Chapitre 14.1 ~ Quand le ciel se voile

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– Réveille-toi ! Vite ! commanda une jeune voix en tirant énergiquement les rideaux.

Aélys ne comprit pas tout de suite pourquoi la lucarne ne permettait pas au jour d'entrer dans sa chambre. Ses paupières indolentes cillèrent plusieurs fois et ses prunelles s'accommodèrent peu à peu au manque de luminosité. Les couleurs de l'aurore peignaient à peine un clair-obscur dans la voûte céleste. Reine parmi les étoiles, la pleine lune y subsistait encore.

En nage, la jeune femme se retourna dans ses draps humides et un courant d'air ranima les marques salées de ses larmes. Elles avaient coulé en cascade sur ses joues et son front brillait de ses sueurs froides.
Son cauchemar l'avait tourmenté.
Encore.

Émergeant de sa courte nuit, elle dévisagea l'intrus. De sa torche, il effleura la mèche du luminaire disposé sur une table au centre de la pièce. L'obscurité ne reculait presque pas devant le faible feu-follet. Ce dernier s'agitait frénétiquement. Il se nourrissait de la cire de la bougie pour agrandir sa flamme.

La princesse parvint à distinguer la frêle silhouette d'Ethan. Il venait à elle d'un pas déterminé. Ses habits semblaient sales et poisseux. À mesure qu'il avançait dans la lumière, cette impression se confirmait. De larges cernes encerclaient ses yeux bouffis de fatigue.

De nouveau, Aélys cligna des yeux pour s'assurer de sa vision.

– Pince-moi où je rêve ! Mais tu as vu l'heure qu'il est ? bailla-t-elle sans retenue.

Formulant une réponse inopinée, des hurlements percèrent le silence de sa léthargie. Toute étourdie par ce brusque changement d'atmosphère, elle s'adossa au montant de son lit.

– Mais qu'est-ce que... ?

– Je ne comprends pas comment tu as pu dormir avec ce raffut... déplora-t-il, la gorge nouée. Dépêche-toi ! Tout le monde est déjà debout, même la reine !

– Qu'est-ce que ce que tu me racontes, là ?

– Nos troupes ont été attaquées à la frontière, c'est tout ce que je sais ! Le roi rassemble ses hommes, il a donné l'alerte ! Allez, lève-toi ! Ah, euh, j'oubliais... Aydrian m'a donné ça pour toi ! Je t'attends dehors.

Il déposa le pli sur la console en érable et quitta la chambre de son amie. 

A contre-cœur, Aélys abandonna la chaleur de ses couvertures. Par automatisme, elle détacha les boutons de sa chemise de nuit et la fine toile glissa à ses pieds. Elle la ramassa, la plia et se rendit auprès de l'immense armoire. Là, elle trouva une tenue modeste qu'elle passa sans trop de difficulté. Elle se dirigea ensuite vers la console et déplia la lettre. 

Ce qu'elle y lut lui glaça le sang.

Accompagnant son désarroi intérieur, les cris redoublaient au dehors. Aélys s'approcha de la fenêtre pour observer la grogne masculine à demi couverte par le hennissement des chevaux. Une exclamation furibonde brisa le silence tamisé de tension. Le roi parlait avec colère. Il galvanisait ses troupes et disséminait son humeur guerrière. Les brides claquèrent et le fracas des sabots esquissèrent le départ de la garnison.

L'ombre de nos âmes ~ tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant