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Une blonde filiforme m'accueillit vêtue d'un tailleur luxueux, elle me salua avec un sourire malsain, je constatais que mon père avait raison. Elle m'invita à m'asseoir à un bureau tout aussi luxueux que son tailleur, et prit place de l'autre côté.

« Quel type de bien cherchez vous ? Comment pouvons nous vous aider ? »

Je vis qu'elle ne perdait pas de temps, ce qui m'arrangeait.

« Je cherche un appartement pour m'installer avec ma petite amie, deux chambres, et dans une limite de loyer bien précise. »

Son sourire ne vacilla même pas quand je lui parlais de Mathilde, c'était soit une bonne chose, soit une insensible. Elle me parla alors des frais de dossiers, et de la limite des visites, je lui rétorquai à mon tour que nous n'étions pas difficiles, il fallait juste respecter une certaine zone géographique et qu'il ait bien évidemment les deux chambres. Elle me fit signer un papier et je lui rendis accompagné de mon chèque couvrant ses ''frais de dossier'' façon polie de réclamer son salaire. Elle pianota ensuite sur son ordinateur mais je la stoppai, je voulais bien entrer en contact sans ma copine mais hors de questions que je regarde des appartement sans elle. La blonde me répondit qu'elle comprenait et m'invita à revenir avant dix-neuf heures. Ça ne poserait pas problème, nous aurions deux heures pour trouver un appartement où deux filles pourraient vivre ensemble en toute sérénité. Je retournais ensuite au bureau me demandant ce qu'Alexandra avait bien pu leur raconter pour couvrir mon absence, j'avais respecté mon engagement et avait mis moins d'une heure, je n'en montais pas moins hâtivement l'escalier. Ce n'était pas la peine que je me pose autant de questions, en arrivant au bureau, personne ne semblait avoir remarqué mon absence, j'eus du mal à décider de finalement m'en fiche et rejoignis ma collègue.

« Que leurs as tu dis ?

– Rien, me répondit-elle calmement. C'est pas une prison ici, on peut s'absenter un peu. Juste pas trop longtemps. Alors comment ça c'est passé ? »

je lui expliquais donc ma rencontre avec la blonde et mon projet d'y retourner en compagnie de Mathilde après le travail. Nous parlâmes ensuite boulot et j'eus le droit d'écrire mon premier article de la semaine sous la surveillance de ma collègue qui n'arrêtait pas de me reprendre. Grâce à ça, l'après-midi passa un peu plus vite que depuis le début de la semaine, et quand je sortis j'étais contente de ma journée. Je fus encore plus heureuse de retrouver ma chérie et je la pris par la main alors qu'elle s'apprêtait à monter en voiture. Elle me demanda bien-sûr où nous allions mais je ne lui dévoilai pas la surprise et elle fut étonnée de me voir entrer dans la petite agence. La femme qui m'avait accueillit le matin me reconnut immédiatement, je me dis qu'en même temps, vu notre conversation, je ne devais pas être facilement oubliable, ce n'est pas parce que l'agence s'appelait arc-en-ciel qu'elle était dédiée à la communauté LGBT. Cette pensée me fit intérieurement rire. En bonne professionnelle elle nous installa au même bureau et commença ses recherches, ma petite amie était étonnée que je n'eus rien à lui dire avant qu'elle se lance, je lui avouais alors être passée nous inscrire ce matin. Elle nous montre deux séries de photos, la première ne nous plaisait pas trop, il semblait vieux et de plus il se trouvait au troisième sans ascenseur, je n'étais pas trop partante moi qui doit faire cinq étages pour aller fumer une clope. La seconde était plus à notre goût, un premier étage mais équipé d'une machine, le seul soucis c'était qu'il était un peu cher. La blonde continua alors ses recherches, non sans soupirer et revient rapidement avec deux nouvelles propositions, aucune ne nous plût non plus. Elle nous regarda alors en coin, preuve qu'elle commençait à perdre patience mais revint tout de même vers nous avec une nouvelle série de photos. Tout semble parfait et Mathilde s'emballe à nouveau. La blonde lui sourit et nous donne la localisation, il est un peu trop loin de ce qu'on avait prévu. Nous nous arrêtâmes là pour ce soir, lui disant que nous avions besoin de réfléchir à sa dernière proposition, ma copine me jeta un regard qui disait qu'elle ne comprenait pas ma réaction mais ne dit rien, nous sortîmes ainsi de l'agence, promettant de revenir le lendemain, ou au pire de lui passer un coup de téléphone si nous accepterions de visiter le dernier lieu qu'elle nous avait montré. En se dirigeant vers la voiture je voyais ma chérie bouder sans rien dire, n'ayant pas envie d'une explication en plein rue, j'attendis qu'elle soit montée pour lui demander ce qu'elle avait.

« Le dernier était vachement bien, me dit-elle. Je vois pas pourquoi tu as refuser.

– il est un peu loin, de notre boulot, de nos familles...

– Alors là, de ma famille je m'en fiche !

– Pas moi. J'ai pas envie de faire une heure de route pour aller chercher ta sœur tous les week-ends.

– Ah maintenant c'est Karine qui pose problème ?

– Mais j'ai pas dit ça bébé ! Pour mes parents c'est pareil j'ai pas envie de me taper autant de route pour les voir. Comprends moi un peu.

– Alors on prend le premier tout pourrit je pourrais même aller la chercher à pied !

– Ah putain t'es butée toi ! 

– Tu sais quoi la butée va dormir chez elle se soir ! »

Elle descendit dès que j'eus arrêté le moteur de la voiture et ne me laissa pas le temps de répliquer avant d'avancer fièrement sous la pluie. Je maudis son caractère de cochon. 

Jour de PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant