𝟷 | 𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚚𝚞𝚊𝚝𝚛𝚎

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Bonne lecture !

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En se réveillant le lendemain, Kuroo regretta sa petite escapade pour deux raisons très simples. La première était qu'il était crevé au possible, que ses yeux se fermaient tout seuls, et que décidément son colocataire de chambré était bien trop heureux le matin.

– Aller bro', dépêche toi ou on va être en retard pour manger ! chantonna-t-il en appliquant son gel avec minutie.

Bokuto se rapprocha ensuite de son lit et lui vola sa couette, le poussant ainsi à grogner bruyamment. Il finit par se redresser, au bout de quelques minutes, pour se rendre dans la salle de bain, tout cela en marmonnant des injures.

La deuxième raison, quant à elle, était qu'à partir de maintenant et pendant au moins deux ou trois jours, il allait devoir éviter Daishou afin de ne pas avoir à se sentir gêner. Il n'avait pas voulu entendre cette conversation – avec qui avait-il bien pu se disputer comme ça ? – et Kuroo avait fait son possible pour ne pas y penser.

Bokuto frappa trois coups sur la porte de la salle de bain, mais ce fut la voix d'Oikawa que Kuroo entendit de l'autre côté :

– Tetsu-chan, je te préviens que si tu n'es pas frais et dispo' dans trois minutes, je te sors de là par la peau du cul, claironna t-il.

Et Kuroo savait que malgré ce ton joyeux, il n'hésiterait pas à mettre sa menace à exécution. Alors il se dépêcha.

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En passant devant le dortoir C, Kuroo fut étonné de voir Kenma en sortir. Enfin, pas vraiment étonné : il savait que son ami d'enfance rentrait à l'Académie cette année, mais il fut surpris de le rencontrer là.

Il indiqua à ses amis de partir avant lui, et de lui réserver une place à la cafet', puis s'avança vers le plus jeune pour le saluer. Kenma l'avait rapidement remarqué, même avec son casque sur les oreilles, et il l'attendait calmement, près d'un arbre. Lorsqu'il fut proche, le blond se redressa avec une petite moue discrète qui ressemblait vaguement à un sourire : ce devait être le plus grand élan sentimental dont il était capable.

– Kuroo, commença t-il en hochant la tête.

Étrangement, ce visage presque éternellement ennuyé lui avait manqué. Kenma était le fils de la meilleure amie de sa mère, et ils avaient presque grandi ensemble : malheureusement, leur année d'écart les avait souvent séparé à l'école, si bien qu'ils avaient fini par légèrement se perdre de vue.

– Kenma, répondit-il avec un sourire. J'aimerai beaucoup te dire que tu as grandi, mais...

Il le regarda de la tête aux pieds.

– Et moi j'aimerai beaucoup te dire que tu as mûri, mais...

Et il se contenta de le regarder dans les yeux. Kuroo laissa échapper un éclat de rire et s'avança pour le prendre brièvement dans ses bras. Comme il n'était pas particulièrement tactile, le garçon se contenta de lui tapoter le bras jusqu'à ce qu'il s'éloigne.

– Alors, la rentrée ? Plutôt cool, hein ?

Kenma hocha la tête.

– C'est une belle Académie, même si le directeur est un peu étrange. Hier soir, continua t-il les sourcils froncés, comme s'il se le remémorait, je l'ai vu glisser sur sa cape dans un couloir ; il a continué sa route comme si de rien n'était. Oh, et je pense que tu le sais, mais je commence les cours aujourd'hui.

Effectivement, Kuroo le savait. Autant pour les cours que pour le directeur ; ce dernier était très gentil, mais un peu dans la lune, et surtout pas mal maladroit. Il pouvait, l'espace d'un instant, posséder cet air un peu effrayant qu'il arborait dans les moments sérieux, avec son regard perçant, puis ensuite s'emmêler les pieds ou encore éternuer bruyamment, ce qui mettait immédiatement fin au moment.

– Je suis sûr que tu t'en sortiras très bien : t'as toujours été un petit malin. En fait, je suis certain que ton arme viendra très vite à toi.

Brièvement, il se demanda à quoi pouvait bien ressembler la marque de Kenma. Simple et discrète, comme lui, mais marquante et affirmée, très certainement. Cela n'avait pas grand sens, mais une telle chose devait bien exister.

Mais soudain, Kenma pencha la tête sur le coté, les yeux plissés. Il sembla hésiter quelques instants, puis finalement lui dit doucement, comme s'il attendait sa réaction :

– Et bien, à vrai dire... j'ai déjà trouvé mon arme.

Quoi ?

– Quoi ?

Kuroo le regarda avec des yeux ronds.

– Hier, juste avant la cérémonie d'accueil. Il est dans ma chambre.

Il ne répondit rien, mais sentit tout de même sa poitrine se serrer un peu. Kenma était en première année, à l'Académie depuis deux jours à peine, et il avait déjà....

– Un peu trop énergique, peut-être, continua t-il prudemment. Il a du mal à se canaliser, et hier soir j'ai presque du l'assommer pour pouvoir dormir. Mais il est gentil et intéressant. Et fort, je le sens. Alors...

Le plus jeune semblait presque gêné devant le mutisme de Kuroo. Au bout de quelques secondes de silence, tandis que son ami le fixait sans rien dire, ce dernier finit par libérer un léger sourire qui n'atteignit pas ses yeux.

– Je suis content pour toi, affirma t-il.

Et il l'était.

– C'est quoi son nom ?

– Shoyo.

– Va falloir que tu me le présentes.

– J'imagine oui.

Kenma le regardait curieusement à présent, et cela le mit mal à l'aise. Il fit un pas en arrière.

– Bon, faudrait que j'aille les rejoindre avant que Bokuto ait dévoré toute la nourriture de la cafet' ; les cantinières le trouvent adorable alors elles lui donnent toujours du rab'.

Il s'excusa avec un petit sourire, puis tourna les talons en marchant de plus en plus vite. Mais même en s'éloignant, il put encore sentir le regard de son ami d'enfance sur lui, brûlant son dos. Kenma avait toujours eu le don le voir en lui – et en tout le monde, d'ailleurs – mais cette fois il en éprouva de la honte.

Je suis content pour lui. Il le mérite. Ce Shoyo est certainement quelqu'un de bien.

Mais même en sachant que tout cela était vrai, il ne put s'empêcher de ressentir cette jalousie, tapie au fond de lui.

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Papermoon || KuroShouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant