CHAPITRE 25

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CONRAD

17 février 2020

Enfin. Après presque un mois sans le voir et sans avoir plus de nouvelles que ça, je vais enfin pouvoir revoir Sean. Et m'expliquer avec lui. Parce que rien ne va. Rien ne va plus depuis notre dernière nuit. Je ne comprends pas, il semblait ravi de pouvoir avoir mon corps alors pourquoi me fuir depuis ?

Quand je me suis réveillé ce matin-là, je savais que quelque chose clochait. Je comptais lui avouer mes sentiments à notre réveil mais il n'était plus là. Il m'avait prévenu qu'il devait aller chez ses parents mais il aurait pu prendre la peine de me réveiller. Non, il est une fois de plus parti comme un voleur.

À partir de ce jour-là, c'est allé de mal en pis. Quand je lui ai proposé de revenir après son repas, je n'ai pas eu de réponses. Quand je lui ai envoyé un message le lendemain, il m'a dit travailler. La fois d'après, il n'était pas disponible. Et depuis la semaine dernière, je n'ai même plus une seule nouvelle. Pas une réponse, pas un appel. Et bordel, mon cœur me fait mal.

Est-ce qu'il a compris ce que cet acte représentait et qu'il a pris peur ? Il n'avait pas à me fuir, simplement à me le dire. Nous n'avons jamais eu de problème pour communiquer jusqu'à présent alors pourquoi maintenant ? C'est comme si mon cœur avait cessé de battre par moment. J'en viens à regretter de m'être offert à lui. J'ai tout gâché et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

Mais je me retrouve là, à la terrasse de Chez Totto, sur la place du Parlement, à attendre qu'il arrive. Là où tout a commencé. Est-ce là où tout finira ? Je me sens ridicule. J'aurais dû lui parler bien plus tôt. Je n'aurais pas dû attendre aussi longtemps.

Alors que la tristesse est clairement présente sur mon visage, c'est un grand sourire qui est sur celui de Sean quand il vient s'assoir face à moi. Il n'a pas mes cernes, il a toujours l'éclat brillant dans ses yeux. Je n'ai pas besoin d'entendre un mot. Je sais déjà ce qu'il va m'annoncer. J'entends mon cœur se briser dans ma cage thoracique, les morceaux tombant un à un sur le sol.

Il me parle de l'homme qu'il a rencontré, de la façon dont il l'a charmé. Il me parle de chacune de ses qualités et de chacun de ses défauts. Il me parle de ce qu'il ressent pour lui et qu'il pense qu'il l'aime. Moi, je me contente d'écouter. Je me sens vide. Je suis vide.

Je lui fais remarquer qu'il n'a pas donné de nouvelles depuis une semaine et il m'explique que Nathan l'a emmené en week-end pour la Saint-Valentin, qu'il avait oublié son portable. J'émets l'hypothèse qu'il utilise le téléphone de son copain pour me contacter sur les réseaux et son rire s'élève.

- Conrad, j'avais bien d'autres choses à faire que de traîner sur les réseaux. Enfin, si tu viens ce que je veux dire.

Son ton est suggestif et la nausée me prend. Il l'a laissé le toucher. Il l'a laissé le prendre. Il l'a laissé le faire sien. Rien que d'imaginer les mains d'un autre sur son corps, j'ai envie de vomir. L'image s'imprime sur ma rétine et j'ai envie de hurler. Mais il ne s'en rend pas compte. Il me parle de son week-end et je serre les débris de mon cœur entre mes mains pour ne pas qu'ils s'envolent.

Comme Icare, j'ai volé trop haut. Je me suis brûlé les ailes et maintenant, je suis en chute libre. Alors qu'il commence à me raconter sa première nuit avec lui, je me relève brusquement, la chaise raclant sur le sol.

- Je dois y aller.

Sans un regard pour lui, j'abandonne la monnaie sur la table et je pars. J'ai envie de vomir. Alors je fuis. Je me contente de fuir. Tout simplement.

Heureuses CirconstancesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant