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J'allai ensuite rejoindre mes parents dans la cuisine pour le petit déjeuner, j'eus droit à une boutade de mon père sur ma mine affreuse mais Mathilde lui fit discrètement signe de se taire. Elle était devenue suffisamment proche pour pouvoir avoir se genre de complicité avec mes parents, complicité qui s'était doucement installée entre eux, sans même que je me rende compte de quoi que ce soit, ce qui tentait à prouver qu'elle n'était pas une mauvaise personne, je fus totalement soulagée cette fois. Une fois le petit déjeuner avalé, je lui montrai l'appartement que j'avais trouvé, elle décida d'appeler ce matin même, se moquant du fait que nous soyons dimanche, personnellement je trouvai cela un peu impoli mais ne dit rien face à son engouement. La personne qui gérait la location ne répondit évidemment pas et Mathilde fut un peu déçue. Ce fut à mon tour de la consoler en la prenant, ce qui se termina par un câlin. Ravie de constater que nous étions toujours en harmonie, je me traitais d'idiote d'avoir pensé du mal de ma petite amie. Nous allâmes ensuite à la douche puis quand je lui demandai ce qu'elle avait prévue de faire de la journée, elle me dit qu'elle avait envie d'aller voir sa sœur, me demanda même de l'accompagner, j'acceptai. J'allai instinctivement monter dans ma voiture, ma petite amie me retint et nous fîmes le court chemin à pied, nous tenant par la main. La maison de sa mère n'avait pas changée, du moins elle ne s'était pas embellie. Cette dernière n'acceptant pas notre relation, j'évitais d'entrer avec ma copine, sauf si cela était indispensable. Ce matin, elle refusa de me lâcher en arrivant devant chez elle, je fus donc obligée de faire face à son horrible mère qui me lançait des regards de travers dès qu'elle le pouvait. La petite Karine, elle, fut plus qu'heureuse de me voir et voulut me montrer sa nouvelle poupée, que j'avais déjà vu l'ayant achetée avec sa sœur, mais la plus grande des deux filles refusait toujours de me lâcher la main.« Je vais partir, dit-elle froidement à sa mère.

– Et tu reviens quand que je prévois ton couvert ?

– Je ne reviendrai pas. Du moins pas pour manger mais juste pour te voir.

– Oh, et bien bon vent !

– Je prendrai Karine tous les week-ends aussi. Hors de question qu'elle reste seule avec toi.

– Je vais pas laisser ma petite fille avec deux... »

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, Mathilde lui cria de la fermer si fort que la vieille dame aigrie se tut sous le choc. Ma petite amie ne lui laissa pas le temps de se ressaisir et continua. 

« Elle passera ses fins de semaine chez deux filles équilibrées, qui ne boivent pas, ne passent pas leur journée assise à un comptoir crasseux du cinq au quinze du mois, elle ne te verra pas rentrer ivre, elle mangera à heure fixe et de vrais repas ! »

Tout en parlant, la voix de ma copine montait dans les aigus alors que sa petite sœur m'avait attrapé la main libre et commençait, tout comme son aînée, à la serrer douloureusement. On se dirigeait droit vers une crise familiale et je n'avais pas envie que la petite voit sa mère et sa sœur se disputer une nouvelle fois, je lâchais donc Mathilde qui comprit mon intention sans que je ne lui souffle un mot, et prit Karine pour qu'elle me montre sa merveilleuse poupée. Stressée, elle eut un peu de mal à se détendre mais une fois la dispute en cours oubliée, elle me montra sa Barbie, en la faisant voler un peu partout dans sa chambre comme le ferait n'importe quelle petite fille de quatre ans. Dans la salle, le son de la discorde s'était un peu tari grâce à la porte fermée, je pouvais deviner qui parlait mais ne comprenait ce que disait les voix, juste que ma petite amie était super énervée, l'avais-je déjà vue ainsi ? J'avais beau me souvenir de quelques petits conflits entre nous, jamais elle n'avait hurlé comme ça, heureusement. Une fois que le volume sonore fut redescendu, la petite Karine et moi retournâmes au salon. Les deux femmes étaient chacune assise dans un coin et la tension qui régnait entres elles était presque palpable. Ma copine nous regarda arriver et prit la petite contre elle pour lui expliquer que nous cherchions un maison pour la prendre les week-ends, je me demandai si elle comprenait mais elle avait l'air contente quand elle comprit qu'elle passerait du temps avec nous. Le sourire de la gamine était aussi grand que la tronche que tirait sa mère, on voyait clairement sa désapprobation sur le visage de la vieille femme. Ma chérie elle souriait tout autant que sa sœur et moi, dans mon coin je ne savais pas quoi penser de tout ça. Nous finîmes par rentrer, toujours en se tenant par la main, surtout pour dégoûter un peu plus mon affreuse belle-mère qui grimaçait en nous voyant faire. Sur le chemin, Mathilde me dit qu'elle venait de réaliser un de ses rêves, dire ses quatre vérités à sa mère, je fus surprise du ton joyeux sur lequel elle me le dit.

Jour de PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant