XXXII

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  Ça fait presque plus de deux heures qu'on est tous dans la Grande Salle, à nous occuper des personnes décédées. Moi j'essaie au mieux de soutenir et de réconforter toute la famille Weasley, qui a vraiment le moral au plus bas, ce qui est compréhensible. Hermione et Ron sont revenus vers nous il y a tout juste quelques instants, et ils nous ont dit que Harry était partit dans la Forêt Interdite, pour se livrer à Voldemort. Chose que moi je ne ferai pas. Et en vérité je parais calme et sereine, mais j'ai juste envie d'hurler. Hurler pour tout ce qu'il s'est passé. Hurler pour tout ce que j'ai été impuissante à éviter. Hurler pour les gens innocents qui ont été massacrés. 
  Quand je pense qu'il y a tout juste au moins trois voire quatre ans, rien de tout ça n'aurait été imaginé. Je me rappelle encore ma première entrée dans cette salle si mythique. Ce moment où j'ai rencontré le premier regard réellement attentif à moi pendant que je m'avançais avec les premières années, celui de George et ensuite de Fred. Je me souviens de notre première discussion, de nos premiers mots échangés, pareil avec le trio. L'atmosphère de la salle commune, des salles de cours, de la bibliothèque avec la très sérieuse Mrs Pince, des mauvais tours que nous jouait le fantôme Peeves avant qu'il ne devienne l'un de nos fidèles compagnons en farces, etc... Tout semblent être de simples souvenirs éloignés à ce qu'il s'est passé depuis plus de trois ans, depuis le retour de Voldemort, mon séjour au ministère, en passant par les morts de certains de mes proches et celle de Dumbledore, et puis jusqu'à aujourd'hui... Ça me semble si irréel, cette histoire, comme si qu'elle était écrite et lue à seulement l'effigie d'aventures toutes différentes à chaque fois, aux aventures de la célèbre fille aux cinq Éléments, la seule capable de tout réussir. Et pourtant, même ça, ça semble impossible et seulement imaginable. Loin de la réalité en tout cas, plus comme un conte d'histoire pour enfants et adultes qui aimeraient que ce monde existe pour s'échapper de la réalité.
  Vois-tu, j'aimerai bien moi aussi... échapper à la réalité du temps présent, m'en sauver avec mes proches pour leur éviter de vivre ce massacre sanguinaire. Malheureusement, cela est impossible, même si une phrase d'un conte Moldu me revient en tête, celle d'une jeune fille du nom d'Alice Kingsleigh et de son univers, le célèbre Pays des Merveilles :

« Tout ce qui est impossible, est possible, tant que l'on y croit. »

  Cette citation est tout de même très étrange, et loin de la réalité, d'autant plus que toi-même tu sais que ce que je te raconte depuis mes onze ans est peut-être bel-et-bien réelle, ou juste dans ma tête, à toi d'en juger. Ça se trouve même qu'en faite, tu aimerai tellement que ce soit vrai, que tu t'es permis(e) d'y croire dur comme fer. Mais est-ce vraiment une chose réelle, ou est-ce qu'on est tous dans le même rêve, et que nos rêves soient la réalité ? Je t'embrouille sans doute, mais c'est bien quelque chose que je me pose tous les jours avec ce qu'il se passe : entre la guerre, les meurtres, les viols, les mutineries, les suicides... Je ne sais même plus où donner de la tête tellement j'ai l'impression que la mienne va exploser.
  Une légère explosion d'un filet vert éclairci faiblement la Grande Salle, m'interpellant moi seule puisque les autres n'ont pas l'air de l'avoir aperçu. Je me demande bien ce que c'est, peut-être que c'est la marque de Voldemort qui vient de tuer Harry ? À cette pensée, j'ai les larmes aux yeux. Mais je ne le montre pas, ne voulant pas aggraver la situation actuelle. 
  Je remarque une personne assis près de Luna. Il s'agit de Neville, qui a la tempe en sang. Laissant George un instant, je me dirige vers mon ami de toujours.

- C'est une question... stupide, avec tout ce qu'il s'est passé mais... est-ce que ça va ? lui demandai-je en m'asseyant à côté de lui.

  Il regarde les personnes dans la Grande Salle, l'air abattu, et répond :

- Mes parents ont combattu Bellatrix Lestrange pour nous permettre d'éviter une chose pareille... Ça a été en vain...

  Je souris avec bienveillance et pose ma main sur la sienne en la serrant.

Elementum {Tome 7} [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant