𝟺 | 𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚚𝚞𝚊𝚝𝚛𝚎

492 107 36
                                    

Bonne lecture !

__________________

Akaashi Keiji l'avait suivi bien trop facilement, comme déjà résolu. Il marchait à ses cotés d'un pas lent et mesuré, droit, et même Bokuto pouvait voir à quel point son éducation ressortait dans ses gestes. Lui avait eu le droit à quelques coups sur les doigts lorsqu'il se mettait à table sans s'être lavé les mains, ou bien alors lorsqu'il parlait trop fort en public. Mais il pouvait bien voir qu'Akaashi avait été élevé avec sévérité et rudesse ; cela lui rappela Oikawa, mais il ne fit pas de commentaire.

Lorsqu'Akaashi était apparu dans l'embrasure de sa salle de classe, il avait fixé Bokuto plusieurs instants, puis avait affirmé qu'il voulait discuter dans un endroit plus tranquille. Le concerné avait réfléchi, et s'était finalement dit que le gymnase serait un bon endroit ; la pause déjeuner venait tout juste de commencer, et les troisième année passaient les leurs à réviser. Peu de monde s'entraînait le midi, et à cette heure-ci la cafétéria devait être bondée. À un moment, il aurait très certainement pu y trouver Oikawa et Iwaizumi, mais il avait l'impression que ces deux là passaient de moins en moins de temps ensemble. Cela commençait d'ailleurs à les inquiéter, Kuroo et lui.

Ils dépassèrent le dernier bâtiment avant le gymnase, remontant la foule qui se rendait dans le sens inverse, quand tout à coup l'épaule de Bokuto tapa contre quelqu'un. La personne grogna, s'arrêta, et leva les yeux vers lui.

– Pardon, s'excusa Kotaro.

Il lui semblait que le garçon dans lequel il venait de rentrer était un troisième année. Son visage fin et ses cheveux d'une couleur étrange lui dirent quelque chose, puis il se souvint : il voyait souvent son groupe assis dans les gradins du gymnase, à se moquer des échecs des première année, et au fil des jours il avait fini par retenir leurs visages.

Le garçon renifla avec dédain, pas vraiment impressionné par la taille de Bokuto, puis son regard glissa doucement en direction de Keiji. Ses yeux s'agrandirent, et un sourire étrange naquit sur ses lèvres.

Kotaro fronça les sourcils.

– Tu es Akaashi Keiji, non ? Je ne savais pas que tu étais un premier année ici, maintenant.

Le concerné fronça les sourcils à son tour, perdu. Il ne semblait pas vraiment le reconnaître, si bien que l'inconnu crut bon de préciser, alors la foule autour d'eux commençait à disparaître :

– Je m'appelle Konaha.

Son sourire avait quelque chose d'étrange, et lorsqu'il continua, Bokuto put voir le visage de Keiji perdre ses couleurs.

– Je suis un ami de Futakuchi.

Les lèvres pincées de Keiji devinrent encore plus blanches, et il recula d'un pas. C'était un geste discret, simplement de quelques centimètres, mais cela poussa le Meister à se placer devant lui afin de faire écran avec son corps. Étrangement, cette situation l'irrita profondément, sans vraiment qu'il sache pourquoi. Il avait presque l'impression de... voir les émotions du plus jeune.

– Je ne sais pas ce qui se passe, affirma t-il, mais je pense que tu devrais continuer ton chemin. Il ne veut pas te parler.

Pendant un moment, il eut peur d'avoir outrepassé ses droits en parlant pour lui, mais lorsqu'il lui lança un regard, le visage de Keiji lui parut reconnaissant. Étonné, mais reconnaissant.

– Quoi, t'es son partenaire, c'est ça ? Vous avez pas l'air d'avoir de lien, donc je vais te prévenir tout de suite : tu devrais partir pendant qu'il en est encore temps.

Bokuto avait l'impression que ce gars venait de sortir d'un vieux film pour adolescent. Que comptait-il faire, avec ça ? L'intimider ? Il était si petit qu'un simple coup de pied l'aurait envoyé au sol. Mettre Akaashi mal à l'aise ? Trop tard, il sentait bien que ce dernier l'était depuis qu'ils s'étaient arrêtés.

– Tu risques d'être déçu, affirma t-il, presque fier de lui. Mon ami avait un contrat qui le liait à lui (il désigna Akaashi du menton) et je t'assure qu'il a très vite déchanté. En fait, il –

– Je m'en fiche.

Konoha s'arrêta, presque étonné de s'être fait couper la parole, mais Bokuto s'avança.

– Je m'en fiche complètement. À vrai dire, je ne sais pas qui tu es. Et je sais pas qui est la personne dont tu parles. Mais à mon avis, mettre les autres mal à l'aise montre juste que tu as des problèmes de confiance en toi.

Ce n'était pas tout à fait les termes qu'Oikawa avait employé, alors qu'il avait méchamment envoyé paître un troisième année qui s'était mis à dénigrer Iwaizumi. Mais cela y ressemblait, alors Bokuto rajouta avec honnêteté :

– Tu devrais aller dans des bars à chats, ça détend apparemment.

Kuroo en était fan, même s'il ne l'avouerait jamais.

Konoha le regarda avec des yeux ronds, comme s'il essayait de comprendre le sens de cette conversation, puis en comprenant que Bokuto venait tout juste de l'insulter à demi-mots – ce qui n'avait pas du tout été son intention première, la proposition avait été on ne peut plus sincère – serra le poing, comme s'il allait le frapper.

En voyant cela, le Meister croisa les bas sur sa poitrine et haussa un sourcil.

Finalement, Konoha se rétracta et cracha avant de partir :

– Tu sais quoi ? Reste avec lui, tu verras bien par toi même. Personne ne voudrait de ça.

Puis il alla se perdre à nouveau dans la foule, en direction de la cafétéria.

_______________________

🌹

Papermoon || KuroShouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant