𝟷 | 𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚞𝚗

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Bonne lecture !

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Lorsque Kuroo posa les yeux sur l'immense structure qui lui faisait face, il ressentit presque immédiatement cet étrange sentiment de familiarité. Traînant sa grosse valise rouge derrière lui, il la fit rouler jusqu'à l'immense portail. Au loin, sa mère secoua une derrière fois la main dans sa direction puis remonta dans la voiture.

Elle démarra presque immédiatement et il la regarda disparaître derrière les grands arbres de l'allée.

Sans attendre plus longtemps, Kuroo fit volte-face et s'engouffra dans l'Académie. Une immense masse d'élèves se dirigeait au même endroit que lui, et Kuroo se perdit aux milieux des autres. Avant de se rendre à la cérémonie de bienvenue, tous les internes devaient prendre le chemin des dortoirs afin de poser leurs bagages et repérer leurs chambres. Kuroo l'avait déjà fait l'année précédente, ainsi il n'eut pas besoin de demander son chemin pour s'y rendre, contrairement aux première année qui avaient presque tous ce petit air perdu sur le visage.

En arrivant devant le panneau, Kuroo y jeta un rapide coup d'œil – chambre 107, ce qui voulait dire qu'il était dans le bâtiment le plus au nord et le plus reculé – puis prit le chemin qui s'imposait. Le temps d'arriver à destination, trois nouveaux élèves lui demandèrent de l'aider et il aiguilla le plus mal poli dans le sens inverse.

Le bâtiment F était le plus vieux internat de l'Académie, et souffrait souvent de coupure d'eau chaude et de fraîcheur non désirée dans les chambres les moins bien isolées ; pourtant, c'était également là que la sécurité et la rigueur était la plus lâche, si bien que les élèves étaient beaucoup plus libres qu'ailleurs.

Montant les trois étages qui devaient le mener à sa chambre, Kuroo jura plusieurs fois en traîna sa lourde valise derrière lui, insultant ces foutus escaliers qui ne pouvaient décidément par être droits et réguliers, non ça serait trop simple bordel de merde. Lorsqu'il parvint enfin devant la porte, il était légèrement essoufflé.

– Et c'est avec cette forme d'asthmatique que tu comptes devenir Meister ? Navrant.

Ses muscles se tendirent immédiatement, et tandis qu'il se retournait pour faire face au propriétaire de cette voix si irritante, ses yeux se plissèrent.

– Et bien, cette coiffure immonde ne m'avait absolument pas manqué pendant les vacances, continua Daishou avec un air faussement dégoûté.

Adossé au chambranle de sa porte – qui était juste en face de la sienne ! – Daishou le toisait avec un air satisfait.

– C'est toi qui ne m'avait pas manqué, à vrai dire, rétorqua Kuroo. Et je ne veux pas avoir de leçons capillaires à recevoir de quelqu'un qui a un paquet d'algues sur le crâne.

Soudain, alors que la main de Kuroo était toujours posée sur la poignée de la porte, celle-ci s'ouvrit brusquement. Il se prit le bois dans le nez, et la voix enjouée d'Oikawa résonna dans le couloir.

– Je vois que vous nous avez épargné vos retrouvailles, comme c'est attentionné ! Kuroo, tu m'as l'air d'avoir un peu bronzé. Toi par contre, dit-il en se retournant, tu es toujours blanc comme une fesse.

Daishou sourit, presque heureux de tomber sur Oikawa.

– C'est ça, moi aussi je suis ravi de te revoir, espèce de couillon. Et soit dit en passant : tu as exactement la même couleur de peau que moi.

Tooru ricana.

– Ma peau possède la fraîcheur et la candeur de la porcelaine. La tienne, en revanche, a la même couleur que la cuvette des WC.

Kuroo leva les yeux au ciel.

– Bon, sinon je peux savoir ce que tu faisais dans ma chambre ? Je te préviens si tu as déjà mis quelque chose sur mon matelas...

– Mais non, ne sois pas bête. Je venais juste faire chier un peu Bokuto parce que sa bonne humeur me met de mauvais poil : qui est aussi heureux le jour de la rentrée ?

Et bien, si Kuroo se fiait à ce qu'il voyait, son ami n'avait pas non plus l'air déprimé : il savait peut-être contrôler les expressions qu'il adoptait – notamment grâce à ce rictus sarcastique qui composait 90% de sa personnalité – mais ses yeux pétillants leur indiquaient tout ce qu'il avait besoin de savoir. Il était ravi de revenir.

– Ça va les abrutis, je vous dérange pas ?

Au bout du couloir, venant directement de l'étage du dessous, Mika les salua d'une tape dans la main chacun, puis passa devant eux. Elle fit une sorte de check étrange à Oikawa, lui claqua la fesse droite, et s'avança finalement jusqu'à Daishou. Mika passa son bras sous le sien en repoussant ses cheveux rouges fraîchement colorés derrière son épaule.

Elle leur offrit un sourire éclatant.

– Je suis désolée de t'interrompre, fit-elle d'un ton pas désolé du tout, avec un petit regard amusé en direction de Kuroo, mais ça va faire un moment que j'ai pas vu mon meilleur ami et j'ai des choses à lui dire. Des potins. Fin', vous connaissez la chanson.

Puis sans un mot de plus et sous les fausses complaintes de Daishou qui la suivit tout de même tranquillement, elle l'entraîna vers la porte du couloir, et ils disparurent.

Kuroo fixa la porte quelques secondes avant de soupirer.

– J'ai faim, grogna t-il. Je sais que Bo' a des gâteaux.

– Il en a, confirma Oikawa. Je viens de lui en piquer. Super bons, d'ailleurs.

Et soudain, alors qu'il s'apprêtait à retourner dans leur chambre, sûrement dans le but de piquer quelques gâteaux de plus, il laissa échapper un grand sourire, les yeux dans le vague. Oikawa parut ailleurs, l'espace de quelques secondes.

Le regard de Kuroo se posa vers la nuque de son ami, endroit où – il le savait – se trouvait la marque qui le reliait à son ami d'enfance, Iwaizumi. Une petite feuille, aussi blanche que la neige.

– Iwa-chan est arrivé, affirma Oikawa en remettant les pieds sur terre. Je vais aller l'aider à monter sa valise, à plus tard !

Même en sachant parfaitement qu'Iwaizumi Hajime n'avait besoin de l'aide de personne pour monter une toute petite valise – et certainement pas de l'aide d'Oikawa – il se contenta de hocher la tête en le regardant repartir.

Ces deux là avaient un lien vraiment effrayant parfois. Comme de la télépathie, une relation qui se passait de mot.

Kuroo soupira, les lèvres pincées, et se contenta de tourner les talons. Il rentra dans sa chambre.

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Papermoon || KuroShouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant