Chapitre 11.2

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– Elle s'appelait Sybil, n'est-ce pas ?

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– Elle s'appelait Sybil, n'est-ce pas ?

– Annwenn, je vous trouve enfin ! Il était temps ! s'exclama Judicaël, coupant court à leur discussion.

Il traversa prestement le petit salon et vint se poster derrière le fauteuil de sa femme. Les deux sœurs se regardèrent mutuellement, puis l'interrogèrent du regard. D'un geste de la main, il les invita à poursuivre leur partie et s'accouda au guéridon en acajou qui se trouvait dans son dos. Silencieusement, il examina leur jeu de ses yeux perçants.

De peur que le stratège ne commente ses actions, Aélys prit le temps d'analyser la disposition de l'armée blanche que sa sœur commandait. Après quelques minutes d'hésitation, elle se décida enfin à avancer l'un de ses fous d'ébène sur le petit plateau en bois de rose.

Vint le tour d'Annwenn. Cependant qu'elle lorgnait l'armada de pions noirs, elle plongea sa main dans ses boucles châtaines et les fit tourner machinalement. Dans un mouvement affirmé, elle jeta son dévolu sur son homologue de bois clair et la déposa sur la case de son choix.

– Mmmh...

L'homme qui ne dit mot, ne consent pas forcément, et ce murmure exprimait clairement l'impatience de Judicaël devant la lenteur de leurs actions. Néanmoins, il se garda de tous commentaires et se contenta de se gratter la tête d'un air circonspect.

– Qui a-t-il ? s'agaça Annwenn en se retournant. Je déteste lorsque vous m'épiez... Dites-moi plutôt ce que j'ai mal jouer !

Judicaël recoiffa ses cheveux grisonnants, puis ses doigts cajolèrent le nez aquilin de sa femme.

– J'aime quand vous prenez cette petite moue pincée ! s'amusa-t-il en la couvant d'une oeillade amoureuse. Et pour en revenir à votre jeu, visiblement, votre sœur est en train de vous plumer comme il se doit. Excusez mon langage, mais elle manie ses pions avec méthode. Si j'étais à votre place, je me méfierais de son air enjôleur, elle cache bien son jeu...

– Ne dévoilez pas toute ma stratégie ! quémanda Aélys d'une voix chantante. Pour une fois que je trouve un adversaire à ma taille... J'ai déjà eu mon lot de défaites écrasantes. Envel savait très bien comment me battre en quelques coups seulement, et c'était beaucoup moins drôle !

– Je comprends mieux votre petit sourire satisfait... Alors, soit ! Loin de moi l'envie d'interférer dans vos histoires de famille... Ma chère Annwenn, je vous laisse vous dépatouiller toute seule, en espérant que vous laverez notre honneur de tout soupçon en évitant de perdre aux échecs. Cela ferait mauvais effet en société...

– Cessez-donc de plaisanter sur ma capacité à gagner cette partie ! Vous pourriez être surpris !

– Je ne demande qu'à voir... Épatez-moi, très chère épouse ! répondit Judicaël, un sourire jaillissant de sa barbe. Que venais-je vous dire déjà ?

– Pour cela, nous ne pouvons point vous aider... Nous ne sommes pas dans votre tête ! ironisa Annwenn en se dandinant sur son assise.

– Père, vous êtes là ! Vous êtes partis si vite que je n'ai pas pu vous suivre... s'exclama le jeune Liam encore à bout de souffle.

L'ombre de nos âmes ~ tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant