Authentic Mad Scientist Rikimura - MHA Original Fanfiction [EN PAUSE]

Chapitre 6

Mois de janvier, dernière année de collège.

Cela devait faire un mois que Yuji avait gardé cette colombe, Shiro. Elle était dans sa chambre, et partait la journée faire ce qu'elle voulait. Et elle revenait le soir, se posant sur un perchoir que le brun avait fabriqué spécialement pour elle.

Sa famille ne savait pas qu'il avait un oiseau. Seul Romi le savait. Et comme il appréciait les animaux, il aimait discuter avec la colombe. Et le pire, c'était qu'ils semblaient vraiment discuter entre eux.

C'était un samedi. Pour une fois, Yuji n'avait rien de prévu.

Allongé sur son lit, il rêvassait. Ou plutôt, réfléchissait.

Depuis son anniversaire, Murasaki était resté lui-même. Mais ce qui trahissait ses sentiments, c'étaient ses réactions et ses pensées. Le jeunot rougissait dès qu'ils avaient un quelconque contact physique, et ses pensées partaient en vrille à chaque fois.

C'était certain : Murasaki Yoshino aimait son senpai.

Malheureusement, ce sentiment n'était pas réciproque. Mais Yuji préférait attendre qu'il lui fasse sa déclaration pour le décliner poliment, plutôt que de le lui dire d'emblée, et le regretter par la suite.

D'ailleurs, il devait agir normalement devant lui, mais comment rester normal lorsqu'on savait que son meilleur ami venait de craquer pour soi ?

Le problème, c'était que Yuji était homophobe. Alors comment agir face à une personne probablement homosexuelle et qui nous aime ?

Pour pallier ce problème, il avait ignoré les sentiments de son kohai à son égard, mais dès l'instant où il se posait dans son lit au moment du coucher, toutes ses interrogations refaisaient surface.

Et le jeune Rikimura détestait ça : être en proie à des doutes quant à son amitié avec Yoshino. C'était son ami ! Il n'avait pas à douter de la nature de ses sentiments - quand bien même si ça correspondait à des sentiments plus amoureux qu'affectifs.

Et si ce sentiment changeait ? Et si Yuji pouvait ne plus être homophobe ?

« Impossible... » se souffla-t-il à lui-même en passant sa main dans ses cheveux.

On ne pouvait se défaire d'une opinion quasiment innée. C'était comme ça, et on n'y pouvait pas autrement. Ou bien on y pouvait, mais il fallait faire preuve de beaucoup de patience, de travail sur soi, et d'ouverture d'esprit pour y arriver. Et ça, Yuji n'était pas sûr de pouvoir le faire.

Et puis, il avait beaucoup de choses à penser. À commencer par vivre sa vie comme il l'entendait.

Déjà que ses parents avaient pris le contrôle sur sa scolarité, sa vie extrascolaire et une partie de ses opinions sur la société, il voulait qu'au moins, il puisse choisir ses propres amis, son propre avenir, ses propres envies...

Il voulait être libre, et c'est tout. Il ne demandait rien d'autre, juste d'être libre, et de vivre sa vie comme bon lui semblait.

Quelqu'un frappa à sa porte. Dans un mouvement lent, il se redressa, et lança un « Oui ? » peu convaincant, marquant bien son ennui d'être dérangé dans ses pensées.

La porte s'ouvrit, et laissa apparaître Romi, qui salua le jeune homme en refermant la porte derrière lui.

« Vous me semblez bien pensif, Yuji-sama, lui fit-il remarquer en s'asseyant sur le fauteuil sous l'autorisation de ce dernier.

— Ouais, désolé, répondit le brun en passant une main dans ses cheveux pour se détendre. Je... réfléchissais.

— À quoi réfléchissiez-vous, si ce n'est pas indiscret ?

— À ma vie, et à tous ceux qui ne me laissent pas libre, notamment les adultes qui me servent de parents.

— Je vois. Ne vous embêtez pas trop à penser, Yuji-sama. C'est mauvais pour le cerveau.

— Vous me vouliez quoi pour venir ici ?

Le ton qu'avait employé Yuji montrait bien qu'il semblait plus le gêner qu'autre chose. Ce qui était inhabituel, évidemment. Et cela n'échappait pas au majordome.

— Vous savez que vous pouvez me parler, Yuji-sama.

— Non, merci, je n'ai pas envie de vous parler, Romi-kun.

— Bien. Si c'est ce que vous souhaitez. »

Rares étaient les fois où le jeune Rikimura lui parlait ainsi. Mais quand ça se produisait, le majordome savait qu'il devait faire attention à chacune de ses paroles. Alors, avec le temps, Romi savait comment faire pour lui rendre sa bonne humeur.

« Yuji-sama, je vous défis à nouveau aux échecs.

L'adolescent leva les yeux vers le noiraud, et laissa échapper un sourire malgré lui.

— Vous êtes sérieux ? Fit-il sur un ton amusé.

— Pourquoi est-ce que je ne le serais pas ?

Ils se fixèrent un instant, puis Yuji se leva en se dirigeant vers son armoire. Il monta sur la chaise et attrapa une boîte. Puis il vint la poser sur la petite table, et avec un léger rictus, lui avoua en installant le jeu :

— Tu sais comment me redonner le sourire, c'est incroyable.

— Cela est bien normal, Yuji-sama. Je te connais depuis ta naissance. »

Passer d'une tension palpable au tutoiement était presque normal entre eux. Et Romi le savait : le tutoiement signifiait clairement que son petit protégé serait prêt à se livrer à lui. Il le connaissait par cœur, après tout.

Pendant le jeu, Yuji lui avait confié ses ressentis vis-à-vis de Murasaki. Romi savait que le jeune garçon détestait les opinions que lui avaient inculqué ses parents. Par conséquent, il savait qu'il n'aimait pas cette homophobie innée, même s'il ne disait rien à ce sujet. Mais le fait que ça le touche directement cette fois-ci était une tout autre histoire.

Mais le majordome connaissait aussi Yuji : il savait très bien agir en conséquence, et prenait toujours les meilleures décisions.

Cette partie de jeu se solda par un échec pour le brun, encore une fois. Mais au moins, parler avec cet homme qu'il considérait comme son égal l'avait grandement aidé. Il se sentait plus léger, plus enjoué. Et sa mauvaise humeur était partie. Comme toujours après une partie d'échec avec le majordome.

C'était sûr : il ne devait rien faire quant aux sentiments de Murasaki, et attendre que celui-ci se déclare.

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