Chapitre 4

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Mois de novembre, dernière année de collège.

Pourquoi tout le monde venait le faire chier ?

À peine arrivé devant l'école, Yuji vit un groupe d'élèves embêter un vieil homme assis par terre.

C'était un mendiant. Il restait là, chaque jour, assis à côté de la boulangerie, donc bien en face du collège Natsuma. Et puisqu'il était pauvre et sans domicile, les richards venaient se moquer de lui et de sa condition. 

Le jeune Rikimura s'avança auprès d'eux et activa son alter de silence. Chacun des adolescents s'écroulèrent au sol en se tenant la tête. Désactivant son individualité, le brun se posta juste devant le mendiant, lui tournant le dos, et lâcha :

« Je vous ai déjà dit de le laisser tranquille ! Maintenant, s'il faut que j'emploie la manière forte pour que vous compreniez, ne venez pas vous plaindre ensuite !

Les foutus gosses se relevèrent illico, et s'en allèrent en courant en direction de l'établissement. Yuji soupira puis se tourna vers le mendiant, avant de s'asseoir à ses côtés.

— Tu devrais arrêter, tu sais, lui dit ce dernier. Je ne suis rien aux yeux de la société, alors...

— Ces connards s'attaquent à des gens plus faibles qu'eux uniquement pour le plaisir. Je refuse que vous en fassiez parti aussi.

Un long silence passa entre eux.

— Tu ne vas pas en cours ? Lui demanda-t-il soudain.

Le brun fit un non de la tête, et compléta :

— Je surveille au cas où un autre idiot vient s'en prendre à vous.

— Tu es gentil, tu sais. »

En vérité, si Yuji restait là, c'est parce qu'il aimait passer du temps avec lui. Il appréciait plus sa présence que celle de sa propre famille.

Ce mendiant était là depuis des années, avant même la scolarisation de la sœur de Yuji. Ce dernier restait avec lui chaque soir après les cours, le faisant rentrer toujours tard chez lui. Et il passait ce temps perdu, selon son père, à discuter avec lui.

Ainsi, il avait appris que le mendiant était fils unique et sans-alter, que sa mère est morte dans un accident de voiture à ses 5 ans, qu'il a vécu longtemps avec son père en travaillant dans un café pour payer le loyer de leur maison. Son père était décédé malheureusement à ses 18 ans d'un cancer du foie, et suite aux nombreuses dettes qu'il a eu, l'homme avait arrêté ses études et aavait été expulsé de chez lui, devenant mendiant à l'âge de 21 ans. Et sans oncle ou tante, ou même grands-parents chez qui aller, il a été aidé par les services sociaux, malgré l'insuffisance de ceux-ci.

Désormais, il avait 46 ans, mais à cause de son physique, on pouvait croire qu'il en avait 70.

Touché par son passé, Yuji avait alors décidé de rester avec lui pour lui tenir compagnie, et habituellement, chaque soir, après les cours, il lui apportait une boîte à repas contenant de la nourriture des plus luxueuses, conçue par ses soins.

La sonnerie pour le début des cours retentit. Rikimura se releva en époussetant son pantalon, sortit une boîte rouge de son sac, puis se tourna vers le mendiant et lui dit en la lui tendant :

« Je suis resté avec vous ce matin parce que ce soir, je ne pourrais pas être là, désolé. Tenez, mangez-le maintenant, ou ce soir, si vous le voulez. Je récupèrerai la boîte demain.

— Merci, petit, répondit l'homme en prenant le présent qui lui était offert. Et passe une bonne journée !

— Ouais, vous aussi ! »

***

Les fesses collées à la chaise depuis déjà trente minutes, Yuji regardait la trotteuse suivre son long parcours inlassable, son doigt tapotant à un rythme régulier sur la table. Il détacha son regard de l'horloge en soupirant pour la énième fois, et posa sa joue sur la paume de sa main, fixant un élève situé deux rangs devant lui.

Le brun se mit à lire dans son esprit pour la troisième fois de cette demi-heure. D'habitude, les heures de colle lui auraient permis de s'avancer dans ses devoirs, mais là, le surveillant, qui était en fait son professeur de mathématiques détestable, refusait que quiconque ouvre son cahier de n'importe quelle matière qui soit pour faire ses devoirs ou réviser, car cette heure n'était pas une heure d'étude, mais une heure de punition. Et ce professeur savait très bien comment son élève fonctionnait.

Donc, Yuji n'avait droit à rien sur sa table : ni trousse, ni feuille, ni cahier. Bref, sa table était vide. Alors, il passait son temps à lire dans l'esprit des cinq autres occupants de la salle, à savoir son professeur de mathématiques, et le groupe d'élèves avec qui il s'était battu le matin même.

Comment avait-il pu prévoir son heure de retenue ? L'habitude, c'est tout. S'il se bagarrait pour x raisons, il ne serait jamais puni. Mais s'il le faisait pour protéger un être qui lui était plutôt cher, étrangement, on le collait de suite le soir-même. Le brun ne comprenait pas cette logique, et avait fini par abandonner la recherche d'une réponse plausible.

Se lassant de son occupation, il revint à son activité précédente : regarder l'heure tourner à une vitesse d'escargot. Il fronça les sourcils en voyant qu'à peine cinq minutes étaient passées depuis le moment où il avait posé les yeux sur l'horloge la fois précédente.

Ennuyé, il lâcha un soupir en laissant tomber sa tête entre ses bras. Ses doigts frôlèrent ses barrettes rouges, et avec enfin une idée ingénieuse pour s'occuper, il les détacha et le posa sur sa table. Ses cheveux retombèrent sur son front, et il passa une main dans sa trop longue frange.

Il aimait ça, passer une main dans sa chevelure : sentir des mèches glisser entre ses doigts, sa paume être chatouillée par ses cheveux lisses et doux, et la sensation de les avoir lâchés après une journée tenus en arrière, malgré sa vue légèrement obstruée.

Yuji leva un œil en direction de son professeur, qui visiblement, cherchait un prétexte pour lui confisquer ses nouveaux joujoux. Il le fixa alors, s'apprêtant à lui dire par la pensée qu'il ne ferait rien, mais se ravisa, sachant pertinemment qu'il serait considéré comme en tort.

Il souffla du nez, et rangea ses barrettes dans sa poche. Et d'une main fébrile, il la passa à nouveau dans sa chevelure brune avec satisfaction. Ce geste le détendait, d'une certaine manière. Ça lui faisait du bien, et puis, il avait l'impression de faire passer le temps plus rapidement.

Et forcément, le surveillant le fusillait du regard, voyant bien qu'il n'aurait pas l'air crédible s'il lui interdisait de passer sa main dans ses cheveux. Avec un sourire victorieux, l'adolescent se délectait de l'expression de rage de son professeur.

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Authentic Mad Scientist Rikimura - MHA Original Fanfiction [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant