Bonne lecture !
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Une brume épaisse recouvre les rues.
Elle enveloppe le centre ville jusqu'à la périphérie, et s'étale même sur les petites routes qui mènent aux campagnes et villages avoisinants. Le temps, humide et froid, s'est dégradé vers la fin de la semaine précédente et les températures peinent à remonter depuis.
Ce matin là, une couche de givre a rendu les trottoirs glissants, et à cette heure-ci aucune âme n'a trouvé le courage de mettre le nez dehors. Enfin, sauf une.
Triplement enroulée dans une écharpe en laine rouge, une jeune femme s'avance seule au centre du brouillard. Ses hauts talons claquent sur le sol gelé, et ses mains bleuies par le vent sont engouffrées dans les grandes poches de son manteau en daim. Elle avance d'un pas rapide et pressé, s'évadant sans aucun doute dans ses pensées en réfléchissant à la manière dont elle pourra se réchauffer une fois chez elle.
Lorsqu'elle tourne au coin d'une rue, la jeune femme manque de glisser sur une plaque de verglas et se stabilise in extremis. Elle jure sur ces maudits talons qu'elle a été forcée de mettre – son patron ne supporte pas que ses employés viennent dans des tenues inappropriées, et pour lui inapproprié englobe tout ce qui n'est pas réglementaire et habillé –. Elle se repose quelques secondes pour se masser les chevilles, grimaçant en touchant la peau irrité autour des lanières de cuir qui les enserraient, puis replace son sac à main sur son épaule avant de reprendre sa route: plus vite elle parviendra chez elle, plus vite sa tête pourra se poser sur son oreiller.
Balançant ses longs cheveux bruns sur son épaule, elle s'avance à travers une nouvelle ruelle. Un sursaut lui échappe lorsqu'un chat saute sur l'une des grandes bennes à ordures à sa droite.
Tu débloques ma pauvre, se résonne t-elle en secouant la tête. Tu as regardé trop de films, que veux-tu qu'il t'arrive ? Si ce tueur en série n'est pas une invention de la police, tu serais bien la dernière qu'il voudrait assassiner.
Il ne lui reste plus que quelques pâtés de maisons avant d'enfin parvenir à son appartement. En passant à coté d'un arrêt de bus, elle se désole qu'ils ne passent jamais après minuit. Si elle avait pu prendre un, jamais elle n'aurait dû faire tout ce chemin dans le brouillard, et ses pieds ne lui feraient pas aussi mal. Je vais m'inscrire pour le permis, décide-t-elle soudain. Fini tous ces trajets, demain j'irai m'inscrire à cette foutue auto-école.
L'humidité fait friser les petits cheveux sur sa nuque, et elle est obligée de se frictionner les bras avec ses mains pour trouver un peu de chaleur. Une brume blanche s'échappe de sa bouche, et elle sent des frissons lui parcourir les jambes.
Soudain, une goutte tombe sur son front, son nez, et quelques secondes plus tard une pluie plus épaisse qu'un rideau de velours s'abat sur la ville. Elle jure deux ou trois fois et accélère le pas, en tentant comme elle le peut de rabattre son écharpe sur ses cheveux et son visage.
Plus qu'une centaine de mètres.
Mais alors qu'elle s'apprête à traverser la route, ne prenant même pas la peine de regarder de chaque coté tant l'endroit est désert, une force invisible décolle ses pieds du sol et elle est brutalement envoyée dans la ruelle qu'elle vient de quitter. Son dos émet un craquement en rencontrant brutalement un mur de briques, et des larmes lui montent aux yeux. Le bruit que fait son sac à main en tombant au sol résonne dans la nuit, et elle ne peut s'empêcher de sangloter en cherchant à se relever. Son corps tremblant retombe aussitôt et ses pleures redoublent d'intensité.
Au loin, elle croit entendre des pas, encore plus bruyant que le claquement de ses talons.
Formée par la lumière de la lune ronde, une ombre se forme petit à petit devant ses yeux, grandissant sur le mur qui lui fait face. Elle n'ose pas se retourner, des sueurs froides pleins le dos et ses dents claquant entre elles, mais n'en a de toute façon pas le temps.
Quelques secondes plus tard, son ventre se sépare de son bassin et une gerbe de sang éclabousse le mur. Son visage se fige dans une expression étrange, entre la douleur et la surprise, mais immédiatement la partie supérieur de son corps s'écroule au sol. Le reste suit quelques secondes plus tard.
Une flaque sombre se forme autour d'elle, coulant sur le bitume et fondant le givre qui le recouvre.
L'ombre s'approche d'elle, et l'arme qui vient de la trancher sans hésitation s'éclaire légèrement avant de prendre forme humaine. Le processus est rapide, naturel, bien maîtrisé. Elle se penche, la bouche ouverte et le regard avide, et dévore ce dont elle a besoin, ce qu'elle désire plus ardemment que n'importe quoi.
Elle avale goulûment l'âme de la défunte
Derrière elle, son maître la regarde avec un air satisfait. Lorsqu'elle se retourne, les seuls mots qui sortent de sa bouche ensanglantée sont :
– Plus. Donne m'en plus.
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Papermoon || KuroShou
Fanfic| Kuroo Tetsurou X Daishou Suguru | Fiction terminée | Un tueur en série rode dans les rues de la ville. La police est en alerte, et la douzième victime vient d'être retrouvée. Une victime dont l'âme a été dévorée. Parallèlement, Kuroo entre en deu...