Un mariage, une alliance.
Un duel, un drame.
Des rires, puis des larmes.
Seize ans n'effacent pas la douleur imposée par les flammes. Le peuple d'Aonyhrr pleure encore la perte d'un prince héritier, d'une princesse et d'une reine. L'hypocrisie règn...
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Sur les graviers de la cour, l'aurore pourchassait la nuit. L'ombre s'amenuisait, comme pour fuir l'animation. De sa fenêtre, Envel s'attelait à son petit rituel matinal.
Que c'était agréable de contempler l'éveil du château !
Rythmés comme des horloges, les mêmes personnes passaient les mêmes portes et agissaient de la même manière.
Une toute jeune servante sortait de la cuisine avec un bol de lait. Comme à son habitude, elle le déposa devant un petit chat blanc. Tout compte fait, Envel retira cette teinte immaculée de son esprit. Même s'il miaulait son innocence, le minuscule félin avait dû faire ses griffes dans l'un des recoins les plus sales de la demeure féodale. Son pelage ciselé de gris en était la preuve incontestable. La rouquine lui caressa la tête et le museau. Le chaton ronronna pour la remercier. Ce ne fût pas assez pour la retenir, car elle l'abandonna finalement contre la promesse de lui revenir. Sifflotant un petit air guilleret, elle galopa gaiement dans la cour pour aller donner du grain aux poules.
Un peu plus loin, se tenaient deux palefreniers. Mains sur les hanches, brins de paille dans la bouche, ils discutèrent une poignée de minutes avant de se séparer. L'un menait les chevaux au pré, tandis que l'autre nettoyait les stalles et astiquait les selles. Ce dernier fut bientôt rejoint par un garçonnet au regard vif. Arrivé au château quelques semaines auparavant, le néophyte apprenait le métier avec aisance et habileté.
Parfois, un grain de sable se glissait dans l'engrenage des routines matinales.
Envel sourit lorsqu'une folle furieuse jaillit de la cuisine en baragouinant des inepties à l'encontre de sa supérieure et s'offusquant de ses allures de petit chef arrogant. Comme si elle n'avait pas suffisamment crié au scandale, elle percuta la petite aux cheveux roux et son entrain communicatif. L'aide-cuisinière résista pour ne pas se laisser corrompre par la gaieté de l'enfant. Bien au contraire, elle lui déversa un torrent d'insultes désobligeantes et infondées. La pauvre demoiselle resta d'abord coite devant tant de gratuité, puis elle passa son chemin.
De ses hauteurs, le prince s'amusa de voir le jeune apprenti palefrenier trébucher sur un râteau en entrant dans les écuries. Le pauvre petit, il lui arrivait très souvent ce genre de mésaventures.
Un grain régulier dans l'engrenage des habitudes.
Envel vivait par substitution le parcours du garçon, car il l'enviait d'exercer un métier proche des équidés.
Du temps de son enfance, le prince avait noué une relation particulière avec ces bêtes aux longues crinières. Il gardait des souvenirs heureux de cette époque lointaine. Cette période pendant laquelle il avait passé des heures à rêvasser dans la paille fraîche des écuries ou dans les prés verts qui s'étendaient autour de la bâtisse royale.
Il avait été un enfant calme et paisible. S'adonnant aussi bien aux balades hippiques qu'aux épiques ballades. La tête perchée dans les nuages, l'esprit plongé entre les pages et le regard à porter de notes.
