Un mariage, une alliance.
Un duel, un drame.
Des rires, puis des larmes.
Seize ans n'effacent pas la douleur imposée par les flammes. Le peuple d'Aonyhrr pleure encore la perte d'un prince héritier, d'une princesse et d'une reine. L'hypocrisie règn...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
*
Parvenues aux portes du village, les deux jeunes femmes n'avaient pas réalisé qu'elles étaient suivies. Déambulant dans les ruelles étroites, elles admiraient les lanternes en fer forgé suspendues aux poutrelles des maisons à colombage. Toutes mignonnettes, elles s'entassaient les unes à côté des autres, créant un enchevêtrement coloré et chaleureux.
Bientôt, les échappées foulèrent les dalles roses d'une petite place ovale. Des villageois y braillaient avec un enthousiasme démesuré. Face à cet engouement prononcé pour les chansons paillardes, Katell rattrapa Aélys par la manche.
- Aélys, rentrons ! Je ne sais pas si ce lieu est sûr...
Mais la princesse s'était figée, son regard happé par la terrasse d'une taverne.
- Katell, regarde là-bas, on dirait... Loig. Il ne perd rien pour attendre celui-là !
- Aélys, je ne pense pas que ce soit une bonne idée...
- On va juste le voir, et après on rentre, promis.
Donastian les pistait toujours, tapis dans l'ombre.
« Dans quel guêpier vont-elles se fourrer ? » se demanda-t-il au plus profond de lui-même lorsqu'il les vit se diriger vers l'Eroica.
Katell n'était pas sereine, mais elle suivit tout de même son amie par crainte de rester seule au milieu de la place.
Avachi sur une chaise, le prince jouait aux cartes avec plusieurs hommes hilares. Certains s'amusaient avec des femmes dénudées sur leurs genoux. Vulgairement vêtues, elles cancanaient en se laissant caresser par ces mâles en rut. Ils appréciaient leurs délices obscènes, ils en profitaient tout en ricanant fortement. Leurs joues étaient rougies par l'alcool, et pourtant la nuit ne faisait que commencer.
Le prince participait aux déboires collectifs. Il embrassait langoureusement une jeune femme blonde à la poitrine pulpeuse, si bien qu'Aélys ne savait pas comment attirer l'attention de son frère sans se faire remarquer de ses congénères éméchés.
- Loig ? osa-t-elle finalement, sur un ton hésitant.
Reconnaissant sa sœur, le prince cligna des yeux nerveusement et eut un léger mouvement de recul. Il en tomba presque de sa chaise. Vexée, la blonde qu'il était en train de savourer s'en alla trouver un autre homme à satisfaire.
- Aél... Mais qu'est-ce que... qu'est-ce que tu fais là ? s'étonna-il, déconfit.
- Je rêve, c'est à moi que tu poses la question ? Et toi donc ? Pourquoi as-tu quitté le château sans prévenir ?
- Eh, le prince, c'est qui celle-là ? Elle est bien belle. Tu nous la présentes ? pouffa un seigneur parmi les soûlards.
- Oh, le beau morceau ! ajouta un autre en lorgnant la nouvelle venue.
