CONRAD
Cela fait deux semaines que j'ai commencé les travaux dans la librairie et le résultat est de plus en plus visible. Les murs ont été repeints en blanc pour illuminer l'espace et l'agrandir alors que le jaune délavé d'avant était repoussant. Les étagères de bois n'avaient besoin que d'un bon passage d'huile pour retrouver leur beauté d'antan et on voit de suite la différence. Au fond de la pièce, dans un renfoncement qui ne servait auparavant qu'à stocker les livraisons, j'ai installé un papier peint de briques rouges et de fausses poutres en bois pour délimiter l'espace. Une banquette et quelques fauteuils y ont été installés. Ainsi, les gens auront l'occasion de bouquiner un peu et, qui sait, d'acheter plus que prévu.
Je suis tellement satisfait du final que mon cœur lourd depuis plusieurs semaines s'apaisent enfin. Je suis certain que le rendu final ne pourra que plaire à mon patron. C'est donc remotivé à bloc que je reprends l'organisation des rayons, rangeant les anciens livres que j'ai retirés des étagères et les dernières réceptions. Je me sens tellement bien dans cet univers que les heures défilent sans que je n'en ai conscience. Petit, je ne m'étais jamais prédestiné à ça mais le hasard m'a fait atterrir ici et c'est l'une des meilleures choses qui auraient pu m'arriver.
Une seconde, je baisse mon regard sur la plaque que je tiens entre mes doigts et caresse l'inscription qui s'y trouve du bout du pouce.
- Hogan Charlie...
Après tant de lecture et relecture, je connais le matricule suit ce nom par cœur. Je serre un peu plus la plaque entre mes doigts avant de la relâcher. Elle rebondit sur mon torse jusqu'à se stabiliser et mon regard se perd au-delà de la baie vitrée. Il me manque tellement que la douleur n'a jamais faiblit. Par réflexe à chaque fois que je pense à lui, j'attrape mon téléphone. Je trouve rapidement le numéro souhaité et lance l'appel. Deux sonneries plus tard, une voix féminine me répond et je me perds dans les souvenirs.
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Le soleil a déjà amorcé sa descente quand je baisse la grille du magasin. Même si je suis éreinté, je n'ai pas envie de rentrer pour m'enfermer seul chez moi. Je prends alors la direction de la place de la Victoire, remontant la rue Sainte-Catherine qui est encore bondée malgré l'heure.
Un couple sort du Grizzly Pub et me tient la porte, j'en profite et me faufile à l'intérieur. Je m'approche du bar en saluant Jessie qui se trouve derrière. Je suis incapable de savoir combien de soirée j'ai pu passer ici, en compagnie de Noah. Penser à lui le fait apparaitre et je le vois pousser le battant avant de me chercher du regard. En quelques enjambées, il me rejoint et nous commandons chacun notre bière. Nos boissons en main, nous laissons la place à d'autres et rejoignons une petite table dans le fond qui vient de se libérer.
- Alors, ça donne quoi la déco ?
- J'ai quasiment fini de tout ranger. Je pense que l'on pourra rouvrir lundi sans problème, comme le voulait Lucien.
- Il a vu le résultat ?
Je bois une gorgée avant de secouer négativement la tête et il me demande si je crains sa réaction.
- Absolument pas. La librairie faisait vraiment trop vieillotte et ça ne donnait pas envie. Là, ça va être plus accueillant. Je pense qu'on peut facilement augmenté les ventes. Il faut juste qu'il fasse repeindre la façade comme je le lui ai dit et ça va rouler.
- Alors trinquons à ça !
Nous entrechoquons nos verres et la conversation dérivent sur mille et un sujets. Jessie nous apporte une deuxième tournée et un bol de saucisson et nous la remercions à l'unisson, comme si les années n'avaient pas passé depuis qu'elle était la petite-amie de Noah et que nous passions nos week-ends ici. Je suis ravie que leur séparation n'est pas brisée l'amitié qu'ils se sont toujours portée.
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Heureuses Circonstances
RomanceConrad rencontre Sean sur la Place du Parlement alors qu'il le sort d'un mauvais pas. Mais là où il ne s'attendait pas à grand chose, Conrad se fait engueuler pour son aide. Les choses auraient pu s'arrêter là s'il ne s'était pas revu en boite. Et q...