. Elle s'aperçu rapidement qu'un bon nombre d'élèves étaient déjà partis et ressentit bientôt un lourd sentiment de solitude. Elle n'avait pas encore vu Lucie et elle se demandait si elle aussi avait rejoint sa mère. Elle s'apprêtait à errer sur la lande, ne sachant comment occuper sa journée quand elle entendit son prénom.

Elle se retourna et vit Maël courir vers elle.

- Isaline, tu ne veux pas rentrer chez toi ? Tu as appelé tes parents ? Les miens étaient morts de trouille ils veulent absolument que je revienne et comme l'école nous propose le voyage j'ai dit oui. Lucie vient aussi mais l'Oéole part dans une heure. Si tu veux venir il faut te dépêcher de préparer tes affaires.

- Merci Maël, tu as raison je vais appeler mes parents. Je verrai ce qu'ils me disent mais, tu peux me dire combien coûte le truc qui nous emmène ?

- Oéole ? mais je te l'ai dit, c'est l'école qui nous le met à disposition. Tes parents seront juste obligés de venir te chercher à quatorze heures trente à la porte Est de la cloche. Mais, si tu veux mes parents pourront te ramener.

En apprenant que le transport serait gratuit, Isaline ressentit un grand soulagement. Elle ne voulait pas imposer une dépense de plus à ses parents même si elle mourrait d'envie de les revoir. Aussitôt, une autre inquiétude germa dans son esprit encore soucieux. Si l'aller était offert qu'en était-il du retour ? Elle allait poser la question au jeune homme mais celui-ci la devança, lui affirmant que le retour se ferait de la même façon le deux janvier, soit un jour avant la reprise des cours.

Descendance d'IcareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant