𝟼 | 𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚝𝚛𝚎𝚗𝚝𝚎-𝚗𝚎𝚞𝚏

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Bonne lecture !

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La première pensée qui traversa Kuroo en entrant dans la salle de colle ce soir là fut : pourquoi diable y a t-il autant de monde ? Puis tout de suite après Je rêve où la seule place restante est à coté de Daishou ?

Il resta immobile dans l'embrasure plusieurs secondes jusqu'à ce que le professeur Ukai – et bien sûr que ce devait être lui, depuis quand Kuroo avait-il de la chance ? – lui dise d'aller s'asseoir. Il traîna des pieds jusqu'à la place libre, en faisait très attention à ne pas croiser le regard de Daishou : il n'avait vraiment pas la force de s'engueuler avec lui aujourd'hui, surtout pas après avoir compris que son ami d'enfance arrêtait ses études et partait s'enfermer chez lui jusqu'à ce qu'il se sente mieux, si cela arrivait un jour.

Il s'installa en silence et sortit ses affaires, observant autour de lui tout en se demandant pourquoi diable tous les élèves de cette Académie avaient-ils décidé de se faire coller le même soir que lui. Baissant les yeux sur sa feuille, Kuroo se mit à griffonner dans un coin et se demanda quelle sensation pouvait-on ressentir en perdant son partenaire. À présent, il ne savait même plus s'il voulait la trouver, son âme sœur, car lui ne pourrait jamais réchapper d'une pareille douleur, il le sentait.

Soudain, alors que le professeur leur écrivait les exercices à faire sur le tableau, la voix de Suguru lui demanda, chuchotante :

– J'ai appris que tu t'étais excusé auprès de Keiji ?

Il n'entendit aucune moquerie, mais Kuroo resta tout de même sur ses gardes. Il tourna doucement la tête, et constata que l'autre paraissait concentré sur ce qu'il griffonnait.

– Ouais, répondit-il en se passant une main sur la nuque. Je... j'ai vraiment agi comme un con, et... en fait Akaashi est plutôt sympa, non ? C'est juste que... c'est Bo' quoi. Mon meilleur ami.

Il recopia à sons tour les maths, ne s'attendant pas vraiment à ce que Daishou réponde encore quelque chose, mais fut étonné d'entendre :

– Je crois qu'Hinata était l'arme de ton ami, non ? Je suis désolé.

La mâchoire de Kuroo se décolla et il se retourna vers Suguru, les yeux écarquillés et les sourcils haussés. Venait-il vraiment d'entendre.... ? Son visage avait l'air sérieux, pas vraiment près à une fois de plus se moquer de lui, mais il n'y croyait tout de même pas. Cela cachait forcément quelque chose, non ?

– Il avait l'air... complètement détruit, avoua t-il à voix basse, pas vraiment sûr de pourquoi il continuait de lui répondre. Pour être honnête, je n'avais pas imaginé qu'être partenaire avec quelqu'un était aussi...

Il ne savait pas quel mot employer pour définir sa pensée, mais fut soulagé de voir Daishou hocher la tête, comme s'il comprenait ce qu'il venait de dire – et qu'il approuvait, peut-être un peu trop vivement pour le coup –.

– Ouais.

Kuroo lui lança un coup d'œil.

– Et... Akaashi ? Ça va ? Il était ami avec lui, non ?

– Ça... ne va pas fort, je crois. Il ne parle pas beaucoup, mais ça se voit.

Kuroo laissa échapper un petit « hmm, je me doute », ne sachant pas vraiment quoi dire. La pièce était silencieuse, et en balayant les autres élèves du regard il put constater qu'ils paraissaient tous fatigués.

– Ton ami n'aurait pas souffert comme ça sans ce lien, marmonna Daishou à coté de lui.

En se retournant vers lui, les sourcils froncés, Tetsurou crut avoir mal entendu.

– Quoi ?

– Sans ce foutu lien entre Meister et arme, ton ami n'aurait pas souffert comme ça, répéta t-il en levant les yeux pour rencontrer son regard.

Kuroo mit quelques secondes avant de réellement comprendre ce que cet imbécile voulait dire, et se mit immédiatement à serrer son stylo dans sa main.

– Qu'est-ce que tu veux dire ? Pourquoi tu me parles du lien maintenant ?

– Quoi, t'y as jamais pensé toi ?

– De quoi ? Que si un jour un malade tuait un de mes potes à Noël dans une rue déserte, j'avais qu'à ne pas être ami avec lui ?

Daishou claqua la langue et secoua la tête, comme si Kuroo était vraiment le dernier des abrutis pour ne pas comprendre ce qu'il entendait.

– Je peux t'assurer que jamais tu ne ressentiras la même chose que des personnes qui partageaient un lien. Cette merde te rend dépendant, à tel point que vivre seul après coup reviendrait à rester bloquer dans un lit d'hôpital alors que ta plus grande passion c'est la course.

Sa voix avait peu à peu prit du volume, mais Kuroo ne le remarqua même pas, trop aberré par ce qu'il entendait. Devant eux, le professeur Ukai fronça les sourcils dans leur direction et quelques élèves se retournèrent.

– Et comment tu peux savoir tout ça au juste ? Aux dernières nouvelles, t'as pas de partenaire non plus, alors qu'est-ce qui te fait penser qu'avoir un partenaire est ce qui peut t'arriver de pire dans la vie ?

Il ne comprenait pas. Il ne comprenait vraiment pas comment quelqu'un pouvait penser ça, surtout en ayant des dizaines d'exemple qui prouvaient le contraire juste sous ses yeux, tous les jours. Suguru plissa les yeux, et le poing de Kuroo se serra davantage.

– Tu veux savoir ce qui me fait dire ça ? Imaginer que quelqu'un puisse t'avoir toi comme partenaire, c'est pas une preuve suffisante peut-être ?

Et là, le coup partit tout seul.

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Papermoon || KuroShouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant