XXXIX

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  Voilà bien déjà une semaine que Fred s'est réveillé du coma, et que j'ai déçu une fois de plus un Esprit en ne pouvant pas l'aider. J'ai de plus en plus de culpabilité à ça, justement... Mais pour en revenir à Fred, celui-ci est encore à l'hôpital, histoire de pouvoir se remettre et Amy l'aide énormément, tout comme sa famille et moi. Même si je parais sereine devant tout le monde, y compris George, je ne le suis pas le moindre du monde.

Le procès de Drago se déroule aujourd'hui, à quatorze heures. J'ai prévu beaucoup d'arguments, et j'en ai aussi vu avec Edmund Jack. Je suis même jusqu'à aller partager mon inquiétude avec lui, et il m'a assuré que tout se passerait bien. Certaine de ce qu'il m'a dit, j'essaie au mieux de garder mon calme et de rassurer mes parents et mon frère jumeau. Qui d'ailleurs se tient figé sur le bord du canapé, les yeux tantôt vides, tantôt jetant vers notre mère et moi un regard d'animal traqué. Narcissa s'agite également en lui énumérant toutes les raisons qui lui vaudraient de ressortir du tribunal acquitté, ce que moi j'essaie d'appuyer comme étant quelque chose qui se passera. Lucius, lui, est silencieux, mais je suis persuadée que c'est pour dissimuler son anxiété grandissante, je le vois à sa mine. Pendant tout ce temps, moi je fais les cent pas, réfléchissant encore et encore à toutes les répliques que je vais dire, et aussi me les remémorant en tête.

- Tout va bien se passer, dis-je après quelques minutes, on va te sortir de ce merdier, pareil pour Papa et Maman. Il faut juste rester concentrer et calme. Enfin... calme... c'est compliqué parce que c'est stressant d'attendre autant de temps !

  Narcissa s'apprête à répondre, quand on entend quelqu'un taper à la porte du manoir. Mon cœur s'accélère, et je m'y dirige rapidement en traversant le hall d'entrée, le bruit de mes talons aiguilles frappants avec entrain le sol chaque fois que je fais un pas. J'ouvre l'un des battants de la grande porte, et tente un sourire rassuré.

- Edmund... Déjà là ? dis-je.

- Oui, il est l'heure, mais ne t'en fais pas. Tout se passera bien, me répond-il avant de regarder avec amusement comment je suis habillée. Tu as joué le grand jeu pour le procès.

- Je me suis dit que plus je ferai sensation, plus on aurait de chances de remporter la victoire.

  Il exprime un rire en entrant dans le manoir avec ses larbins de service, les Aurors, et je les suis en restant en retraite, pensant encore à ce que Edmund vient de me dire. J'avoue avoir légèrement choisi ma tenue avec tact, une sorte d'esprit contradictoire à la situation. Habillée tout en blanc, je montre de l'espoir : chemisier à décolleté en V avec un corset moderne gris intégré, pantalon taille haute à coupe droite, veston court en soie avec des manches longues, escarpins compensés avec talons de quinze centimètres, cheveux joliment tressés et maquillage léger mais assez pour mettre mes traits en valeur... Avec un tel esprit contradictoire aux tenues noires du magentmagot, c'est sûr que je ne passe pas inaperçue. 

Bref. Accompagné des Aurors de son escorte, Jack et ses autres larbins me suivent jusqu'au grand salon, afin d'emmener Drago devant ses juges. Narcissa se lève avec mon frère, et embrasse ce dernier comme si qu'elle n'allait plus jamais le revoir, ce qui est faux et n'arrivera jamais. Nous sommes surpris de voir Lucius, notre père, s'avancer à son tour pour nous étreindre tous les trois. Il nous chuchote à Drago et moi un « Je vous aime, soyez forts ». Mon frangin contemple notre père avec ahurissement quand il se détache délicatement de nous en nous encourageant avec un sourire. Un petit sourire, mais un sourire sincère pour une fois. Les yeux humides, Drago répond par un sourire malade et je résiste à avoir les larmes aux yeux. Puis nous partons avec les Aurors et le jurismagis. Le procès de mon frère va avoir lieu, et je vais faire tout ce qu'il y a en moi pour le sauver de cette merde.

Elementum {Tome 7} [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant