La pluie se transformait en grêlons par moment. Les deux jeunes adultes se protégeaient avec leur veste tandis que leurs chaussures glissaient à plusieurs reprises sur la boue. Une fois rentré, Alexandre secoua ses cheveux blond platine tel un chien sous le regard médusé de sa cousine et le rictus moqueur d'Alina.
— Ta coupe devient de plus en plus désastreuse, remarqua Maé en posant une vieille couverture sur l'agneau.
La couleur revenait au naturel et la moustache avait moins d'effet à cause de la barbe qui repoussait.
— Pour le bal, je me teins en roux en l'honneur d'Hélène. Je suis sûr que ça va aller avec mon bandana rose, promit-il en essuyant ses lunettes rondes avec son t-shirt.
La cheminée allumée dégageait une chaleur apaisante. La citadine trouvait l'ambiance plus chaleureuse et personnelle qu'avant grâce aux affaires éparpillées au sol, à l'animal et à la bonne humeur qu'amenait l'apprenti cuisinier.
— Elle sera ravie de ton attention, ironisa Alina qui observait sans gêne le magnifique sourire de son interlocutrice.
Alexandre avait fini tôt le travail et sa mauvaise journée s'était éclairée à l'annonce du retour d'une des Bailly. Il la prit finalement avec force dans les bras malgré ses grognements de protestations.
— Al' était sympa, mais tu m'as manqué.
Alina enleva son caban noir trempé afin de le déposer sur une chaise en face de la cheminée. Méchoui la fixait à présent avec ses billes noires. Elle s'agenouilla et passa une main dans la laine foncée. Il l'appréciait beaucoup en comparaison à Jean-Grégoire. Les deux autres s'installèrent sur la table recouverte de paperasse.
— Alors qu'est-ce que tu as fait cette fois ? Quand tu m'as quémandé de la nourriture, je n'ai rien pu savoir. Je doute que la montagne ait encore des secrets à te révéler. Il manquerait plus que tu trouves l'église !
Maé était revenue dans la semaine, ce qui expliquait les boules de poils de l'ovin. La chienne de Paul, Akira, sera heureuse de le revoir. Alina eut un pincement au cœur à l'idée que la saint-ambroisienne n'était pas allée lui parler.
— Comme d'habitude, j'ai marché, même si je me suis perdue à un moment et que ce bourriquet est tombé dans un trou.
Ils se tournèrent vers le salon et l'ovin releva la tête. La touriste se demandait comment l'animal avait eu le réflexe d'aller chercher de l'aide pour les emmener vers la bergère. Il ressemblait à celui de la légende, son rôle avait été de guider les habitants vers un endroit où vivre. Le premier jour, Maé avait été totalement surexcitée de cette nouvelle naissance, elle devait bien y croire un tout petit peu. Alina désirait poser ces questions, mais elle risquerait de la froisser.
— De toute manière, tu es revenue à temps, le bal est dans trois jours ! s'écria le jeunot aux sourcils bicolores.
Il récupéra la casserole qui contenait le lait bouilli et se servit une tasse de chocolat chaud.
— Et en quoi cela consiste ? se renseigna Alina qui s'assit à côté du blondinet. Moi je vois soit le bal de Cendrillon soit danser sur de la musette jusqu'à vingt-deux heures.
Alexandre s'étouffa avec une gorgée de sa boisson.
— Jean-Grégoire nous offre certes son morceau d'accordéon, mais la fête des lumières c'est bien plus que ça. On danse sur les années quatre-vingt et nous avons notre événement...
— Ne lui dis rien, elle verra d'elle-même, arrêta sa cousine d'un ton réprobateur.
Paul lui avait fait la même remarque. Qu'est-ce qu'il se produisait lors de cette soirée ? Visiblement, c'était inutile d'exiger des détails.
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La mémoire de l'ambre.
AdventureAlina abandonne sa dernière année d'études en école de commerce pour se réfugier à Saint-Ambre où son père a vécu toute son enfance. Là-bas, elle fait la rencontre de campagnards aux caractères bien trempés : un jeune apprenti cuisinier végétarien a...