- Chapitre 18 -

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Alina avait promis à la bergère de ne poser aucune question avant d'être allées dormir. Elle se trouvait dans son lit, étendue telle une étoile de mer. Son sommeil fuyait pour laisser place aux nombreuses pensées. Est-ce que Maé ressentait-elle cette chaleur au creux de son ventre ? Son hypersensibilité démultipliait ses émotions et c'était peut-être le cas pour l'attirance. Quarante jours la séparaient de son arrivée en train : elle était toujours la citadine, perdue, mais certaine de vouloir découvrir le village natal de Louis. Pourtant, un nouveau sentiment naissait au creux de sa poitrine, il n'était pas vif comme une histoire passionnelle, mais d'une douceur infinie. Elle avait déjà été en couple, mais la rupture lui laissait un goût amer dans la bouche. Cette relation était plus calme. Il ne suffisait pas de se haïr pour ensuite se désirer. Non, ici, il fallait s'écouter, discuter, même si l'une comme l'autre gardaient ses inquiétudes au fond de soi, fermées à clé.

La saint-ambroisienne l'avait ramenée jusqu' à la chambre de l'auberge et était repartie se reposer avant la traite. Alina aurait aimé qu'elle reste, mais c'était compréhensible. Après tout, embrasser quelqu'un ne signifiait pas forcément grand-chose.

La voilà à divaguer sur l'amour, ses amis l'auraient probablement charriée pour son côté guimauve. À cette pensée, elle saisit son téléphone qui ne possédait plus que sept pourcents de batterie. Les messages défilaient et ceux de ses amis revenaient le plus souvent.

« Al' ! Qu'est-ce que tu fabriques ? Pourquoi tu n'es pas venue en cours ? C'est fini les vacances ! »

« Tu vas être renvoyée si tu continues. On est passés te voir à l'appartement avec Camille, mais tu n'y étais pas. Où es-tu ? »

« Ton ex m'a demandé où tu étais. Je crois qu'elle s'inquiète de ne pas revoir en cours. Finalement, elle regrette de t'avoir larguée. Bref, reviens vite s'il te plaît, nos soirées à jouer à la console nous manquent. »

« Coucou, je ne sais pas si tu as encore mon numéro. Je regrette tout ce que je t'ai dit, je t'aime. »

Elle ricana, la date d'envoi n'était même pas à quatre heures du matin, au moment où le cerveau se dirigeait instinctivement vers les contacts d'anciens compagnons. Elle l'avait donc envoyé en toute âme et conscience.

« Ça fait un mois... Cam' me conseille d'arrêter de te harceler et que si tu voulais nous parler, tu le ferais. »

« Bon, j'ai appelé ton père, il m'a avoué que tu étais partie en haut de la montagne. Tu t'avais plus assez d'oxygène pour nous envoyer un message à ce que je vois »

Son pincement au cœur s'accentua. Elle sélectionna plusieurs numéros et leur envoya un message groupé :

« Salut, je suis vraiment désolée d'être partie sans prévenir. Même si vous êtes des amis en or, mes études me déprimaient. Je n'étais pas à ma place.

Je vous aime, à bientôt. »

Elle ferma l'application, tomba sur celle de l'appareil photo et bifurqua vers la galerie. Le puits se plaçait au centre où on distinguait son symbole mythique : les deux paires d'ailes à trois plumes, reliées chacune d'elles par une base en forme de serpents, accompagné par sa voûte en arrière-plan. La suivante lui arracha un sourire : Maé rayonnait devant son gâteau en forme de tête de mouton. Elle passait une main dans ses cheveux bruns, ses joues rebondies rougissaient. La cuillère renversée remplaçait la véritable bougie.

Les derniers clichés dataient tous de la veille. La fête des lumières portait bien son nom. Tout un tas de questions sans réponse s'entrechoquaient avec les souvenirs du baiser avec Maé. Était-ce naturel ? Qu'est-ce qui causait ce phénomène ? La perspective que ce soit de l'ambre la charmait. Après tout, c'étaient des points dorés.

La mémoire de l'ambre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant