Oméga de Feu

Chapitre 19

J'étais épuisée lorsque je sentis un poids se soulever au-dessus de moi. J'ouvris un oeil et vis Assan, toujours sous sa forme de loup, se lever du lit. Il se transformait puis s'habillait avec les mêmes vêtements que la veille avant de sortir tout doucement de la chambre sans un regard en arrière. Je me redressai lentement, toujours fatiguée malgré le long sommeil que j'avais du faire. Je pris mon portable en charge sur la table de chevet et l'alluma. L'heure qu'il indiquait me sautait aux yeux sur l'écran lumineux. J'éteignis aussitôt mon cellulaire et sortais de la chambre en pyjama, ne voulant pas perdre la trâce d'Assan. Que faisait-il dehors à trois heure du matin?

Dans le noir, mes sens étaient encore plus décuplés. A cette heure-là, peu de gens de l'hôtel étaient réveillés si ce n'est les fêtards ou autres. L'odeur de mon âme-soeur me parvint au narines et je pu le suivre grâce à cela. Ce qui m'amena donc à sortir de l'hôtel. Je tournai la tête de droite à gauche avant de le voir tourner à l'angle de la rue. Curieuse, je le suivai. Je regrettai bien vite de n'avoir enfilé ni chaussure, ni veste avant de sortir. Malgré mon côté loup, mon corps frissonait par le froid et mes pieds nus souffraient au bout de quelques pas sur le bitume glacé. L'idée de me transformer me traversa tout d'abord l'esprit, mais n'ayant nul intention de vouloir me faire remarquer par le peu de passants ainsi que des flics en patrouille dans les rues.

Je continuai de suivre Assan, toujours éloignée de lui afin qu'il ne sente pas mon odeur, ou qu'il me remarque tout simplement. Tout à coup, mon nez gelé se mit à me chatouiller et j'éternuai sans pouvoir me retenir. Alerté par ce bruit, Assan se retourna alors que je me cachai vite fait derrière une beine à ordure qui trainait par là. Il finit par reprendre son chemin.

-Puis-je vous aidez? demanda une voix grave derrière moi.

Je me relevai vivement en alerte, et me tournai vers l'homme qui m'avait trouvée par terre, cachée derrière une beine. J'eus peur au début qu'il soit un voleur, un criminel ou encore un violeur, après tout, les rues de Seattle n'étaient pas les plus sécurisées du monde. Mais je fis au contraire face à un homme élégant habillé sur son trente-et-un, les cheveux coiffés en arrière et une montre en or autour du poignet.

-Euh, non. dis-je, incertaine.

Je regardai derrière moi et ne vis plus Assan. Oh oh.

-Que faisiez-vous ici, dans une tenue aussi légère?

-En effet, vous avez totalement raison! Excusez-moi, je dois y aller! lui dis-je sans avoir écouté ce qu'il disait.

Je me retournai et couru le plus vite possible afin de retrouver Assan. Cet inconnu m'avait fait perdre sa trace. Au final, je le trouvai dans une sombre ruelle, devant un bâtiment en piteuse état. Il entrait dedans puis je continuai de le suivre avant que l'autre ne se décide à me courir après. J'ouvrai tout doucement la porte en m'étonnant de ne pas l'entendre grincé. Avec une maison en si mauvais état, je n'avais pas pensé à ce que les propriétaires huilent la porte d'entrée. Je m'avançai lentement dans la petite maison puis cherchai Assan. Je m'apprêtais à monter les escaliers quand j'entendis du bruit en-dessous de moi. Y avait-il un souterrain? Ou même un cave?

Je fis le tour du rez-de-chaussée jusqu'à tomber sur la porte qui ouvrait un passage sur des escaliers semblant menés vers le bas. Je les descendai rapidement puis m'enfonçai dans le long tunnel en voyant au loin une petite lueur de lumière. Lorsque j'arrivais devant la pièce illuminée dont la porte était entre-ouverte, je passai ma tête dans l'entrebaillement pour voir ce qui se passait dans la pièce. Celle-ci ressemblait à une salle de torture avec des chaines attachées à des pitons qui eux-mêmes étaient encrés dans le mur en pierre. J'eus la confirmation que c'en était une lorsque je vis un homme attaché à ces chaines.

Mon dieu.

Il semblait dans un triste état; son visage, ses cheveux, son corps étaient recouvert de sang qui, à certains endroit, était sec; son odeur dégageait la même que celle d'un cadavre en décomposition et je cru même voir un rat parcourir la pièce. Puis ma vue sur cet homme fut cachée par quelqu'un d'autre qui s'était mis devant lui. Assan tenait une lame dans sa main, abimée certainement par ce qu'elle avait déjà découpé jusqu'ici.

-Je déteste me répéter mais j'ai l'impression que mes mots n'arrivent pas jusqu'à ton cerveau d'abruti.

-Je ne peux rien vous dire. lui répondit l'homme d'une voix cassée.

Assan rigola amèrement avant de s'approcher de lui, pointant la pointe de sa lame sous son menton pour lui relever la tête. Mon coeur battait à vive allure alors que je me mettais à imaginer tout les sortes de torture qu'il avait pu lui faire subir.

-Je pourrais t'arracher la langue, mais tu ne parlerai plus et me serais inutile. J'opte donc pour te sectionner une partie plus intime. lui dit-il en descendant sa lame lentement jusqu'à son entrejambe.

-Je ne peux pas répondre à votre question... commença l'homme alors qu'Assan appuyait un peu plus sa lame contre lui. Mais je peux vous dire autre chose qui serait susceptible de vous interesser! hurla t-il en fermant les yeux.

Assan recula d'un pas en l'invitant à parler.

-Je ne sais pas où ils sont, ils changent tout le temps de position afin que personne ne les trouve. Mais j'ai appris récemment qu'ils avaient engagé quelqu'un pour trouver une fille.

-Qui? demanda froidement le criminel.

-J'en sais rien, je ne suis pas au courant de ce genre de sujets! Je l'ai juste entendu. En revanche, je connais le nom de la fille qu'il devait recherché.

-Qui était-ce? gronda de nouveau la voix d'Assan.

Les lèvres de l'homme tremblotèrent avant de pouvoir répondre. J'attendais impatiemment sa réponse lorsqu'il posa ses yeux sur moi. M'avait-il remarqué? Suivant son regard, Assan se retournai alors que je reculais de quelques pas avant de courir pour sortir d'ici. Mais je ne n'eus pas le temps d'arriver jusqu'aux escaliers que l'on m'attrapa par-derrière. Assan me plaqua durement contre le mur.

-Qu'est-ce que tu fais ici?