Un mariage, une alliance.
Un duel, un drame.
Des rires, puis des larmes.
Seize ans n'effacent pas la douleur imposée par les flammes. Le peuple d'Aonyhrr pleure encore la perte d'un prince héritier, d'une princesse et d'une reine. L'hypocrisie règn...
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Aux abords de l'atelier en pierre de taille, Aélys aperçut Katell et Donastian. Elle retint son frère pour les saluer, mais il ne l'entendit pas de cette oreille. Corentin fila plus vite qu'une étoile. Encore qu'il ne rejoignît pas celles qui bourdonnaient au contact de l'air en s'échappant du feu. Ces minuscules éclats de lumières et leurs grésillements faisaient partie du charme de l'antre sombre des sculpteurs d'acier.
En s'y engouffrant, le prince bouscula Katell qui put trouver un appui contre le torse de Donastian. Confuse, elle se redressa hâtivement et se confondit en excuses.
— Ce chenapan ne perd rien pour attendre ! ergota Aélys en affichant une moue perplexe. Le petit courant d'air se transforme en ouragan, on dirait...
— Je ne suis pas sûre de comprendre ta métaphore, répondit Katell, un de ses sourcils roux relevé.
— Laisse... Je crois que le lyrisme d'Envel déteint sur moi et ce n'est visiblement pas une grande réussite. Enfin, parlons d'autre chose ! Tu... vous ?
— Oh, je... nous... Hum, se reprit Katell. Je suis simplement venue remercier Donastian pour son aide précieuse d'hier soir.
Le feu quitta momentanément l'intérieur de la forge pour envahir les joues de la jeune femme aux cheveux cuivrés. Ses fossettes rougies trahissaient sa gêne et ses sentiments. La princesse prit note de ces détails démonstratifs sans pour autant les relever à voix haute.
— Vous avez également toute ma reconnaissance, approuva Aélys en inclinant légèrement la tête à l'intention du forgeron.
— Aél, tu viens ?
— Toutes mes excuses, je crois que le devoir m'appelle. Il faut absolument que j'aille voir l'épée de mon petit frère, sinon il risque bien de s'en servir contre moi.
Donastian et Katell esquissèrent un sourire commun à l'idée de voir Aélys poursuivie par son frère, une arme à la main. Les laissant à leur conversation, la princesse entra à la suite de Corentin.
— Donc elle n'est pas finie ? s'enquit-il, une pointe de déception dans la voix.
Le forgeron tapait avec une masse sur la lame rougeâtre, qui sortait à peine du flamme.
— Non, pas encore, c'est un travail long et minutieux de fabriquer une belle épée pour vous, jeune prince, répondit Aodren, restant concentré sur ce qu'il faisait.
Aélys demeura en retrait pour observer son petit frère mener la discussion. Cela l'apaisait de le voir s'épanouir ainsi. Très intéressé, Corentin posait de nombreuses questions pour comprendre le travail du jeune homme. De son côté, la princesse analysa les gestes précis du forgeron. Il semblait calme et appliqué, il n'avait pas l'air dangereux...
« Alors pourquoi est-il enchaîné ? C'est étrange » songea-t-elle en son for intérieur.
— Aélys, regarde, il n'a pas fini. En fait, il est en train d'affiner la lame pour qu'elle soit plus légère pour moi ! expliqua-t-il, très sûr de lui.
