Deux âmes en peine

Chapitre 32

J'ouvre les yeux dans un lit d'hôpital, il fait noir, mais j'entends une respiration à ma gauche et une silhouette assise dans un fauteuil. J'ai mal à la gorge. Je crois qu'on m'a injecté un sédatif pour que j'arrête de crier.

La réalité me rattrape de plein fouet. Bucky, mon Bucky. Il est mort, il a été tué. J'en suis persuadée, le message que j'ai reçu avant en est la preuve. Je dois trouver celui qui a fait ça.

Mon corps réagit immédiatement, je me relève, mais quelque chose me bloque les poignets. Des sangles me maintiennent au lit. Des souvenirs me reviennent et un haut-le-cœur me prend. Je panique et je m'agite dans tous les sens pour me libérer.

Tony- Louise ! Qu'est-ce que tu fais ?!

Il a sauté sur ses pieds en me voyant m'agiter comme une possédée.

Louise- Enlève-moi ça ! TOUT DE SUITE !

Il s'exécute, je me masse brièvement les poignets avant d'essayer de me lever pour partir le plus vite possible. Tony m'attrape les épaules, mais je le repousse.

Tony- On t'a mis ça seulement pour éviter que tu ne te blesses ou que tu blesses quelqu'un, on ne comptait pas te les laisser.

Louise- Où est-ce qu'il est ?

Son regard, déjà compatissant, se voile encore plus.

Tony- Je ne pensais pas que ce qu'ils t'avaient donné était aussi fort... Louise, Bucky est...

Je le coupe, je ne veux pas réentendre ces mots.

Louise- Je sais ! J-je *Je fais une pause dans ma phrase, c'est trop dur* Je veux voir son corps.

Tony- Loulou... il ne reste rien, son corps était trop abîmé. Je suis désolé.

Louise- Ferme-la.

Je me lève et pars de la chambre. Il fait nuit, plus personne n'est ici. Je me dirige vers l'ascenseur, mais je trébuche à chaque pas et me cogne contre les parois du couloir. Je ne sais pas où je vais, je suis perdu. Il est... Il est parti.

L'ascenseur s'ouvre et je m'y engouffre, j'appuie sur un bouton au hasard et les portes se ferment. Quand je lève la tête, je suis dans la salle de réception du QG. Comme un zombie, j'ouvre la baie vitrée, le vent frappe mes jambes et je frissonne. Je suis en chemise d'hôpital. J'avance sur le balcon. C'est ici que Bucky s'était occupé de moi quand j'avais trop bu à la soirée peu après mon arrivée ici.

Mes jambes ne m'obéissent plus et je heurte violemment le sol. Je suis allongée par terre, la joue contre le sol. Il ne faut pas que je reste là, l'automne approche et les nuits se rafraîchissent, je ne dois pas rester dehors dans cette tenue. Sa voix raisonne dans ma tête.

"Bucky- Si tu peux tenir sur tes deux jambes sans tomber, on peut y aller alors."

Louise- Je peux pas. Je ne peux pas me lever, je ne peux pas tenir sans toi. Reviens, reviens...

Une larme coule, puis deux, puis trois et bientôt je me retrouve secouée de sanglots tellement fort que je ne respire plus correctement. Ma vue se trouble à chaque nouvelle larme. Les souvenirs de nous à cet endroit m'envahissent.

Nous. Il n'y a plus de nous.

Louise- PUTAIN !

Je mets beaucoup de temps à me lever. Mon corps est engourdi par le froid. Je ne pleure plus, je ne ressens plus rien à part un immense vide.

Je ne veux pas aller dormir dans ma chambre toute seule. Je veux sentir ses bras autour de moi, son souffle régulier sur ma peau, sentir son odeur, même entendre son léger ronflement qui m'empêche parfois de dormir.