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Une chose me choqua dès que je m'approchai de ma petite Golf, le gros sac de sport était toujours là. Je me mis à chercher mes clés, je ne les trouvais pas dans mes poches, elles n'avaient pas l'air d'être dans mon sac, je m'en assurais une seconde fois tout en allumant une cigarette, non, elles n'y étaient pas. Il ne restait qu'une solution, je les avais oubliées en haut. Après ma cigarette je remontais donc, en haut, je fis rapidement le tour de la surface de mon bureau, rien, j'allais ouvrir le premier tiroir quand je me frappais le front de la main, je les avais passées à ma chérie. Je me dis que j'aurais dû accepter ce verre avec Alexandra puis me ravisa, si jamais Mathilde avait la chance de sortir tôt et me trouvait avec elle, j'aurais eu droit à une nouvelle crise. Je pris le temps de voir mon collègue pour me fournir un peu de produit stupéfiant, il me dit de revenir le voir demain, mais demain je serais absente, il me dépanna de quoi faire quelques joints et me donna rendez-vous pour mercredi puis je sortis enfin du bâtiment pour courir vers la petite aubette du parking. J'eus à peine le temps de fumer une cigarette que je vis ma petite amie arrivée. Elle fut étonnée de me voir et nous montâmes dans la voiture une fois qu'elle m'ait rendu mes fichues clés. Elle était contente de voir que j'avais fini tôt, en retour je lui demandais pour le sac.

« On m'a dit de le ramener demain plutôt. On va direct chez nous ? »

''Chez nous'' le terme me fit un peu bizarre à entendre mais il me plaisait, surtout quand c'était ma copine qui le disait. Je lui répondis par l'affirmative et nous nous mîmes en route. Je ne sais pas si c'était l'impatience, l'appréhension ou le fait qu'il y ait peu de monde sur la route mais nous battîmes notre record de la dernière fois de six minutes. Nous avions plus d'une demi heure d'avance.

« Qu'est-ce qu'on va faire en attendant bébé ?

– Trouver un tabac, dis-je, j'ai plus de clopes.

– Ha, j'en ai vu un en passant, là deux rues derrière. »

Malgré la pluie qui tombait en fines gouttes, nous décidâmes d'y aller à pied, afin de visiter un peu le quartier. Nous vîmes en nous y rendant un petit coiffeur, une supérette, un café qui avait l'air de datait des années cinquante et enfin nous arrivâmes. Je demandais à ma chérie s'il lui fallait quelque chose, elle me dit de lui prendre un paquet de sa marque habituelle, et que si je voulais bien, je pouvais lui prendre un jeu à gratter. J'entrais alors qu'elle finissait de fumer avant de me rejoindre. Coup de chance, j'étais seule au comptoir du côté tabac, je pris ce qu'il me fallait, le paquet de ma petite amie et, soyons folle me dis-je, deux jeux. Elle n'eut pas le temps de finir que j'étais déjà ressortie. Elle s'étonna une nouvelle fois de me voir, je lui tendis ce qui lui revenait, me remercia pour les jeux et nous retournâmes à la voiture par le même chemin. Sur le retour, je fis un peu plus attention au regard des gens que nous croisions, personne ne semblait s'offusquer de voir deux filles se tenir la main, je me dis que chez nous, en plein centre-ville, nous aurions fait scandale. Nous avions encore un peu de temps avant l'heure dite mais au lieu d'aller s'enfermer à nouveau dans l'habitacle de mon véhicule, nous attendîmes le propriétaire devant la porte du petit immeuble. Je scrutais la serrure électronique alors que ma chérie semblait s'intéresser aux environs. Un homme d'une quarantaine d'année s'approcha de nous et nous demanda si nous étions les futures locataires avec qui il avait rendez-vous, Mathilde lui répondit qu'effectivement nous l'étions et il nous fit rentrer dans le hall en souriant. Contrairement à la blonde de l'agence immobilière, il prit directement l'ascenseur, nous laissa entrer quand les portes s'ouvrirent, entra à son tour et appuya sur le bouton du premier, il eut la même façon de faire quand il eut déverrouillé la porte de l'appartement. Il tenait à la main une pochette plastifiée noire, il en sortit des documents puis fit le tour de l'appartement accompagné de ma petite amie afin de procéder à l'état des lieux. Ils s'installèrent ensuite tous les deux sur un coin de l'évier de la cuisine pour régler les formalités financières, puis Mathilde m'appela pour une signature, je m'exécutai sans poser de question puis retourna dans la grande pièce qui faisait face à la cuisine. Mon regard était porté sur un petit parking à proximité, parfait pour y garer ma voiture en rentrant du boulot, il était dix-huit heures passées et il était toujours à moitié vide. L'homme nous souhaita d'être bien dans son appartement nous le remercions et il nous quitta. Ma petite amie refit le tour des pièces, elle m'avait demandé de venir avec elle et me disait où elle comptait mettre tel ou tel meuble, je l'écoutais religieusement jusqu'à ce que nous terminions.

« Faudrait penser à rentrer mon cœur, sinon mes parents vont se demander quoi.

– Non, non, non, me dit-elle. Fini d'embêter tes parents, on a notre chez nous maintenant. »

Jour de PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant