Jour de Pluie

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Nous descendîmes alors toutes les deux, Alexandra et moi, puis nous dirigeâmes vers le coin où Mathilde attendait habituellement que je sorte. Cette dernière fut surprise de me voir arriver en avance et le fut encore plus quand elle vit que j'étais accompagnée. Elle m'embrassa rapidement en lançant un regard noir à ma collègue puis me demanda si je repartais en reportage.

« Non, dis-je, on vient te chercher pour boire un verre.

– Ah ? Et en quelle honneur ?

– Notre future collaboration, intervint la rousse.

– Pardon ?

– Ordre du rédac', dis-je à mon tour pour calmer le jeu. Ça peut être sympa de boire un verre vite fait avant de rentrer. »

Je connaissais ma petite blondinette d'amour par cœur mais il ne fallait pas être intime avec elle pour voir que son regard noir revint sur son visage, on y lisait l'exaspération, la jalousie, et peut-être même l'envie de meurtre mais elle nous suivit malgré tout, en attrapant ma main. Nous entrâmes dans un petit bistrot pas loin, il était quasiment désert, seuls deux buveurs de bière usaient le comptoir, le patron, derrière semblait étonné de voir trois jeunes femmes venir dans son établissement, nous prîmes une table et il vint à notre rencontre. Nous commandâmes toutes la même chose, un demi, et l'homme eut encore une fois son regard étonné. Il partit chercher notre commande, ma petite amie ne manquait aucune occasion pour me coller tout en défiant du regard ma collègue qui souriait à chaque fois. L'ambiance ne se détendait pas, Alex essayait de faire la conversation mais ma chérie ne lui donnait que des réponses courtes. Nos verres arrivèrent et nous trinquâmes à ma place définitive dans l'équipe. Ma collègue attaqua le sujet du logement, ma petite amie m'apprit alors que celui que nous avions visité hier nous était réservé, nous irions signer le bail et faire le reste afin de pouvoir l'occuper lundi prochain, au soir, après le travail. Je vis sur le visage de ma collègue qu'elle ne se réjouissait pas autant qu'elle le disait mais au fond, moi je m'en fichais.

« Le bailleur sait que nous sommes un couple ?

– Oui, oui, me répondit ma chérie, il m'a même demandé si on comptait signer toutes les deux, j'ai dit oui.

– Parfait, vivement lundi alors. »

Nous finîmes notre verre, Alexandra paya et nous sortîmes. Cette dernière nous fit la bise avant de se diriger vers sa voiture et nous, encore toutes étonnées, vers la notre.

« C'était quoi ça ? Faut faire amie-amie avec cette pouf ?

– Pardon ? Non c'était juste un verre avec une collègue.

– J'espère que ça deviendra pas une habitude.

– Mais qu'est-ce que tu lui reproche à la fin ?

– De baver sur toi comme un pitbull sur un steak.

– Arrêtes cœur, c'est juste une collègue. »

J'avais un peu honte de lui dire cela en repensant au baiser volé mais elle n'avait pas de raison d'être jalouse, Alex était réellement une simple collègue de travail.

« Ouais, une collègue qui bave sur ma femme.

– Et alors ? Laisse la baver si ça l'amuse, moi je suis folle de toi et rien ne changera ce fait.

– C'est vrai ça ?

– Je te le promets. »

Nous nous embrassâmes puis je mis le contact et démarrai.

« Tu passes à la maison vite fait ?

– Quoi faire ?

– Dire bonjour à mes parents, leur annoncer la bonne nouvelle et fumer un pétard.

– Ouais mais je rentre chez moi après. »

J'étais contente qu'elle accepte, mes parents devraient être ravis qu'on se soit trouvé un logement et cela faisait une éternité qu'on avait pas fumé à deux. J'accélérai un peu, voulant rentrer plus vite, motivée par le programme qui nous attendait. Je me dis qu'avec un peu de chance, elle restera même manger.