CHU de la Croix-Rousse Chambre 417 29 août - 17:00

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Lise regardait son mari avec un bonheur incomparable. Elle avait l'impression de poser ses yeux sur lui pour la première fois. Lui aussi était heureux de revoir sa femme. Sans se le dire, ils songeaient à leurs mauvais jours comme une épreuve passée. À présent, ils s'étaient retrouvés pour de bon. Ils en éprouvaient la délicieuse certitude, main dans la main. Leur fille lisait calmement un album, assise dans un fauteuil.

— Jean m'a tout raconté.

Tristan le savait déjà, car il avait parlé à son ami plus tôt dans la journée.

— Il me l'a dit, il a bien fait.

— Mais pourquoi est-ce que tu ne m'as rien dit ? Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas fait confiance ?

— Je te demande pardon, Lise. Ce n'était pas une question de confiance, crois-moi. Je ne voulais pas que tu sois mêlée à tout ça au cas où ça aurait mal tourné. Je ne voulais pas que tu sois obligée de mentir pour moi.

— Mais je t'aime. Je suis prête à tout partager avec toi, même les emmerdes.

— Et Clotilde, il fallait bien que tu sois là pour t'occuper d'elle. Avoir un père en prison, c'est suffisant, non ?

— Est-ce que tu vas retourner en prison ? demanda Clotilde en entendant son père en parler.

— Non ma chérie. Papa ne va pas retourner en prison. répondit Lise. Il est innocent. N'est-ce pas ? fit-elle à l'adresse de Tristan.

— Tout à fait. Je serai bientôt à la maison.

Clotilde sourit à ses parents, heureuse de les voir réunis.

— Je sais que nous nous sommes éloignés. regretta Tristan plein de componction. C'est de ma faute.

— Non, mon chéri. Je suis responsable aussi.

— Je sais que j'en fais toujours trop pour mon travail, je ne peux pas m'en empêcher.

— Si tu es heureux comme ça...

— Je sais que je ne vais pas changer le monde, mais ne rien faire est au-dessus de mes forces. Je ne peux pas me résigner.

— Je ne te le demande pas, mais je ne veux plus que tu me fasses des coups pareils. Tu n'imagines pas l'angoisse dans laquelle nous avons vécu toutes les deux. Te savoir en prison sans comprendre pourquoi, apprendre que tu étais accusé d'enlèvement et de meurtre, ça a été...

La voix de Lise devint chevrotante, une larme coula sur ses joues.

— J'avais peur de te perdre, tu comprends ça, Tristan ?

Le journaliste se sentit accablé par sa culpabilité. Il était le seul responsable de la tristesse de sa femme qui payait le prix de son propre idéalisme. 

De toute évidenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant