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Nous buvions l'apéritif ''en famille'' comme le disait ma mère pour la dernière fois. Chacun de nous le savait bien mais personne n'osait le dire à haute voix. L'ambiance n'en était pas moins joviale, mon père se plaignait à nouveau de la mère de ma petite amie, la mienne parlait décoration avec elle et moi je revivais tous les instants que nous avions passées dans cette maison. Même si je souriait, il y avait à ce moment là autant de pluie dans mon cœur que dans le ciel. Je fis un effort pour me joindre à la bonne humeur des autres et nous passâmes une très bonne soirée. Au lit, ma copine me demanda si j'étais vraiment prête à m'installer avec elle, je repensai brièvement aux mots de ma mère et lui dit que oui, j'étais prête. Nous nous endormîmes ensuite.

Elle me réveilla en douceur avant que mon portable ne sonne, puis dès que j'ouvris les yeux elle s'empressa de me rappeler que nous signions le bail ce soir. Je n'aime pas trop être malmenée dès le matin mais je partageais sa joie. La matinée fut habituelle jusqu'au moment de partir, je vis Mathilde se charger d'un gros sac de sport.

« C'est quoi ça ?

– Du matos pour le boulot, dit-elle. On y va ? »

Nous nous mîmes en route après avoir salué mon père. Alors que nous roulions je me demandais toujours ce qu'elle pouvait bien avoir mit dans ce sac. Je lui aurais bien de nouveau poser la question mais je savais très bien que je n'aurais eu droit qu'à la même réponse, du matériel pour son travail. Il était gros et avait l'air lourd, je n'y croyais pas une seconde. Alors que nous arrivions au parking, j'entendis ma passagère crier.

« Putain mais elle est encore là celle la ! »

Je regardais ce qu'elle devait voir et reconnus la crinière rousse de ma collègue.

« Si on ne doit pas monter au bureau c'est normal qu'elle soit là.

– Ouais mais ça me soûle bébé. Dis tu peux me laisser les clés de la voiture ?

– Oui, pourquoi ?

– Le sac est lourd, je demanderai à un mec de venir le chercher.

– OK. »

Nous descendîmes après un long baiser sentant la jalousie de ma petite amie et je suivis ma collègue. Elle se dirigea vers la voiture et nous montons, je quittais un siège conducteur pour retrouver un siège de passager me dis-je. En route, elle me demanda si j'avais passé un bon week-end, je lui dis que je préparais mon emménagement.

« Tu t'installes quand ?

– On signe ce soir et les meubles arrivent mardi.

– On ne se voit pas demain alors ?

– Si pourquoi ?

– Tu peux prendre ta journée pour déménager, c'est dans les conventions.

– Sérieux ?

– Oui, il faut juste que t'avertisse le rédac'. »

Je ne m'attendais pas à cette excellente nouvelle, je me dis que j'irais voir notre responsable d'étage dès que je retourne au bureau. J'en profitais pour lui demander où nous allions, elle me dit que nous devions couvrir un petit événement dans le secteur, j'étais aux anges. Nous fîmes ce que nous avions à faire puis rentrons au bureau, il n'était pas encore midi quand je me dirigeais vers le bureau du fond. Alexandra m'avait dit qu'il risquerait de râler d'être prévenu si tard, j'avais déjà préparé une excuse mais elle fut inutile, Gévard avait l'air de très bonne humeur et m'autorisa à être absente le lendemain. Je retournais alors à mon bureau toute souriante tandis qu'Alex tapait déjà l'article.

« Alors ?

– Il m'a dit oui sans crier.

– T'as eut de la chance ma belle. »

Tout comme le baiser de jalousie matinal, je m'étais habituée au surnom que ma collègue me donnait. Deux heures plus tard nous reçûmes l'avis positif pour notre article et nous pûmes sortir du bureau. Je refusais le verre qu'Alex me proposa et pour une fois, c'est moi qui attendit Mathilde dans ma voiture. 

Jour de PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant