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En rentrant nous bûmes un café avec mes parents puis Mathilde me dit qu'elle allait rentrer. J'essayais de protester, qu'elle reste encore un peu, au moins jusqu'au soir mais elle refusa tout net, se justifiant d'avoir elle aussi des choses à préparer chez elle. Il est vrai qu'il fallait qu'elle prépare sa chambre et ses affaires pour le déménagement. J'avais beau le comprendre, je n'avais pas envie d'être séparée d'elle, pas tout de suite, je voulais qu'elle reste un peu, au moins une heure sauf qu'aucun de mes arguments ne la fit changer d'avis et elle partit, me laissant seule avec mes parents.

 « Toi aussi tu devrais t'affairer à préparer tes affaires ma chérie.

 – Oui maman.

– De mon côté, je vais commencer à chercher la vaisselle que je t'ai promis avec ton père, on va aller se perdre au grenier.

– Si tu ne nous vois pas redescendre, ajouta mon père, n'appelles pas les secours, on sera sûrement occupés. »

Il rit avec ma mère puis alla chercher l'escabeau pour soulever la trappe qui se trouvait dans le fond du couloir. Je regagnais ma chambre et en fis le tour, je me demandais par où commencer, mon bureau remplit de livres et de papiers, ma garde-robe pleine à craquer de vêtements et de livres, ou encore tout ce qui traînait à droite et à gauche ? Je me décidais pour les vêtements. Pas besoin de carton, mon père avait, dans un coin de son établi de grands sacs plastiques transparents, qui servaient à la base pour mettre l'herbe coupée sauf qu'il préférait aller à la déchetterie. Je les vis tout de suite et m'en saisis. De retour dans la pièce qui sera bientôt vide, je me mis à trier ce que je ne risquerais pas de porter cette semaine et remplis les sacs. J'en remplis deux en peu de temps et n'avais pas vidé la moitié de l'armoire. Tout en continuant ma tâche, je me dis qu'un bon tri était nécessaire. Plus d'une heure après que je me mis au vidage des vêtements, mes parents redescendirent et m'appelèrent. J'allais les rejoindre en cuisine et vis qu'une tonne de vaisselle en tout genre était posée sur la table. Ma mère en fis l'inventaire avec moi tout en les passant à mon père pour qu'il les lave, il y avait même une saucière... Une saucière ! Après avoir rit j'essayais de la refuser mais quand ma mère avait décidé de faire quelque chose impossible de lui faire changer d'avis. Elle s'occupait de tout bien ranger dans des cartons qu'elle avait retrouvé dans un coin de notre grenier où je n'avais jamais mis les pieds, je retournais alors à mes propres occupations tout en me disant que c'était devenu de la folie cette histoire de logement. Nous n'avions même pas encore signé le bail que mes parents et ma petite amie s'organisaient comme des malades. Peut-être n'étais-je pas aussi pressée de partir d'ici ? Cette question m'ôta toute motivation et au lieu de continuer à remplir des sacs je me mis à écrire. Le temps passa si vite que ma mère du venir me voir pour passer à table.

« Tu n'es pas en train de débarrasser, s'étonna-t-elle. Ça ne va pas se faire tout seul Émilie.

 – Je sais maman mais. »

Elle me regardait alors que je cherchais mes mots. Je finis par reprendre. 

« J'ai l'impression que tout va à cent à l'heure, on a même pas encore de clés que toi, papa et Mathilde vous êtes tous à fond.

 – Oh tu hésite à quitter le nid ma chérie ?

– Un peu, avouai-je. »

Alors que je me levai ma mère me prit dans ses bras, réaction étonnante de sa part.

« Tu sais, me dit-elle doucement, moi aussi j'ai hésité. Et regarde moi aujourd'hui, j'ai une vie bien remplie, un mari attentionné et une fille ravissante. Il faut vivre ta vie ma chérie, tu ne vas pas toujours restée dans les jupons de ta mère. »

Cette expression désuète me fit rire et se joint à moi puis nous regagnâmes la salle à manger toutes les deux. Le repas se passa dans l'ambiance habituelle, j'eus le bourdon quand je me dis que c'était l'une des dernières que je passerai ici. Une fois de retour dans ma chambre je me remis à la garde robe, ma mère avait raison, ça n'allait pas se faire tout seul et une fois vidée, je m'attaquais au bureau. Quatre sacs furent ajoutés aux trois premiers, je les regardais d'un air triste me disant que j'avais désespérément besoin d'un joint et d'une bonne nuit de sommeil. N'ayant pas le premier, je me rabattis sur la seconde.

Jour de PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant