Chapitre 21 - Attente (in)soutenable

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Même bien avant que ses parents ne perdent la raison, Astrid avait toujours eu du mal à montrer ses émotions. Les seules fois où elle avait pleuré, ce fut lorsqu'elle n'était qu'un bébé et qu'elle ne pouvait pas le maîtriser.

Ses parents, aussi bons furent-ils, n'avaient jamais été doué pour réconforter les autres ; après une ou deux crises de larmes qu'ils n'avaient pas su gérer ni calmer, Astrid avait apprit à se réconforter toute seule, ou du moins à enterrer toutes ses émotions négatives, pour aller mieux.

Ainsi, jamais elle n'avait eu d'exemple pour réconforter quelqu'un, et jamais elle n'avait apprit ce qu'il fallait faire dans ce cas. C'est pour ça qu'elle détestait pleurer ou voir les autres pleurer : cela la mettait toujours mal à l'aise.

Les jumeaux ne pleuraient pas. Peut-être qu'ils l'auraient fait si Opal-Saturnin, Lee et Astrid n'avaient pas été là, mais par manque de chance, ils étaient coincés dans cette chambre avec eux jusqu'au matin. Ils ne pleuraient pas et pourtant, Astrid savait qu'ils avaient besoin de réconfort. C'est pourquoi elle se sentait si inutile, à rester dans son coin tandis qu'Opal-Saturnin s'occupait de George et que Lee prenait soin de rassurer et divertir Fred.

Elle voulait aider, mais comment ? Elle n'était bonne qu'à agacer les autres, ou à décevoir. Elle était convaincue qu'en se faisant oublier, elle aiderait davantage que si elle essayait de leur parler.

Seulement, c'était sans compter sur sa malchance légendaire. Quelques secondes d'inattention à fixer le vide suffirent à George pour la rejoindre et s'asseoir à ses côtés.

– Je ne sais pas ce que je ferais si... si elle...

Astrid releva les yeux vers le rouquin. Il ne la regardait pas, préférant noyer son regard dans l'océan du vide. Cela la rassura. Que pouvait-elle dire ? Elle avait l'impression que lui assurer que sa petite-sœur allait bien serait un mensonge évident ou une fragile promesse.

D'un autre côté, lui dire honnêtement qu'elle avait plus de chance de mourir que ce s'en sortir serait ignoble. Cela la fit presque sourire. Qui aurait cru qu'Astrid avait un cœur ?

Ainsi, elle ne répondit rien.

– Merci.

– De ? murmura-t-elle doucement.

– D'être venue, furie blonde. C'était... pas très Junox de ta part.

– Mh ? Qu'est-ce que c'était, alors, si ce n'était pas Junox ?

– C'était Astrid. C'était très Astrid de ta part.

Cette fois, leurs regards se croisèrent. Elle n'en était pas sûre, mais c'était peut-être une des choses les plus gentilles qu'on le lui ait dite. Elle avait passé tant de temps à essayer d'être comme ses parents pour qu'ils l'aiment à nouveau -- en vain --, qu'il y a quelques mois, ces mots l'auraient mis en colère.

Seulement, plus elle se détachait de ses parents et plus les choses semblaient s'arranger. À chaque fois qu'elle avait agi comme elle le voulait, et non comme ses parents ou les Serpentards l'auraient voulus, elle s'était faite des amis et elle se sentait... libre. Être Astrid était bien mieux que jouer le rôle d'une Junox.

Alors, lui dire qu'elle était plus elle-même que l'ombre de ses parents... C'était comme lui dire qu'elle était enfin quelqu'un, et non plus une erreur ou une peste. Elle était simplement Astrid  et le plus elle était elle-même, le plus elle était aimé, malgré ses défauts, malgré ses erreurs.

Alors elle lui sourit. Un sourire doux comme de la soie, sincère et léger. Un sourire qui réussit à le faire sourire aussi, plus tristement.

De Mille Couleuvres [FRED WEASLEY FANFICTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant