Chapitre 3

1.8K 117 52
                                    

Shinso s'engouffrait dans l'appartement, les mains dans les poches. Ses côtes lui faisaient encore mal, à cause des coups de ce groupe de malheur.

Furtivement, il lâcha un bref « Je suis rentré » à son maître, puis s'enferma dans sa chambre. Et une fois certain que personne, absolument personne ne pouvait rentrer dans son espace privé ou entendre sa voix, il s'allongea sur son lit, prit un coussin et enfouit sa tête dedans en pleurant.

Il avait été lamentable, lâche. Il savait se battre, mais n'avait même pas été capable de lever le petit doigt face à une bande d'idiots qui ne connaissait même pas la véritable signification de tuer. Il s'en voulait, et la raison pour laquelle il ne voulait pas s'attarder à voir Aizawa en rentrant était tout simplement parce qu'il savait qu'il allait lui faire la morale. Comme toujours.

Comme à chaque fois qu'Hitoshi sortait dehors seul, sous ses ordres, et comme à chaque fois qu'il croisait par mégarde ce groupe qui le martyrisait depuis son enfance. Il détestait ces idiots, et il se détestait.

Il ne voulait rien dire à son maître, même s'il savait que garder le silence ne ferait que le ronger à petit feu. Si ce n'était pas déjà le cas lorsque sa famille est morte sous ses yeux. De même lors de son premier meurtre.

Il continuait à sangloter, se jurant de partir de cet appartement un jour, car il ne voulait pas freiner son maître, il ne voulait pas qu'il se trimballe un incapable comme lui tous les jours.

D'ailleurs, comment a-t-il fait pour le supporter autant de temps ? Trois ans, ce n'étaient pas rien.

Contrairement à lui : Shinso n'était rien. Il souhaitait une justice à rendre à tous ceux qui lui ont fait du mal, mais il n'était même pas foutu de se défendre face à des abrutis immatures. Il était même capable de les tuer en quelques secondes à mains nus, mais ne pouvait même pas lever les yeux vers eux, si ce n'était que pour les supplier d'arrêter. Et le pire, c'est que c'était une femme qui l'avait sauvé. Et pas le contraire.

Shinso se détestait, se haïssait. Il n'était rien, il n'était personne. En plus, il aimait une personne hors d'atteinte. Et des abrutis pas plus forts que lui le tabassaient dès qu'il mettait un pied dehors seul.

Hitoshi se détestait, se haïssait. Pourquoi n'est-il pas mort avec sa mère et sa sœur ? Pourquoi Aizawa ne l'avait-il pas tué, ce jour-là ? Pourquoi avait-il survécu, bordel ?

Il entendit soudain des coups contre la porte de sa chambre, et se tut immédiatement.

_ Shinso ! Ouvre !

Pas maintenant... L'adolescent cria alors :

_ Laissez-moi ! Foutez-moi la paix !

_ Ouvre cette porte ! On va parler !

_ Je ne veux pas vous parler ! Je veux rester seul, merde !

Ce n'était pas la première fois qu'il tenait tête à son maître, mais pas la dixième fois non plus. En trois ans, il a dû lui tenir tête trois ou quatre fois.

Il se redressa et se colla contre le mur, accroupit sur son lit, ses jambes ramenés à lui. Et il continuait à pleurer silencieusement.

_ Shinso ! Si tu n'ouvres pas cette porte...

_ Fermez-la ! Disparaissez !

Sans qu'il ne s'y attende, il vit la poignée trembler, avant d'entendre un clac sonore. La porte s'ouvrit à la volée, et Aizawa se rua sur lui, inquiet.

_ Shinso, je...

_ Putain, dégagez !

Il donna un coup de pied dans le vide, avant de se recroqueviller sur lui-même. Ce n'était pas non plus la première fois qu'il faisait une telle crise, mais cette fois-ci, quelque chose était différent. Car jamais il n'avait refusé à l'adulte de l'enlacer pour le calmer. Alors que cette fois-ci, il ne le laissait même pas l'approcher.

One Night... Two Shots... A Lot Of Love - MHA EraserMic FanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant