Chapitre 16.2

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« Et puis, il y a eu Sybil

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« Et puis, il y a eu Sybil.

Judicaël marqua une pause pour reprendre son souffle. Aélys entrevit les larmes chaudes qui dévalaient le long de ses joues. La honte ruisselait avec le flot de sa peine.

Il ne voulait plus jouer.

Affrontant le regard inquisiteur d'Aydrian, il reprit le fil de son monologue.

– Lorsque votre sœur est arrivée à la cour comme dame de compagnie de la reine, Corentin l'a très vite remarqué. À vrai dire, qui ne l'aurait pas fait ? C'était une jeune personne fort agréable à regarder. Elle était intelligente et, qui plus est, de haute naissance. Elle avait un visage d'ange elle-aussi. C'était la candidate parfaite pour un prince. Corentin a jeté son dévolu sur elle. Je crois même qu'il voulait l'épouser.

Ses phrases saccadées illustraient son profond désarroi.

– Comme elle refusait ses avances, il s'est pris au jeu. Malheureusement, elle non plus ne savait pas à quel jeu il voulait jouer, déplora-t-il. Les réticences de Sybil n'ont fait qu'accroître sa convoitise et il en a fait un défi personnel.

Sortant un large mouchoir de sa poche, Judicaël essuya ses joues rugueuses pour effacer les stigmates de ses pleurs et évacuer son trouble. Comme il se raclait bruyamment sa gorge asséchée par l'émotion, Annwenn prit momentanément le relais.

– Non seulement, Sybil l'a éconduit, mais elle se laissait courtiser par Envel. Et ça, Corentin ne l'a pas supporté ! Cette nuit-là, quelques jours seulement après notre mariage, il a fait enlever Sybil par des mercenaires à sa solde. Cet homme immonde que je ne considère plus comme mon frère prévoyait de s'amuser avec elle pour panser son orgueil.

Katell pleurait, Aydrian bouillonnait. Ils savaient déjà que les derniers instants de leur sœur avaient été effroyables, mais les entendre ainsi relatés les foudroyait de toutes parts.

– Cependant, c'est allé beaucoup trop loin, beaucoup trop loin, maugréa Judicaël, à mi-chemin entre soupir et emportement. Après la chasse à courre, Alek et lui ont confié leurs chevaux à des laquais. Moi, j'ai pris soin de mon étalon et je n'ai pas vu le temps passer. Quand je les ai rejoints dans la tente, ils avaient déjà bu plus que de raison. Ils l'avaient attaché à un poteau. Ils n'en étaient visiblement qu'au début puisqu'elle portait encore la plupart de ses vêtements. Mais, elle m'a lancé un regard suppliant que je n'oublierais jamais...

Judicaël ne prévint pas le coup de poing qu'Aydrian lui destina sans autre forme de procès.

– Vous êtes des monstres ! mugit-il entre ses dents. C'est une chose de le savoir, c'en est une autre d'en apprendre les détails.

– Je-je suis désolé... Je ne connaissais pas leur projet, sinon j'aurais tout fait pour l'éviter.

– Dis l'homme qui a laissé un prince s'en prendre à une enfant sans défense ! hurla le chevalier en le frappant une nouvelle fois.

L'ombre de nos âmes ~ tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant