Chapitre 14.3

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Belle lecture !

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– Annwenn, je...

Judicaël fixa les yeux de son épouse tandis qu'elle restait au chevet de leur fils alité à cause de ses blessures.

Depuis leur retour, la reine s'investissait entièrement dans son rôle de garde-malade. Aélys se tenait le plus souvent à ses côtés. Son désir d'aider était plus fort que sa quête. Elle accompagnait même Annwenn dans ses prières sans y participer. Avec Isobel, les deux sœurs pansaient les plaies du jeune blessé.

Si tôt après son rapatriement au château, le guérisseur avait ausculté Yorick. Le couple royal en avait fait une priorité absolue. Le vieux savant lui avait prescrit des herbes pour apaiser les douleurs physiques et des exercices pour stimuler ses membres. Un homme de foi, quant à lui, venait tous les jours pour prendre soin de son esprit traumatisé par son passage dans l'au-delà.

Car c'est inconscient que son père l'avait trouvé. Judicaël crut mourir en apercevant le visage blafard de son fils étendu parmi les corps sans vie. La folie l'avait frôlé de près lorsqu'il avait caressé sa peau froide et saisi ses mains atones dans les siennes. Au beau milieu d'une armée en déroute, sous les assauts ennemis, il avait exigé du guérisseur qu'il sauvât son fils.

Si l'homme avait réussi à satisfaire la demande du roi, le faire revenir allait de pair avec des sacrifices. L'état mental du prince en faisait partie.

Yorick ne parlait plus. Il ne souriait plus, même pas à sa petite sœur. Il avait perdu l'appétit et se laissait faire sans aucune réaction.

– Je suis désolé. Sachez que je vous apprécie, insista-t-il en offrant un regard compatissant à sa belle-sœur. Mais voilà des jours que mes conseillers m'accablent de reproches.... Je ne peux pas passer outre, je dois agir.

– Que veux-tu dire ? s'enquit Annwenn.

Les récents événements avaient paradoxalement éloigné Judicaël de sa bouteille. Autrefois, il aurait volontiers noyer son impuissance dans l'alcool. Cette fois, le vieil ami fut remisé à la cave.

Il avait veillé son fils avec sa femme. Ces longues heures auprès du prince les avaient rapprochés. Ils avaient tous deux abandonnés le vouvoiement étriqué pour employer un tutoiement affectueux. Le mutisme de Yorick les chamboulait, car ils n'avaient aucun moyen de le secourir. Physiquement, le nécessaire avait été fait. Le reste ne dépendait pas de la volonté des parents, mais du combat intérieur du fils.

– Regarde ce qu'il nous a fait. Notre peuple, et maintenant notre enfant... Je ne veux plus souffrir de ses affronts. Je ne veux plus subir son courroux pour les frasques de son propre fils ! Les membres de mon conseil sont persuadés qu'Aélys est une taupe à la botte de votre père... lâcha-t-il finalement.

L'ombre de nos âmes ~ tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant