CHAPITRE 17

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SEAN

Ma tête me tourne un peu quand je m'éveille et je m'y reprends à plusieurs fois avant de parvenir à garder mes yeux ouverts. Les évènements de l'après-midi tournent en boucle dans ma tête et je réprime l'envie de m'enfouir sous les couvertures. J'ai été stupide. Conrad a raison, jamais je n'aurai dû l'utiliser pour... Pourquoi en plus ? Rendre jaloux l'homme qui m'a jeté quand il en a eu marre de moi ? Qui n'a pas eu assez de considération pour bien me traiter ?

J'aurai dû lui tenir tête comme il pensait que j'allais le faire. J'aurais dû l'envoyer chier dès qu'il s'est approché de moi et jamais, ô grand jamais, je n'aurais dû faire passer Conrad pour mon petit-ami. Qu'est-il vraiment, après tout ? Il n'est pas seulement un plan cul, on partage beaucoup trop de choses pour ça. Il n'est pas non plus un ami, on ne couche pas régulièrement avec ses amis.

Si j'étais honnête, je dirai que l'on ressemble à un couple. Nous n'en avons juste pas la dénomination. Mais je ne le suis pas et je réfute cette idée. Conrad et moi, nous sommes nous. Il n'y a rien d'autre à en dire. Hugo aura beau m'appeler, je me promets de ne pas décrocher.

La place est vide à côté de moi. Je crois que c'est la première fois qu'il quitte le lit avant que je me réveille. Habituellement, il est toujours là, à veiller sur mon sommeil. Quand il se réveille le premier, il reste à caresser mes cheveux jusqu'à ce que j'émerge à mon tour. Je n'aime pas quand il n'est pas à côté de moi pour me sourire dès que j'ouvre les paupières...

Suis-je quelqu'un d'égoïste pour quémander quelque chose que je ne fais pas en retour ? Je suis toujours parti quand il se réveille, le matin. Je ne le réveille même pas pour lui dire au revoir. Je m'enfuis, tout simplement. Il ne me l'a jamais reproché mais... Est-ce que ça le blesse ?

Après un soupir, je me force à quitter le confort du lit et j'attrape mon boxer qui traîne sur le sol. Un peu plus loin, je trouve mon jean que j'enfile en suivant. Je laisse mon tee-shirt derrière moi et rejoins le salon du petit appartement.

Conrad est là, installé sur son canapé, une émission débile passant à la télévision. Il est concentré sur son téléphone et ne semble pas m'avoir entendu. J'en profite alors pour l'observer. Ses cheveux châtains lui tombent devant les yeux mais il ne les repousse pas, comme s'il ne les voyait pas. Ses doigts pianotent sur son écran à une vitesse affolante et je me demande à qui il écrit.

Un pincement au cœur me prend et je secoue la tête. Cela ne me regarde pas. Il peut bien parler à qui il veut, ça ne me concerne pas. Je me racle la gorge et m'approche d'un pas. Il relève la tête, me regarde une seconde et abandonne son téléphone sur la table basse. Il se redresse et m'invite à m'assoir à côté de lui en tapotant la place libre.

- Tu as bien dormi ?

- Oui, merci.

- Tu avais une petite mine, j'ai préféré...

- Je sais. Merci, Conrad.

Il ne dit plus rien, se contentant de m'offrir un sourire. Mais je sais qu'il ne brille pas autant que ceux qu'il m'adresse, habituellement. Je vois qu'il est légèrement terni et je m'en veux. Je sais que j'en suis la cause, que c'est mon comportement d'aujourd'hui qui l'a blessé. Je voudrais lui dire quelque chose, n'importe quoi, mais aucun mot ne sort de ma bouche.

Il reporte son attention sur la télé et je fais de même. Je ne sais pas quoi lui dire et ça me tue. Je voudrais lui demander pardon, mais je n'y arrive pas. Je voudrais lui dire que je regrette mais j'en suis incapable.

Mon regard ne cesse de naviguer entre la télévision et lui, je sais qu'il le sent mais il ne dit rien. Moi non plus. Il finit par bouger et sa tête se retrouve sur mes cuisses. Après un sourire, ma main trouve le chemin de ses cheveux et je l'entends soupirer de satisfaction.

Heureuses CirconstancesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant