Commissariat central de Lyon Bureau du commandant Vinet 15 juillet - 10:00

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Deux semaines avaient passé sans que Vinet ait trouvé le moindre fait corroborant l'accusation reçue par lettre anonyme. Aucune disparition pouvant s'y rapporter n'avait été signalée et le manque absolu de détails dans la lettre empêchait d'explorer une quelconque piste. À supposer que le journaliste ait été vu en train de transporter un cadavre, elle ignorait tout de l'identité du témoin et du lieu où cela s'était supposément produit.

Ses recherches ne l'avaient menée nulle part et finalement, le dossier qu'elle avait ouvert sous le nom pompeux d'« Affaire Abalon » demeurait vide. Elle enquêtait parallèlement sur une affaire d'importation de logiciels contrefaits, si bien qu'il lui était même sorti de l'esprit jusqu'à ce qu'une seconde lettre anonyme lui parvînt.

Le style de la missive était aussi mystérieux que celui de la première. Pourtant, sur le fond comme sur la forme, elle ouvrait cette fois-ci de nouvelles pistes que l'inspectrice pourrait suivre. Une seule phrase, écrite sur le mode interrogatif, était imprimée sur une feuille A4 blanche, similaire à la première.

Savez-vous ce que faisait Tristan Abalon à l'hôtel de la Régence, le soir du 19 juin ?

Une question qui était une réponse à l'une des nombreuses interrogations de la fonctionnaire de police. Où ? Immédiatement, une foule de pensées s'ordonna dans l'esprit d'Hélène Vinet. Avec la vitesse et la précision propres aux ordinateurs, elle remplissait mentalement son emploi du temps des deux prochains jours : imprimer une photo du journaliste, localiser l'hôtel, se rendre sur place et interroger le personnel, vérifier les paiements par carte ou par chèque du journaliste à cette date, envoyer les deux lettres au laboratoire pour une analyse approfondie.

Dans le même temps, et sans que cela paraisse la gêner dans l'organisation de son travail, elle s'interrogea sur un détail que son œil exercé n'avait pas manqué de remarquer. Il ne concernait pas la lettre elle-même, mais l'enveloppe. De couleur et de format identiques, elles avaient été affranchies au bureau de poste de la gare de Perrache. Cependant, l'adresse du destinataire était mentionnée différemment. La première indiquait simplement le commissariat central, sans mention particulière, tandis que la seconde lui était nommément adressée. D'une façon ou d'une autre, son mystérieux correspondant connaissait son nom et son prénom. Ce détail singulier lui fit penser que l'esprit de celui qui lui adressait ces lettres était probablement dérangé et qu'il dénonçait peut-être des faits qu'il avait lui-même commis. Son nom imprimé sur l'enveloppe ressemblait à une provocation, comme si le dénonciateur voulait marquer sa supériorité sur elle. Hélène Vinet avait déjà connu de semblables cas. Ces précédentes affaires n'avaient été que des énigmes à résoudre, des problèmes similaires à ceux qu'on lui avait si souvent soumis lorsqu'elle était plus jeune.

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