Un mariage, une alliance.
Un duel, un drame.
Des rires, puis des larmes.
Seize ans n'effacent pas la douleur imposée par les flammes. Le peuple d'Aonyhrr pleure encore la perte d'un prince héritier, d'une princesse et d'une reine. L'hypocrisie règn...
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Elle avait enfin eu ce qu'elle voulait.
A l'opposé des cœurs encore affectés par la disparition de la princesse feu follet, la fière vipère sifflotait sa victoire. Verre à la main, bague au doigt et couronne sur la tête, elle serpentait entre les tables et adressait ses précieux remerciements à ses convives.
– Merci d'être venu, répétait-elle interminablement.
Lorsqu'elle arriva à la table de Loig, Alwena le toisa du regard, lisant sur son visage toute la peine qu'il noyait dans le fond de son verre.
– Ce qui est arrivé à l'autre angélique, je n'y peux rien ! Tu pourrais au moins le reconnaître et te réjouir pour moi, mon frère !
Le presque prince fut étonné de percevoir un semblant de sincérité dans la voix sirupeuse de sa presque sœur. Bien entendu, ce sentiment fugace s'évanouit dès lors qu'elle reprit son enfilade gratifiante.
A quoi bon célébrer le départ imminent d'Alwena pour le royaume d'Yrdell ?
L'esprit enivré du prince Loig baignait dans un océan de désespoir. Une tempête arbitraire embrouillait l'aiguille de sa boussole et désorganisait sa réflexion. Comme des vagues de mélancolie aigre-douce s'abattaient sur son cœur, il ne voyait toujours pas la lumière d'un phare à l'horizon.
Alors ballotté par le roulis caustique de sa tristesse, Loig nota l'absence prolongée de son petit frère. Houspillé par le même émoi, le jeune Corentin n'avait pas tenu longtemps au milieu de ces réjouissances éléphantesques. Il s'était retiré dans sa chambre quelques instants seulement après l'échange des consentements et n'avait pas reparu.
A demi-conscient, l'attention de Loig revint au déambulement grossier de sa sœur. N'ayant rien d'autre à faire, il se laissa aller à l'analyse de sa coiffure. Épinglés hâtivement, ses mèches lisses et brunes glissaient de son chignon royalement surfait.
Étrangement, ce simple aspect extérieur imageait la teneur grandiloquente de son caractère. Guerrier, presque carnassier, il engageait indéniablement l'âme artificielle d'Alwena dans un combat sans pitié pour obtenir puissance et richesse. Cette lutte acharnée l'entraînait sur une pente sulfureuse, si bien qu'elle négligeait malheureusement d'autres qualités comme l'application et la patience.
A la fin de sa litanie reconnaissante, la jeune femme se prélassa dans les bras vulgaires de son nouvel époux, le prince Kay d'Yrdell. Aussi avares l'un que l'autre, ses deux êtres s'étaient relativement bien trouvés.
Ecœurés de les voir se ravager l'un l'autre d'embrassades excessivement démonstratives, Loig se leva et s'excusa auprès de ses voisins de table.
