Oméga de Feu

Chapitre 15

Je me sentais soudain toute petite face au regard noire d'Assan. Aucun doute là-dessus, je l'avais mis en colère. Bon, il serait peut-être temps pour moi de m'éclipser avant qu'un orage ne me tombe dessus. Je me tournais pour monter les escaliers et gagner ma chambre, préférant de loin fuir que le confronter, mais c'était sans compter sur Assan qui m'attrapa par le poignet, refusant de mettre un terme à la discussion.

-Retires ce que tu as dis. m'ordonne t-il sèchement.

Je tentais de me dégager de son emprise, mais il serrait trop fort sur mon poignet pour que je puisse partir.

-Lâches-moi!

-Tu ne le penses pas. Tu ne penses pas ce que tu as dis.

-Tu sais ce que je pense? fis-je, agacée qu'il ne m'ait toujours pas lâchée. Je pense que je ne connais rien du tout à ce lien qui nous unit mais que je suis sûre de ne pas vouloir le connaitre si je dois l'avoir avec toi!

Il fut si surpris que je pu retirer mon poignet sans problème. Une fois fait, je ne perdais pas de temps et montais dans ma chambre pour m'y enfermer. Je m'adossais contre la porte en soupirant. Je m'en voulais un peu de lui avoir dis que je ne voulais pas de lui. Il m'apportait son aide, et voilà comment je le remerciais! Je reconnaissais très bien que ce que j'avais fais était un peu exagéré, bien que je ne connaisse pas la valeur du lien d'âme-sœur, mais apprendre qu'il avait tué autant de personnes, en une nuit, et que j'étais avec lui ce soir-là... Je savais pourtant à quoi m'attendre en le recherchant aux quatre coins du pays - j'avais d'ailleurs écouté nombre de fois les journalistes télévisés raconter ses "exploits" - mais j'avais inconsciemment pensé que le lien qui nous réunissait l'aurait changé. Peut-être que le lien d'âme-sœur n'est pas aussi précieux que ce que je pensais, et qui pourrait m'en vouloir? Personne ne m'avait parlé de ces choses-là avant maintenant, et même Assan ne m'avait pas donné tous les détails.

Je soupirais de nouveau puis m'asseyais par terre, le dos toujours collé contre la porte fermée, puis fermais les yeux.

Des coups à la porte me réveillèrent subitement. J'ouvrais mes yeux puis levait mon poignet droit pour voir l'heure. Il était treize heure quarante cinq, et j'avais dormi quatre heures.

-Luana?

-Oui? fis-je à l'intention d'Assan, derrière la porte.

-Prépares-toi, c'est l'heure de ton entrainement. m'informa t-il durement.

Je soupirais puis tentais de me lever malgré les nombreuses courbatures de mon dos. Plus jamais je ne dormirais contre une porte à l'avenir. Je prenais mon temps pour enfiler ma veste, des baskets, et rejoindre Assan dans la voiture à l'extérieur.

-Quel est le programme d'aujourd'hui? demandais-je suspicieuse en fermant la portière, me rappelant de tous les exercices que j'avais du subir.

Il ne répondit rien, ne me lança aucun regard. Oh, monsieur est de mauvais humeur.

Je me demande bien qui l'a mis dans cet état.

Le trajet fut affreusement silencieux et parut plus long que d'habitude, mais nous étions enfin arrivés à l'entrepôt abandonné. Assan sortait de la voiture sans me lancer un seul regard. J'en avais marre. Je trouvais son comportement un peu trop exagéré. Il ne m'adressa ni mot, ni regard, ni hochement de tête, rien du tout. Comme si je n'étais pas là avec lui. Puis je craquais.

-Pourrais-tu m'adresser au moins une parole que je sache ce que je dois faire?! lui demandais-je, attendant des instructions de sa part pour l'entrainement.

Il n'eut toujours aucune réactions. J'avais la désagréable impression d'avoir été effacée du globe terrestre.

-Si c'est pour ce que j'ai dis ce matin, saches que je m'excuse. J'étais tellement sur les nerfs... Je ne veux pas que l'on se dispute juste à cause de ça. Mais réponds moi! lui dis-je agacée de le voir n'exécuter aucun geste à mon égard.