19

352 16 4
                                    

Je me réveillai heureuse pour ce dernier jour où je devais jouer à la stagiaire, je pris une rapide douche, un tout aussi rapide petit déjeuner et je partis avant ma mère, ce qui était exceptionnel. Ayant prévenue Mathilde à mon réveil, je la trouvais prête sous son porche, elle sauta dans la voiture dès que j'arrivai près du trottoir. Je redémarrai tout de suite et pris la direction du travail. Je fis halte comme la veille et montrai à ma copine la petite liste que j'avais faite la veille. La pluie qui avait recommencé à tomber depuis l'aube fit apparaître de la buée sur les vitres de ma voiture dès que j'eus coupé le contact. Ma petite amie lisait religieusement ma liste et me donna son avis sur ce qui était important ou pas. Elle me dit aussi que pour le lave linge, elle préférait le neuf à l'occasion, je partageais son avis. Nous discutâmes ensuite de notre sortie du lendemain, j'irais la chercher en fin de matinée, elle était une nouvelle fois d'accord. Après un gros baiser nous nous remîmes en route pour le travail et sa routine avant notre séparation. Une nouvelle fois, pas besoin de monter au bureau, je rejoignis Alexandra qui m'attendait près de la voiture et nous partîmes, elle conduisait cette fois. Contrairement au trajet précédant, un lourd silence régnait dans l'habitacle et dura jusqu'au moment où elle se gara. J'allais descendre quand elle me dit à nouveau d'attendre. Je refermai ma portière tout en restant sur mes gardes cette fois.

« Tu sais, pour hier, commença-t-elle, je tenais à te présenter mes excuses.

– Tant que tu recommences pas, c'est bon.

– Je sais pas trop ce qui m'a prit. Je te trouve attirante mais à te voir, tu es fidèle donc je ne retenterai rien.

– Alors ça va. »

Je descendis de voiture sans lui laisser le temps de me répondre quoi que ce soit, elle me suivit et nous nous mîmes à faire notre travail. Malgré ces regrets, il restait toujours une certaine tension entre nous, je me dis que ce n'était pas parce qu'elle s'était excusée que j'allais oublier ce qu'il s'était passé. Nous repartîmes en début d'après-midi et l'ambiance resta inchangée dans la voiture. Une fois au bureau, nous fûmes convoquées par le rédacteur.

« Vous faites du bon boulot toutes les deux, vous n'avez pas le même style d'écriture et le mélange des deux donne des papiers assez intéressants. Vous continuerez à travailler ensemble. Allez ! »

Il ne nous laissa pas le temps d'en placer une et nous fit un geste de la main pour nous dire de dégager alors qu'un autre journaliste attendait à la porte qui était restée ouverte. Il me souhaita la bienvenue quand je passais devant lui, je le remerciai d'un ton neutre, encore choquée de la mauvaise nouvelle que je venais d'avoir. J'avais trop envie d'une cigarette, je prévins ma collègue qui bizarrement voulut m'accompagner.

« Tu sais ma belle, dit-elle alors que j'allumais ma cigarette sous l'abri, si on doit continuer ensemble, il va falloir qu'on fasse sérieusement la paix.

– C'est bon, je t'en veux plus.

– Alors pourquoi t'as tiré une tronche de six pieds de long devant le rédac' ?

– Je pensais écrire seule.

– À part l'équipe du week-end, personne n'écrit seul.

– Je vois. »

Elle parut surprise de m'entendre utiliser sa réponse favorite mais se reprit immédiatement.

« Donc voilà, il faut qu'on oublie ce qu'il c'est passé et avancer.

– Oui j'ai compris. »

Je jetais mon mégot dans le caniveau et elle me tendit la main, je la regardais, me demandant ce qu'elle me voulait.

« Tu préfères la bise ?

– Non. »

Je la lui serrai brièvement et m'en retournai au bureau, elle me suivit, je la laissais faire même si cette situation ne me plaisait pas tellement, dans l'escalier, elle me dépassa et me proposa de faire la course, je n'en avais pas vraiment envie mais en signe de bonne volonté je me pris au jeu. Elle gagna bien évidemment et alors que nous reprenions notre souffle elle me taquina sur sa victoire. Je supposais qu'au yeux des autres, nous devions paraître comme un binôme qui s'entendait bien. Nous bouclâmes rapidement l'article puis Alexandra me proposa d'aller boire un verre pour fêter notre collaboration, avec ma chérie me précisa-t-elle et bien qu'ayant un peu peur de la réaction de ma petite amie envers la jeune femme, j'acceptais. 

Jour de PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant