Oméga de Feu

Chapitre 6

Ces sacageurs avaient peut-être mis la chambre sans dessus-dessous, mais mes affaires n'avaient rien, tout était intact. Je vérifiai l'état de chaque chose avant de les ranger soigneusement dans les endroits appropriés de ma chambre - habits dans le dressing, cadres photos sur la table de chevet, ordinateur sur le bureau et j'en passe! N'ayant que peu de choses, j'eus très vite fini. Je profitai donc de cet instant où je n'avais rien à faire pour m'allonger sur le lit et réfléchir à tout ce qui se tramait depuis mon arrivée à Seattle. Je faisais souvent cela depuis quelques années, méditer sur ma vie, canaliser mes émotions, me calmer pour ne pas incendier quoique ce soit. En général, je réfléchissais à mon pouvoir et à Assan, qui d'après les rumeurs de gens peu fréquentables aurait dû me débarrasser de cette malédiction. Et maintenant je pensais à cette histoire d'âme-sœur, ce que j'allais devenir à ses côtés, puis le faux braquage à l'hôtel et ce que ces gens pouvaient bien vouloir à la bague de ma mère.
B

on, je me demandais aussi si les entrainements que me donnerait Assan m'aideront à contrôler ma magie, au mieux la canaliser. J'essaiyai de me représenter ce que cela donnerait, puis au fil du temps, je m'imaginai moi, ayant perdue le contrôle, carboniser le corps de mon nouvel allié. Nerveuse, je fis tournoyer la bague autour de mon doigt.

Il était mon seul espoir... et aussi mon seul âme-sœur.

Des coups retentirent contre la porte, coupant court à mes pensées lugubres, et Assan entra. Lorsque je croisai son regard, l'image de lui en train de brûler me vint à l'esprit, puis je secouai la tête pour cesser de penser à ce cauchemar.

-Le diner est prêt. Tu as faim? me questionna t-il d'une voix étrangement douce.

-Non. je lui répondis en secouant la tête de gauche à droite.

Il vint s'asseoir près de moi sur le lit alors que je fixais le plafond. Il porta sa main sur mon front puis la retira peu de temps après.

-Tu n'es pourtant pas fièvreuse, que t'arrive t-il?

-Je n'ai pas faim, c'est tout. grognai-je, agacée par son comportement attentionné.

Ne pouvait-il pas se comporter comme d'habitude, froid, bâtard et insensible? Que lui arrivait-il tout à coup?

-Je suis bien content de l'entendre parce que je dois t'avouer que j'ai carrément raté le diner. J'avais passé un coup de fil à un ami et j'ai remarqué bien trop tard que tout était carbonisé.

Il se baissa un peu plus vers moi.

-Je suis nul en cuisine. m'avoua t-il à voix basse.

-Qu'est-ce que tu veux?

Je m'assis le dos appuyé à la tête du lit. Son regard se porta sur le sol. Je sentais qu'il y avait une raison à cet étrange comportement.

-Lorsque tu m'as parlé de tes pouvoirs hier, tu as parlé de ta mère au passé. Elle est morte?

Oh.

Il releva la tête en ma direction, attendant une réponse de ma part.

-Oui. affirmai-je en baissant le regard sur mes mains.

-Je suis désolé.

-Ne le sois pas. Je ne l'ai jamais connue, elle est morte en nous donnant naissance, moi, mes soeurs et mon frère.

Il était gêné de parler d'un sujet aussi tragique, je le voyais rien qu'à sa façon d'agir. Il tripotait ses mains nerveusement, tapait frénétiquement du pied sur le sol et fuyait toujours mon regard.

-Tous les quatres, vous êtes... des quadruplés ?

-C'est exact.

Je continuai de l'observer. Je remarquai que je ne connaissais pas grand chose de lui, mise à part ses prouesses qui circulaient partout sur les chaines de télévisions et les journaux.

-Dis-moi, Assan, que sont devenus tes parents? Je veux dire, ils sont encore en vie, n'est-ce pas?

Alors qu'il ne me répondait pas, je devinai qu'ils n'étaient plus de ce monde. J'étouffai un cri d'horreur puis posai une main sur son épaule. Il eut un léger sursaut à mon contact, mais je n'y fis pas attention.

-Comment sont-ils décédés ? voulus-je savoir tandis qu'il fixait toujours le sol.

-Ils sont morts, c'est tout ce que tu as besoin de savoir.

Son ton était froid soudainement, et lorsqu'il leva enfin la tête, j'apperçus la lueur d'une sombre colère qui habitait son regard. Je pouvais comprendre que ces choses-là pouvaient faire ressortir des émotions, mais de la tristesse, pas de la colère. Que me cachait-il? Il se leva avant que je ne puisse lui demander et s'apprêta à sortir.

-Repose-toi, l'entraînement de demain sera encore plus compliqué si tu es fatiguée.

Il referma la porte d'un coup sec tandis que je soupirais en m'allongeant sur le lit. J'aurais très bien pu faire des recherches sur ce criminel pour obtenir la réponse qu'il n'avait pas voulu me donner, mais j'avais déjà fouillé n'importe quelles archives et trouvé tout ce qu'il y avait sur lui depuis bien longtemps. La seule chose qui pouvait me donner des renseignements sur Assan était la confiance, l'espoir qu'un jour il me fasse confiance pour me parler de son passé - qui fut sans aucun doute un désastre, vu ce qu'il était devenu. Je m'installai sous l'épaisse couverture et m'endormis l'esprit tourmenté par une question.

Que s'était-il passé dans la vie d'Assan pour qu'il devienne ce criminel tant recherché?