Chapitre 24

891 69 52
                                    

_ Je comprends, et tu as le droit de refuser ma demande... mais je veux savoir pour quelle raison.

Shota avait dit ça posément, calmement. Il s'était assis légèrement sur le rebord de la table, les mains posées à côté.

Et face à lui, Shinso l'observait, les bras ballants, les poings serrés, la mâchoire crispée. Devait-il lui dire la raison ? Et même s'il devait le faire, il n'y arriverait pas.

_ Je ne sais pas... lâcha-t-il, en baissant le regard.

_ Ne me mens pas, Shinso, lui répondit l'adulte. Sois franc avec moi, s'il te plaît.

Hitoshi n'y arriverait jamais.

Pourtant, il s'était déjà confronté à Aizawa lors de ses crises, surtout quand ce dernier devait user de la force pour le calmer. Mais quelque chose l'empêchait de dire ce qu'il pensait.

Shinso ne pouvait pas le lui dire : il ne pouvait pas lui dire qu'il avait changé d'opinion sur lui. C'était juste impensable. Car s'il le lui disait, qui sait comment Shota Aizawa allait réagir, en vue de son accès de colère de la veille.

_ Tu ne me fais plus confiance, Shinso ? Lâcha silencieusement le noiraud en baissant le regard.

Le violet continuait de le fixer, réfléchissant à la meilleure manière d'aborder le sujet. Lentement, il détourna le regard, et déclara :

_ Je... ne sais pas. Je ne suis pas certain de toujours pouvoir vous faire confiance aussi aveuglément qu'avant.

_ Tu sembles indécis. Dans ce cas-là, je vais te poser directement la question...

Aizawa se redressa, et plongea son regard sombre dans celui grisâtre de son disciple, puis demanda :

_ Est-ce que tu m'aimes toujours comme avant ?

_ Je ne crois pas, avait-il répondu assez promptement en soutenant son regard.

_ Ta réponse était assez rapide. Pourquoi ?

_ Parce que... j'aime Denki... je crois...

_ Tu es encore hésitant, Shinso. Il y a autre chose.

_ Ouais, il y a bien autre chose... mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée de vous le dire...

_ Et pourquoi ça ? Si tu veux que je sois ton tuteur quand tout sera fini, il faudrait qu'on arrive à se faire confiance, tu ne crois pas ?

_ Si... mais...

_ Mais quoi ?

Shinso se tut, réfléchissant à la prochaine réponse. Déjà que précédemment, il avait répondu du tac-au-tac, s'il continuait sans se soucier de ce qu'il lui disait, il pourrait être certain de dire une bêtise des plus conséquentes.

Il sélectionna dans sa tête ce qu'il fallait dire de ce qu'il ne fallait pas, mais ce fut sûrement trop long, puisque Shota lui dit :

_ Je veux que tu me dises c'est quoi le problème, Shinso. Je veux juste comprendre, c'est tout.

L'adolescent inspira un grand coup, puis avoua finalement :

_ Vous savez, il y a des gens que j'admire, pour une raison ou pour une autre, comme ma mère, ma sœur, ou même Denki. Vous faisiez partie de ces gens que j'admire, à une exception près : je vous aimais. Vraiment.

Il marqua une légère pause, puis reprit :

_ Les gens que j'admire sont comme des idéaux pour moi. J'aspire à devenir aussi forte que ma sœur, je voudrais être aussi gentil et apprécié que ma mère, et j'aimerais être aussi insouciant et curieux que Denki. Mais la personne que j'admirais le plus, c'était vous. Je voulais être comme vous : d'un tempérament calme, certes froid et plutôt asocial, mais qui sait se faire apprécier par certains.

Il attendit une réaction de sa part, mais comme il n'en fit rien, il continua :

_ Hier, vous vous êtes mis en colère. Je ne vous ai jamais vu ainsi, et j'ai même pris peur, honnêtement. Pour moi, vous étiez quasiment parfait. Alors vous voir piquer une crise m'a blessé, entre autre. Parce que je ne vous ai jamais vu en colère avant. Et si je vous avais vu ainsi auparavant, dans un autre contexte que celui dans lequel nous sommes, peut-être que j'aurais accepté cette part de vous, quitte à accepter de devenir comme vous plus tard.

Lorsqu'il eut fini son récit, Shinso releva la tête vers l'adulte. Ce dernier semblait retourner les paroles du violet en tête, cherchant à savoir où il avait fait une bêtise.

Indéniablement, c'était son accès de colère son erreur.

_ Excuse-moi, Shinso, finit-il par répondre. Je ne savais rien de tout ça. Et j'ai brisé tes espoirs, en quelque sorte, de devenir une meilleure personne que tu es aujourd'hui. Mais tu n'aurais pas dû prendre exemple sur moi. Parce que je suis un très mauvais exemple.

_ Si je ne l'avais pas fait, je ne vous aurais jamais fait confiance, monsieur, déclara Shinso en souriant. Et même si vous avez cette partie négative de vous, je garde toujours la partie positive que vous avez.

_ Je vois. Merci, j'en suis heureux.

_ Je vous en prie, monsieur.

Shinso se tourna vers la porte, et annonça :

_ Sur ce, je vais chez Denki chercher le reste de la liste. À tout à l'heure, monsieur.

_ Ouais, à plus.

***

Il était 17h50. Tous les objets de la liste étaient réunis sur la table. Le seul objet qui manquait était le briquet, puisque les anciens modèles n'étaient plus commercialisés depuis des années.

Shota, debout et penché au dessus des objets, tapotait nerveusement son doigt sur la table, réfléchissant visiblement. Hitoshi était assis sur une chaise, les bras croisés. Hizashi fouillait dans les poches de sa veste, et finit par sortir une boîte de cigarettes. Il la tendit à son copain, et dit :

_ Ça peut faire office de briquet, si c'est allumé.

Le noiraud observa la boîte, puis la prit, et le remercia. Il leva les yeux vers l'horloge : 18h. Le moment était venu d'en finir avec son père une bonne fois pour toutes.

Il partit dans sa chambre se changer, et ressortit, vêtu de son habituel costard sombre. Il se munit d'un manteau noir bien long, et rangea chaque objet dans une poche bien précisément. Il prit les bandages et les enroula autour de ses mains, avant de mettre ses gants gris. Il passa ensuite le chapelet autour de son cou, et mit une grosse écharpe par dessus.

Il se saisit des clés de son appartement, et se tourna vers les deux personnes auquelles il tenait en leur disant :

_ C'est maintenant que tout va se jouer. Comme prévu, sortez de l'immeuble par derrière à 18h25 pile, et prévenez la police à 18h40. Dès que vous voyez la fumée ou que vous entendez l'explosion, appelez le SAMU à l'endroit comme convenu.

_ Bien, monsieur.

_ Tu peux compter sur nous, Shota !

_ Ceci sera la dernière opération que nous effectuerons. Je compte sur vous pour obéir à mes volontés, et continuer sans vous retourner. Respectez les heures que je vous ai imposé, car tout se jouera sur le temps.

Shota s'approcha d'eux et les enlaça, comme pour ne plus jamais les lâcher.

_ Je vous aime, et je vous promets de revenir vivant, leur murmura-t-il.

Il embrassa son amant une dernière fois, il enlaça son disciple une dernière fois. Puis il se retourna et leur fit un bref signe de la main, avant de sortir de l'appartement.

___

[1 172 mots]

Je suis désolée pour le retard, j'ai vraiment eu du mal pour ce chapitre. Je vais essayer de maintenir le rythme à un chapitre par jour, ou tous les deux jours, puisque vous le savez, cette fic va bientôt toucher à sa fin.

Bien, je vous laisse

Reality_Master 😊

One Night... Two Shots... A Lot Of Love - MHA EraserMic FanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant