𝟸 | 𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚝𝚛𝚎𝚒𝚣𝚎

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Bonne lecture !

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Assise dans les gradins, Mika regardait les entraînements avec un petit air admiratif. Une chaleur moite avait envahi le gymnase, et l'odeur de sueur des combattants en contre bas commençait à faire grimacer Daishou.

– Même au bout d'un an, je ne comprends toujours pas pourquoi t'aimes venir ici. Tu ne t'entraînes même pas.

– Je m'entraîne, je te signale. J'aime juste le faire dehors, à l'air libre. Yachi est d'accord avec moi.

Il leva les yeux au ciel.

– Elle dit oui a tout ce que tu lui demandes, alors ce n'est pas un argument.

– Elle est simplement gentille, se défendit-elle. Ne sois pas jaloux, Suguru.

Il renifla d'un air dédaigneux.

– T'as peut-être trouvé ton arme, mais elle ressemble bien plus à un animal de compagnie qu'autre chose.

Elle éclata d'un rire clair.

– Yachi est adorable, tu ne peux pas me dire le contraire. Peut-être que si tu faisais un effort, alors tu pourrais trouver ton Meister, toi aussi.

La jeune femme lui fit un petit sourire entendu, mais il détourna les yeux pour se concentrer à nouveau sur les combats. De l'autre coté, Kuroo se fit mettre à terre.

Bien fait, pensa t-il avec un contentement enfantin. Le voir se faire botter les fesses l'avait toujours réconforté.

– Je vois qu'un combat t'intéresse plus que les autres, avança Mika en suivant son regard.

Son sourire indiqua à Daishou tout ce qu'il avait besoin de savoir, et il devina aisément qu'il n'avait aucune envie de se risquer sur cette pente dangereuse avec sa meilleure amie. Elle connaissait tout de lui, et même si jamais elle ne le forcerait à quoi que ce soit, cela ne l'empêchait pas de faire ces insinuations dérangeantes.

– Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit-il simplement, sans pour autant détourner le regard.

Certes, il aimait bien les voir se battre. Et après ?

– Moi je crois que tu vois très bien de quoi je parle, mais soit. Fais donc l'aveugle, mon pauvre, après tout ce n'est pas mon problème.

Elle les observa en silence un instant, puis :

– Il est fort, non ?

– Iwaizumi est le meilleur des deuxième et des première année.

– Je ne parle pas de lui, abruti. Kuroo, précisa t-elle.

Sur le coup, il se contenta de croiser les bras sur sa poitrine.

– Il est en train de se faire battre, crut-il bon de remarquer. Je ne vois pas en quoi tu peux dire qu'il est fort.

Sur les tapis, Kuroo réussit à se dégager et à inverser leurs positions. Mika ricana.

– Ouais, ça s'est sûr qu'il va finir par manger son pied dans pas longtemps. En attendant, il réussit à lui tenir tête et ce petit con est plutôt agile. Ses muscles ne sont pas trop mal, quand on y regarde bien.

– Arrête de mater, espèce de vicieuse, sourit-il.

– Avoue quand même qu'il a des capacités. Regarde, tu vois les filles du premier rang, là bas ? J'en ai entendu plusieurs affirmer qu'elles donneraient n'importe quoi pour essayer de combattre avec lui. Apparemment, il s'est déjà fait sa petite réputation parmi les première année.

Daishou grimaça.

– Même avec sa coupe de cheveux ?

– Elles disent que ça lui donne un style.

– Bon dieu de merde.

Il secoua la tête. Cette génération était d'ores et déjà perdue.

Passant quelques secondes dans un silence approximatif – la foule autour d'eux était bruyante – il manqua de sursauter lorsque Mika se rapprocha et passa son bras sous le sien.

– Tu devrais essayer, dit-elle de but en blanc. Un jour. Tous les Meisters ne sont pas comme lui, et je sais que tu le sais aussi.

Il tenta de tourner la tête vers elle, mais Mika le força à regarder devant lui.

– Tu es un mec bien.

– Je sais.

– Et tu mérites quelqu'un de bien.

– Je sais aussi.

Elle acquiesça. De bonnes minutes plus tard, Kuroo déclara forfait et Iwaizumi l'aida à se relever. Lorsque Daishou fit glisser son regard jusqu'à l'entrée du gymnase, il remarqua qu'Oikawa se tenait là, discret, et observait ses deux amis avec un air impassible. Les bras croisés, il s'était légèrement décalé derrière l'une des personnes qui se trouvait là, et était donc invisible aux yeux de ceux présents en bas.

– Qu'est-ce qu'il fait ? se demanda t-il à voix haute en fronçant les sourcils. Il se cache de qui, comme ça ?

Mika fit de même, puis finit par remarquer le jeune homme.

– Apparemment, le troisième année remet ça, dit-elle. Le Meister.

– Ushijima ? Ça m'étonne pas vraiment. En fait, le plus surprenant dans l'histoire ça doit être le temps qu'il a mis avant de revenir.

La jeune femme pencha la tête sur le coté.

– Les première année ne comprennent rien. Moi non plus d'ailleurs. Pourquoi est-ce que celui qui sera sûrement le major de promo de cette année s'embête autant avec un deuxième année ? Je veux dire, moi aussi je l'aime bien, mais...

Daishou ne put retenir un petit rire, puis se penchant en avant pour poser ses coudes sur ses cuisses. Il fixa Iwaizumi quelques instants.

– Ils se battent tous les deux pour Oikawa. Parce qu'il est doué, certes, mais pas que.

– Ah bon ? railla t-elle. Pourtant j'aurais cru qu'avoir une arme capable de geler une armée entière pourrait être un motif suffisant.

Il lui donna un petit coup d'épaule et elle le lui rendit.

– C'est sûr. Mais Oikawa est aussi un vrai aimant : il est peut-être chiant et un peu con sur les bords (non, vraiment, je me demande comment il fait pour avoir d'aussi bonnes notes avec le peu de bon sens qu'il a dans le cerveau), mais en attendant, je pense que....

La jeune femme attendit, puis en voyant qu'il ne comptait pas continuer, se pencha également en avant pour rencontrer son regard.

– Tu penses que quoi ?

– Que si j'avais été un Meister, moi aussi je me serais battu pour lui.

– Même si Iwaizumi est clairement le seul être capable de le contrôler ?

– Ouais. Et je pense que c'est ça le problème. Peu importe les obstacles, il nous donne l'impression que ça vaut forcément le coup.

Mika le regarda avec des yeux ronds, la gorge serrée. Car derrière ces paroles, elle reconnut sans difficulté ce qu'il essayait de dire, le message qu'il essayait de faire parvenir. Et surtout, dont il avait l'air si certain.

Oikawa était un gars qui valait la peine qu'on se batte. Mais pas lui. Pas Suguru

Reportant son attention sur le terrain, elle glissa silencieusement sa main dans la sienne. Plus de questions ou de suggestions pour aujourd'hui, il avait eu son compte.

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Papermoon || KuroShouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant