Jour de Pluie

37

L'ambiance était nettement plus agréable ce jeudi, je partis chercher les filles après avoir embrassé Mathilde, ce qui fit rire Karine, n'ayant pas l'habitude de ces gestes d'affections pourtant si banals chez mes parents. Mathilde était censé les prévenir alors que je partais, elles furent donc là quand j'arrivai au point de rendez-vous habituel. Elles montèrent, se chamaillant gentiment pour savoir laquelle des deux allait monter devant puis virent le siège auto et me demandèrent ce qu'il faisait là. Je les laissais s'installer puis repris la route. Océane était derrière, Sandra ma passagère me reposa la question.

« Il n'y a pas que l'appartement que l'on va fêter les filles.

– Ah bon ? »

Si Sandra était à l'affût de mes paroles, je voyais dans mon rétroviseur qu'Océane n'en perdait pas une miette.

« Oui, repris-je. On a aussi une petite fille.

– Quoi ? ! »

Elles avaient parlé en cœur et franchement si j'avais pu, je les aurais prises en photo, elles avaient la mâchoire qui pendait tellement qu'elle en touchait presque la poitrine. L'effet était réussi. Elles me dévisageaient toujours alors que je rangeais ma voiture sur le petit parking. Nous descendîmes et elles me suivirent, devant la porte je les fis entrer et pris les escaliers pour les embêter. En haut, elles saluèrent ma petite amie, et regardèrent une nouvelle fois bouches bées la petite blonde qui squattait le canapé dans le salon.

« Karine, tu viens dire bonjour ?

– C'est qui ? Demanda la petite

– Des amies. »

Elle lâcha la télévision à contre cœur et salua nos amies puis regagna sagement sa place.

« C'est vraiment votre fille ?

– Mais non c'est ma sœur. Oh chérie, arrêtes de les taquiner veux tu. »

J'étais morte de rire dans mon coin et elles firent semblant de me frapper, c'est alors que la petite vint prendre ma défense, ce qui me fit rire encore plus fort.

Cette matinée fut à l'image de nos deux jours, nous rîmes, mangeâmes, allâmes faire quelques magasins, les deux étudiantes réussirent malgré tout à se compresser à l'arrière de ma voiture malgré l'imposant siège, elles apprirent même le second vers de la chanson que la petite chantait à chaque fois qu'elle voyait le siège, le soir, alors qu'elle dormait, nous nous rassemblions toutes les quatre pour boire un verre et fumer à la fenêtre puis vint l'heure pour elles de partir. Elles furent assez triste de devoir nous quitter mais on se promis de vite se revoir.

Le samedi ce fut mes parent qui passèrent la journée chez nous, Karine n'arrêtait pas d'embêter ma mère en l'appelant ''mamie Jeannie'', cette dernière faisait semblant de râler mais était heureuse à chaque fois qu'elle se faisait appeler de la sorte. La petite essaya avec mon père qui lui fit les gros yeux, du coup, elle n'osa pas renouveler l'expérience. Nous passâmes là encore une très bonne journée. La petite blonde rentra chez elle dimanche en début d'après-midi, ma petite amie alla la ramener alors que j'allai boire un café chez mes parents. Quand elle revint Mathilde avait la larme à l'œil, moi je me dis qu'un peu de tranquillité, même quelques heures, nous fera le plus grand bien a toutes les deux, je me hâtai de repartir. Nous passâmes le reste de la journée devant la télé, fumant un joint dans les bras l'une de l'autre, craignant sans le dire la reprise du travail le lendemain.

De ce côté là, rien ne changea pour moi, Alexandra m'attendait toujours au bord du parking, Mathilde en était toujours jalouse, et j'avais toujours droit au léchage de glotte avant d'aller bosser. Je me pris un savon ce matin là pour ma semaine d'absence, mis à part ça, rien de notable. De son côté, ma chérie ne se fit même pas réprimandée, j'en fus un peu jalouse à mon tour.