𝟼 | 𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚚𝚞𝚊𝚛𝚊𝚗𝚝𝚎-𝚚𝚞𝚊𝚝𝚛𝚎

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Bonne lecture !

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Oikawa Tooru observait l'horloge de sa chambre d'internat depuis plusieurs longues minutes. Assis dans le lit d'Hajime, les bras de son ami passés autour de sa taille, il attendait que les aiguilles se rejoignent. À ses cotés, son partenaire s'était finalement endormi, et respirait doucement contre son oreiller.

Cela faisait des heures qu'ils étaient rentrés, et Tooru n'avait désiré parler à personne. Il s'était rendu dans sa chambre, et avait regardé les murs pendant un bon moment avant qu'Iwaizumi ne le rejoigne timidement, et ne le prenne dans ses bras.

Il s'était excusé, plusieurs fois, et Tooru ne comprenait toujours pas pourquoi.

Hajime n'y était pour rien. Sa sœur n'y était pour rien. Et même si cela lui faisait mal de le reconnaître, même lui n'y était pour rien. Le seul coupable était le Soul Eater.

Quand sa mère était arrivée à l'hôpital, Chiaki n'avait toujours pas repris conscience et il n'y avait aucun signe de changement. Elle dormait, tout simplement, en attendant d'être assez forte pour supporter les événements. En voyant son fils amorphe à coté du lit, elle lui avait ordonné de rentrer à l'Académie et de laisser les médecins s'occuper de sa sœur. Étonnamment, il n'avait pas contesté plus que ça. Qu'avait-elle ressenti ? Comment cela s'était-il passé ? Il avait appris plus tard que son équipe avait trouvé la veille l'endroit où le Soul Eater se cachait, et c'était en rentrant de mission que sa sœur s'était faite attaquer.

Oikawa avait eu du temps pour y penser. Pour l'imaginer. Et à présent, plus que la tristesse ou le soulagement, c'était la rage qui primait sur toute autre chose. Un peu plus tôt, il avait bloqué le lien émotionnel qui le liait à son partenaire, afin que ce dernier ne puisse pas sentir ce qu'il comptait faire. Il savait qu'Hajime était épuisé, après avoir passé des nuits à s'inquiéter de le voir sortir, et des jours à se ronger les sangs. Cette journée avait également été éprouvante, et ils avaient pleuré ensemble quelques minutes : à présent, son meilleur ami dormait à poings fermés, et il comptait bien profiter de ce moment.

Sans faire de bruit, il dégagea le bras qui l'entravait en le plaçant sur le coté, puis s'extirpa des couvertures. Le sol froid sous la plante de ses pieds lui fit du bien, apaisant suffisamment sa colère pour qu'il retrouve un esprit froid et décidé : ses pouvoirs, qui s'agitaient au creux de son ventre, semblaient lui hurler de les laisser se déchaîner. La glace, le givre, tout cela faisait chuter son sang de plusieurs degrés, et une fois devant la porte, il attendit debout en silence, ses chaussures aux pieds.

La trotteuse de l'horloge s'avança, encore un peu, puis quand elle rejoignit les autres Oikawa ouvrit la porte et s'engouffra dans le couloir.

– Désolé Iwa-chan, chuchota t-il. Mais c'est un mal pour un bien.

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Kuroo n'avait pas l'impression d'avoir de corps. Il volait, seul au milieu des rues enneigées, surplombant la ville silencieuse comme un oiseau. Il ne sentait ni le vent ni les flocons, et voir ces avenues sombres sans lumières lui donna envie d'aller les effleurer du bout des doigts.

Soudain, sans qu'il n'ait vraiment eu l'impression de le désirer, il se sentit perdre de la hauteur et s'approcher à toute vitesse de l'une des rues perpendiculaires à l'Académie. Il la voyait au loin, imposante même au milieu de tous ces immeubles, mais ne put l'atteindre tant il se rapprochait dangereusement du sol. Quand il se glissa entre les premiers bâtiments, la blancheur de la neige le frappa brusquement et il se rendit compte que la ville était en noir.

En noir et blanc.

Il eut soudain très peur, mais même en priant pour qu'il se mette à remonter rien ne changeant et il ralentit jusqu'à presque s'arrêter, à tout juste quelques mètres du sol.

Son champ de vision rétrécit étrangement, et descendit jusqu'à ce que ses yeux – où ce qui lui servait à voir – soient fixés sur la neige, juste en dessous de lui.

Un immense malaise le prit quand il constata ce qui se trouvait dans la neige.

Lui. Kuroo Tetsurou.

Allongé en plein milieu de la route, à demi recouvert de flocons, ses vêtements trempés collant sa peau presque translucide, il semblait mort. Mais étrangement, ce ne fut pas la vue de son propre corps qui lui donna des sueurs froides.

Tout autour de lui s'étendaient des dizaines et des dizaines de roses rouges – vraiment rouges, au milieu de tout ce noir et ce blanc – et ressemblaient à s'y méprendre à du sang. La marque imposée sur son poignet semblait brûlée, raturée, et la belle couleur vive qui s'y trouvait habituellement avait perdu de sa splendeur.

La rose était morte.

Et sans doute Kuroo l'était-il aussi.

– Kuroo ! Debout espèce d'abruti !

Il se réveilla dans un sursaut, le visage de Daishou penché sur lui.

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Papermoon || KuroShouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant