XXXVII

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  La bibliothèque est un lieu que j'ai toujours adoré. La salle contient des étagères de grandes tailles qui atteignent le plafond, où un grand lustre en cristal est accroché. Deux commodes qui viennent de Chine au bois du XVII sont près des murs, avec un vase en porcelaine qui est dressé dessus, dont des roses rouges foncées. Les livres d'ici, je les ai tous lu au moins deux fois. Certains sont en latin, d'autres en grecque, en français, en russe, et tellement de langues que je ne saurais tout te dire (la première étant la nôtre, l'anglais).
  Bref, dans tous les cas, cette grande pièce n'a pas vraiment de choses que mon grand-père pourrait lancer. À part peut-être les livres, les quelques tiroirs de commode ou des sofas à déplacer, il n'a pas grands choses.

- Bon, Grand-père, il est temps que nous parlions, dis-je. Montre-toi !

  Du silence, rien que le silence. Mais je dois avouer que mon cœur bat très rapidement à cause du sentiment oppressant qui m'enveloppe quand je suis en présence d'Entités du Mal.
  Un craquement se fait entendre derrière moi et j'abaisse de justesse ma tête pour sentir un livre passé à quelques centimètres de ma nuque. Le manuscrit tombe tombe au sol devant moi en s'ouvrant sur une page particulière, celle sur « Le pouvoir de la Création ». Je me retourne, et vois Abraxas juste là. J'ai l'impression d'un déjà vu quand il me dit :

- Toi... toujours aussi têtu !

- Ouaip, et c'est pas prêt de changer. La question maintenant est : pourquoi tu harcèles mon père - ton propre fils ? Tu n'en as que ça à faire de tes journées dans l'Au-Delà ?! À moins que tu te fasses tellement chier que le seul moyen que tu trouves de sortir des souterrains, est de remonter à la surface casser les cognards à Lucius.

- Parles moi mieux, petite insolente ! gronde-t-il. Si je fais cela, c'est qu'il le mérite. Tout comme toi, à m'avoir répondu !

  Les tiroirs des commodes s'ouvrent et se referment bruyamment pendant plus de cinq minutes, et j'ai dû même porter mes mains à mes oreilles tellement c'était bruyant. Son acte de colère cesse enfin, et je réplique :

- Tout ce que tu mérites, toi, c'est de brûler en enfer ! Tu harcèles ta propre descendance dans l'espoir de les punir ! Mais ça t'amènes à quoi, sérieusement ? Tu pourrais aussi bien...

  Je sens sa main à distance me prendre à la gorge et me la serrer avec force, ce qui me vaut d'avoir de la difficulté naissante à respirer. J'appelle à l'aide des Êtres de Lumière et ma mère adoptive de m'aider, parce que les Esprits ont beau te traverser, plus leur puissance est élevée, plus il y a un risque mortel pour nous, les humains. Je sais que je ne peux pas mourir, mais tomber dans le coma le plus grand est possible d'arriver.
Ma tête commence à me tourner, quand l'apparition d'Éléona se manifeste.

- Père, cessez cela !

  Il ne sursaute même pas, mais relâche finalement sa prise. L'air rentre de nouveau, et je tousse en me frottant la gorge.

- Que fais-tu là, Éléona ?!

  En faite, s'il m'a laissé en « paix » c'est parce que Éléona semble avoir toujours été sa petite préférée, ce qui est un sacré coup de chance pour moi aujourd'hui.

- Ma fille a raison, Lucius ne mérite pas ça, dit-elle avec son calme incroyable.

  Son père semble sur le point d'exploser de rage et elle me jette un regard bienveillant et protecteur avant de disparaitre, évitant ainsi Abraxas, qui s'apprêtait à la frapper. Ouais, les Esprits entre eux sont comme nous, les Vivants. Ils peuvent aussi bien se toucher et s'enlacer, que se frapper et se foutre sur la gueule, ce qui est d'autant plus insensé mais bon... c'est l'Au-Delà.

- Éléona Morgane Catarina Glenda Stella Malefoy, revenez ici ! crie-t-il en disparaissant également.

  Je remercie l'intervention de ma mère adoptive, mais du coup maintenant c'est elle qui va en baver et en plus, je n'ai toujours pas résolu le problème pour mon père. Du coup, et bien... j'ai perdu beaucoup de temps et d'énergie pour rien. Je me laisse donc glisser contre le mur, jusqu'à m'asseoir au sol, mes jambes rapprochées à ma poitrine et mes bras les entourant.
  Je me rends compte que je n'aide pas vraiment mon père. Moi qui a un don que j'accepte pleinement aujourd'hui, j'ai l'impression de le laisser de côté et de ne pas me forcer à l'utiliser.
  Mais il y a aussi les Esprits. Bien que je connaisse de mieux en mieux leurs attitudes, je l'avoue que je n'en sais pas tellement grands choses. Même si je suis persuadée qu'à force j'y arriverai.
  Je laisse un soupir sortir de ma voix un soupir lasse et sans sens. Ce qui montre bien que je ne sais plus quoi faire. Avec le procès de ma famille qui leur colle au cul comme de la glu, le coma de Fred, l'inquiétude constante de George pour son jumeau et moi, la grossesse d'Amy, le mariage a préparé, et j'en passe... Tout ça me fatigue énormément, et je suis à bout. Je n'ai même pas pris le temps de dire à mon fiancé pour le bébé.
  Oui, je suis moi aussi enceinte d'à peine une semaine. Je m'en suis aperçue quand j'ai vu que mes menstruations habituelles étaient en retard. De là, je suis allée au magasin Moldu pour un test de grossesse, et c'était confirmé. J'en suis des plus heureuses, et je pense que George le sera aussi.
L'ennuie c'est que pour le moment je dois me concentrer sur pleins de choses en même temps, et c'est pour ça que je n'en ai pas parlé à George. La situation avec son frère devrait d'abord être réglée. Je ne veux pas en rajouter une couche.
  Je souffle un bon coup, effaçant mes larmes de fatigue mais aussi de bonheur en pensant à l'avenir, et me relève doucement. Je ramasse le livre qu'Abraxas a fait tomber, et m'apprête à retourner au près de mon frère et de ma mère quand une soudaine autre présence malveillante se fait sentir autour de moi. Oh nan... Pas encore...

- C'est pas ma journée, aujourd'hui..., soufflai-je en essayant de faire abstraction, particulièrement exaspérée de l'attitude Voldemort.

  Retournant dans la salle de réception, je dis :

- Je suis de retour.

  Ils s'arrêtent de discuter, souriant légèrement avec des regards inquiets, et je comprends que c'est encore à cause du procès de Drago. Je m'approche vers eux, m'apprêtant à parler, quand un Patronus d'une chouette apparaît devant nous. George.
  Mon inquiétude augmente en sachant que c'est le sien, et le message nous parvient :

- Ma Belle, je suis désolé si j'interromps vos discussions, mais Sainte Mangouste m'a contacté. J'y suis d'ailleurs. Fred est enfin réveillé ! Rejoins nous au plus vite.

  La chouette repart, et j'ai un sentiment de soulagement et bientôt de grande joie. Fred est réveillé ! Enfin !!! Bon sang, je crois que je vais pleurer de joie à l'idée de revoir la tête de mon futur beau-frère.
  Je regarde tout de même mon frère et ma mère, qui sourient avec compassion.

- Vas-y, ma Chérie, accepte-t-elle.

- Vous êtes vraiment sûrs... ?

- Oui, tu tiens à eux, alors vas-y, affirme Drago.

  Je souris en guise de remerciement, les serrant dans mes bras, pour ensuite transplaner à l'hôpital.

Elementum {Tome 7} [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant